DES ÉCRITS DE NOTRE FONDATRICE

DIRECTOIRE


DU SERVICE DE DIEU EN GÉNÉRAL

Les mots de la Vierge Marie: « Je suis la Servante du Seigneur, qu’il me soit faite selon ta parole » constituent la devise des Ursulines CJA.
Chaque Ursuline CJA est servante du Seigneur. Elle doit s’y sentir tenue, y tendre continuellement afin de servir son Seigneur le plus fidèlement possible;
En quoi consiste ce service, ce fidèle service de Dieu? Dans l’accomplissement quotidien, fidèle, incessant de la volonté de Dieu. Je suis la servante, il est le Seigneur, qu’il en soit donc comme Il le veut. C’est ainsi qu’il me faut agir.
Je dois avancer dans la vie, les yeux fixés sur la très sainte volonté de Dieu, et toujours désirer l’accomplir le plus étroitement possible;
Le service de Dieu c’est la prière - et la meilleure des prières est l’acceptation constante de la volonté de Dieu.
Le service de Dieu c’est la pénitence - et la plus rationnelle et le meilleure des pénitences, c’est le support joyeux et silencieux de la volonté de Dieu.
Le service de Dieu c’est l’amour - et l’acte d’amour le plus pur c’est l’accomplissement courageux de la volonté de Dieu, partout et toujours.
Souvenons-nous de ceci: s’il est du devoir de chaque chrétien de servir Dieu, une religieuse doit plus particulièrement s’y sentir obligée car elle est et doit être une fidèle servante du Seigneur.
Rappelons-nous aussi que notre service de Dieu doit être vigoureux, s’appuyant sur la volonté et la raison, et non le sentiment.
Notre service de Dieu sera un combat persévérant contre notre «moi», parfois sans consolation ni douceur mais en gardant devant les yeux ce seul but: l’accomplissement fidèle de la volonté de Dieu, la recherche non de soi-même mais de Dieu.
Ne cherchons pas des choses extraordinaires: nous sommes venues servir le Seigneur, il n’y a rien de plus simple que cela. Cherchons seulement partout et toujours à accomplir fidèlement sa volonté et Dieu sera avec ses petites servantes, et Il en sera content.

CE QUE DIEU EXIGE DE NOUS

Nous sommes les servantes de Seigneur. Nous voulons le servir le plus fidèlement possible. Avant tout, nous devons savoir ce que Dieu veut de nous et comment nous pourrons plaire à notre Seigneur Jésus.
Nous, les servantes du Coeur de Jésus agonisant, tournons nos regards vers la croix afin de comprendre le désir de ce Coeur agonisant.
Contemplons ce Coeur: il est entouré des flammes de l’amour qui nous rappellent: «Aimez comme je vous ai aimés». Les épines l’encerclent et semblent nous dire: «Faites pénitence, comme j’ai fait pénitence».
Amour, pénitence - voilà notre devoir, notre service de Dieu. Esprit d’amour et de pénitence, dans la prière, dans l’humilité, l’amour de prochain, dans le travail dur et souvent peu agréable, dans la croix de la vie religieuse, dans la souffrance.
Amour, pénitence - du matin au soir, partout et toujours.
Chaque fois que notre regard tombe sur le crucifix, souvenons-nous que le Très saint Coeur de Jésus Agonisant attend de ses petites servantes comme une douce consolation d’amour et de pénitence.

PREMIÈRE PARTIE

A - LA PRIÈRE

Chapitre I

DE LA PRIÈRE EN GÉNÉRAL

Nous sommes les servantes du Seigneur; notre service de Dieu c’est la prière, en particulier la prière prescrite par nos Constitutions.
La merveille, pour les pauvres petits vermisseaux terrestres que nous sommes, c’est que nous pouvons converser dans la prière avec notre Seigneur et notre Maître.
Aussi, que l’accomplissement du devoir de la prière soir pour nous une joie, un bonheur. Prions avec joie, la joie de l’amour, même si la sécheresse nous tourmente, même si la prière d’amour se transforme en pénitence pour notre pauvre nature humaine.
Pourvu que ta volonté soit de bien prier, cela suffit.
Toutefois, ne sois pas attachée à la prière, mais seulement à la volonté de Dieu.
Aussi, si l’obéissance t’ordonne, pour un travail important, de quitter la prière, ne te plaine pas, ne t’énerves pas: Il faut savoir quitter Dieu pour Dieu. Ce serait mal si tu abandonnais volontiers la prière, si tu te cherchais un travail pour avoir une raison de l’abandonner.
Mais si quitter la prière est pour toi un sacrifice, tu ne souffriras aucun dommage intérieur, au contraire, ce sacrifice se changera en mérite.
Que se soit par la prière ou par le travail, aime la volonté de
Dieu. Aies un seul désir: accomplir fidèlement cette volonté divine

Chapitre II

DE L’ORAISON

L’oraison est la base la plus importante, en quelque sorte le fondement de la vie de l’âme.
C’est sur elle que doit s’appuyer tout le travail d’acquisition de la sainteté.
C’est pourquoi il est si important que nous fusions notre méditation chaque jour, fidèlement, que nous la fassions bien, pour autant que nos propres forces nous le permettent, que nous fassions de notre parte, tout ce qui peut contribuer à une bonne oraison.
L’Esprit souffle où il veut. Dieu conduit les âmes dans l’oraison par des voies différentes, mais il faut savoir comment s’y prendre quand Dieu, justement, nous laisse à nous-mêmes, quand nous nous sentons abandonnés et froids.
Le plus sûr alors, est de suivre la méthode de Saint Ignace. Selon ce grand saint, la méditation est l’exercice des trois facultés de l’âme: l’intelligence, le coeur et la volonté.
L’intelligence considère une vérité, du coeur naissent des sentiments, la volonté émet une résolution, l’âme, dans une prière fervente, unit tous ces éléments en un tout.
Nous basons en général nos méditations sur l’évangile. Lis donc le soir, pendant le temps consacré à la préparation de la méditation, le passage d’évangile indiqué, une foi, deux fois, afin de bien le graver dans ta mémoire. Lis ensuite avec attention les points de la méditation, et réfléchis rapidement à quelle résolution cette méditation pourrait t’encourager.
En allant te coucher le soir, en t’habillant le matin, fais à nouveau rapidement mémoire du passage d’Evangile qui a été lu. Considère la personne claire et lumineuse du Christ, ses vertus, ses exemples, ses souffrances. Commence la méditation par la prière et les actes qui sont prescrits dans le Vade Mecum. Ensuite lis à nouveau le passage d’Evangile, les points de la méditation si tu en sens la nécessité, car il est possible que la seule lecture de l’Evangile élève ta pensée.
Le plus longtemps possible, reste auprès de Jésus, parle avec lui, presse toi contre lui, reçois son enseignement, admire-le. C’est de cette manière que tu te rapprocheras de Jésus. Tu apprendras de lui comment te conduire, et il deviendra ton compagnon de vie, ton ami.
Ensuite, à la lumière du texte évangélique, examine toi. Es-tu, un tout petit peu semblable à Jésus; combats-tu pour ôter de toi ce qui ne lui plaît pas, pour agir selon son enseignement? Ne réfléchis pas trop longtemps une telle réflexion ne doit pas occuper plus de la moitié du temps consacré à l’oraison.
La méditation doit produire en ton coeur divers sentiments: regret de tes fautes, humilité, mépris de soi, confiance en Dieu, amour, acceptation de la volonté de Dieu, etc. Ouvre largement ton coeur à ces sentiments, soit à l’un d’entre eux, soit à tous, comme Dieu te l’inspirera. Et même si tu ne sentais rien, prononce de temps à autre de courtes invocations conformes à ces sentiments, et Dieu acceptera ta bonne volonté.
La méditation ne donne pas toujours la joie d’aimer, elle apporte souvent les épines de la pénitence.
Ensuite, formule bien tes résolutions pour ce jour: d’abord la résolution de l’examen particulier, celle de ta retraite annuelle, peut-être une résolution qui découle de la méditation elle-même.
Présente-les à Dieu par les mains de ta mère, Marie, et demande par une prière fervente, la force de les accomplir fidèlement.
Prie, demande, crie au secours. A quoi te servira de méditer, si par la prière, tu n’obtiens pas la grâce de tenir les résolutions prises pendant la méditation?
Prie non seulement pour toi-même mais aussi pour les autres. Embrasse la Sainte Eglise tout entière, le monde entier dans ta prière. Dieu aime les âmes généreuses qui ne pensent pas seulement à elles, mais aussi aux besoins des autres.
Termine l’oraison en demandant la bénédiction de Jésus et de Marie.
A la fin, rends-toi rapidement compte du déroulement de ta prière. Remercie Dieu si elle a été bonne; demande pardon se elle n’était pas bien faite et prends la résolution de mieux faire le lendemain.
Efforce-toi pendant la journée, de temps en temps, de te rappeler l’essentiel de la méditation. Contemple avec amour Jésus, tiens-le par la main. Demande-lui de rester près de toi.
Si le texte d’Evangile donné pour l’ensemble ne te convient pas, tu peux chercher un autre sujet de méditation. Cependant, ne t’éloigne pas trop facilement de ce qui est prescrit pour la Congrégation entière, car c’est une consolation de savoir que; dans toutes les maisons de la Congrégation, toutes les soeurs se rencontrent dans la même méditation, que tous les coeurs des Ursulines CA s’unissent dans la même prière, dans les mêmes aspirations, dans la méditation du même texte d’évangile.
Cette méditation, la même pour toutes, est pour nous, un lien indestructible, qui change nos coeurs et nos âmes en un seul coeur et une seule âme aux pieds de Jésus.
L’évangile est une source inépuisable pour les âmes de bonne volonté. Dieu te donnera peut-être d’autres moyens de faire oraison. Il peut t’appeler à un haut degré de contemplation. Suis alors, l’appel de Dieu.
Toutefois, s’il ne t’y appelle pas, va de l’avant, travaillant de toutes tes forces dans la voie commune de l’exercice des trois facultés de l’âme.
Marche, courageusement, même si la méditation ne t’apporte pas de consolation. Il ne s’agit pas de trouver consolation dans l’oraison, mais que ton oraison soit une consolation pour le Coeur de ton Seigneur, qu’elle soit un acte d’amour et aussi de pénitence.

Chapitre III

DE LA SAINTE MESSE

La Sainte Messe est, selon l’enseignement de l’Eglise le renouvellement non sanglant, du sacrifice sanglant du Christ.
En elle, le Seigneur Jésus s’offre comme victime propitiatoire pour nous, nous obtenant ainsi la grâce et le pardon.
Jésus lui-même, à la parole du prêtre, vient sur l’autel, lui-même prie pour nous. Il est le médiateur entre notre pauvre et misérable humanité, et Dieu, grand et saint;
Avec quelle révérence devons-nous donc participer à la sainte messe!
Avant tout, souvenons-nous que les dimanches et fêtes, nous devons prendre part à la Messe en esprit d’obéissance à la sainte Eglise qui nous a donné le commandement «d’entendre avec piété la sainte messe les dimanches et jours de fête».
Si nous avons un missel, le mieux sera, surtout en ces jours-là, de prier en union avec le prêtre, avec ses paroles mêmes. Ceci ne conviendra peut-être pas tellement à notre sensibilité, mais unira davantage notre prière à celle des millions de prêtres qui, au même instant, célèbrent la sainte messe sur toute la surface de la terre, et notre incapacité sera couverte par la sainteté de notre mère, la sainte Eglise catholique.
Tu peux aussi méditer, pendant la Sainte messe, la Passion du Christ, en suivant les stations du chemin de croix, l’une après l’autre. Pendant l’élévation, tu lèveras les yeux sur Jésus en Croix, et à la sainte communion tu lui prépareras un lieu de repos dans ton coeur, et tu lui diras: J’ai cherché celui que mon coeur aime, je l’ai trouvé et je ne le laisserai plus aller.
Ou bien, tu peux aussi partager la messe en quatre parties. Dans la première, de l’introit à l’Evangile, tu t’humilieras profondément devant ton Seigneur, et dans un acte de profonde contrition, tu lui demanderas le pardon de tes péchés.
Dans la seconde, jusqu’à l’élévation, tu offriras au Seigneur, un acte de la soumission la plus complète à sa sainte volonté.
Dans la troisième partie, jusqu’à la communion, tu resteras auprès de Jésus en croix, dans un acte d’amour ardent, et dans l’action de grâces.
Et dans la dernière partie, jusqu’à la fin de la messe, tu présenteras au Seigneur toutes tes demandes, tes besoins, tes désires, et avant tout, tu lui demanderas la sainteté, pour toi même et pour toutes tes soeurs.
Remercie surtout le Seigneur, de pouvoir être présente, aussi fréquemment à la sainte Messe. Efforce-toi toujours de profiter des grâces que la messe peut t’obtenir.
N’épargne pas tes efforts pour entendre la sainte Messe avec piété et fidélité, même si tu n’en retires aucune consolation sensible.
Rappelle-toi toujours que la consolation est une douceur divine, agréable; toutefois, elle n’est pas nécessaire à notre sanctification.
Nous voulons consoler le Divin coeur de Jésus, soit par le bonheur que nous éprouvons dans l’amour, soit par les souffrances de la pénitence, de la sécheresse spirituelle, de la solitude du coeur.
Cherchons Jésus, uniquement Jésus, sa sainte volonté et rien de plus.

Chapitre IV

DE LA SAINTE COMMUNION

Le centre vers lequel toute notre vie doit graviter, c’est la sainte communion. Car nous nous unissons par elle au Seigneur Jésus, de la manière la plus étroite possible, Lui qui veut être la nourriture de notre âme, pauvre et misérable, afin de la fortifier dans le combat pour le ciel.
Aussi, comprenons-le bien; cherchons notre Dieu dans la sainte communion, et non notre consolation, sa volonté et non notre volonté. Fais de ton côté, tout ce qui est en ton pouvoir pour que ton coeur soit préparé le mieux possible à recevoir son Seigneur. Mais laisse-lui la liberté: qu’il agisse avec toi comme il le veut, Lui. Ne veuilles pas lui dicter ce qu’il faut te donner, et comment se conduire avec toi.
Pour recevoir la communion de façon bonne et profitable, il faut considérer trois moments:
1). la préparation à la communion;
2). la réception même du Seigneur Jésus;
3). L’action de grâce après la sainte communion.
1) préparation à la communion du jour suivant. Commence à te préparer à la sainte communion depuis l’examen de conscience de midi, et cela d’une manière simple et tranquille.
De temps en temps, immédiatement après l’examen de conscience, à chaque visite au Saint Sacrement, pendant les moments libres, invite Jésus par une invocation très courte: «Jésus vient, car je languis après toi».
Que ton esprit languisse après Jésus, car il te dit que tu es misérable, faible, froide, mauvaise, pécheresse; que, par conséquent, tu as besoin de celui qui couvrira ta misère, fortifiera ta faiblesse, réchauffera ton coeur froid, corrigera ta méchanceté, pardonnera tes péchés. Aussi, même si tu ne sens pas ce désir, que ton intelligence appelle: «Seigneur, viens, car j’ai tant besoin de toi».
Efforce-toi, pour recevoir ton Seigneur, d’avoir à lui offrir quelques petits actes de vertus, de petits actes d’amour du prochain, de serviabilité, de mortification, d’assiduité au travail. Cueilles pour lui un bouquet de vertus: les actes remplacent cent fois les sentiments. Ainsi, efforce-toi de poser des actes d’amour pour recevoir ton Seigneur.
En te réveillant le matin, rappelle-toi aussitôt que tu dois tenir ton coeur ouvert pour recevoir Jésus, et appelle-le de nouveau: «Viens, Seigneur».
Pendant la méditation, orne ton coeur d’actes de vertus, afin que le Seigneur s’y trouve bien et demande à la Sainte Vierge qu’elle-même te conduise à la table du Seigneur et qu’avec toi, elle aime Jésus, avec toi, le prie.
2) Ainsi préparée, va à la sainte communion. Reçois Jésus des mains de Marie, elle t’aidera à l’honorer comme il convient.
Comprends qui est ce Seigneur qui pénètre dans ton âme, sous les espèces du pain. Il est ton Dieu, ton Père, ton Frère, ton ami, ton Rédempteur, ton consolateur. Il est ta force, ton appui, ta lumière, ton espérance. Il est le soleil de ta vie. Ton Tout sur la terre.
«O Jésus viens, viens dans mon pauvre coeur».
3) Après la communion, vide ton coeur de toutes pensées terrestres, sentiments, désirs. Apaise ton coeur, et dans ce silence, que Jésus lui-même en prenne possession.
Lui seul est ton maître, et tu es sa petite servante. Ainsi, que ton coeur rencontre ce grand coeur divin, dans l’acte d’amour le plus pur. Aime, cherche à aimer. Répète de temps à autre: «Mon Jésus, je t’aime, je veux t’aimer par toute ma vie»
Donne-toi complètement à Jésus, pour toujours, dans un acte de reconnaissance le plus cordial possible, et demande, demande instamment, avec force, tout ce qui peut te conduire à la sainteté. Demande pour toi, pour tes soeurs, pour toute l’Eglise catholique; Jésus en toi t’écoutera certainement.
Quand viendra le moment de quitter le temple du Seigneur, pour te rendre à tes travaux quotidiens, à tes occupations, dis à ton Seigneur que jusqu’à présent tu lui as exprimé ton amour par des mots, et des sentiments, mais que maintenant tu le lui montreras par tes actes, qui seront des actes d’amour envers le prochain.
Dis-lui que tu veux l’aimer, le servir dans tes soeurs, dans les enfants, dans tous ceux avec qui tu auras à faire.
L’amour ne se prouve que par des actions d’amour. Les paroles, les sentiments peuvent être illusion. Les actes, eux, sont vérité.
Ainsi, sers Jésus dans le prochain.
Aime-le dans le prochain.
Dirige vers lui, comme la fleur vers le soleil, tes travaux, tes joies et tes peines.
Lance vers lui des actes rapides de reconnaissance et à nouveau, après l’examen de conscience de midi, recommence à te préparer à la prochaine communion.

Chapitre V

DE LA CONFESSION

La Sainte Eglise désire que les religieuses se confessent toutes les semaines. Dans la mesure du possible, que personne ne s’écarte de la confession hebdomadaire. Si toutefois les prêtres manquent, tu t’en abstiendras, offrant cette mortification au Seigneur et t’efforçant doublement à la pureté de conscience, pour pouvoir chaque jour continuer à recevoir la sainte communion.
Les conditions d’une bonne confession, tu les connais par le catéchisme: l’examen de conscience, la contrition des péchés, une forte résolution de se corriger, une confession sincère, et l’accomplissement de la pénitence pour tes péchés.
Apprécie hautement chaque confession, même si elle est pénible à ta nature. Chacune de tes confessions devrait en réalité, être le renouvellement de ce que fut la première des confessions: celle de M. Madeleine aux pieds de Jésus. C’est d’elle que nous devons apprendre comment nous confesser.
Avant toutes choses, rappelle-toi que tu n’es pas à genoux devant le prêtre; mais devant le Seigneur Jésus. Que tu ne te confesses pas au prêtre, mais au Seigneur Jésus - que ce n’est pas le prêtre qui te remet les péchés, mais le Seigneur Jésus. Oublie qu’il y a un prêtre dans le confessionnal. Va à Jésus. Agenouille-toi aux pieds de Jésus - confesse-toi aux pieds de Jésus et sache que, quand le prêtre prononce sur toi les paroles de l’absolution, c’est des plaies mêmes de Jésus que coule le sang de l’agneau afin de laver ton âme des tâches du péché.
Saches que la condition la plus importante pour une bonne confession c’est la contrition. Cette contrition silencieuse et profonde de la volonté qui s’exprime à l’extérieur par la fuite de tout péché, même le plus léger.
Regrette tes fautes aux pieds du crucifié, c’est là que tu trouveras le plus facilement les larmes de la contrition: cette souffrance réelle de l’âme pécheresse.
Ne crois pas que la valeur de la confession dépende de sa longueur, loin de là: C’est une faiblesse de la femme que de vouloir occuper d’elle-même. Parfois dans la confession, on se recherche soi-même.
La confession semble être meilleure si elle a duré plus longtemps, et on pense alors davantage à l’impression que l’on a pu faire sur le confesseur - à ce qu’il pense - qu’au regret de ses fautes et à l’amendement de sa vie. La confession se change alors en une source d’impressions agréables, et n’est pas une pénitence salutaire pour nos péchés.
Fuis donc le bavardage en confession. Exprime tes péchés d’une manière sincère, avec une contrition profonde. Prends la ferme résolution de te corriger de ce péché, de cette imperfection qui fait particulièrement obstacle à ta marche vers la sainteté.
Ne te recherches pas toi-même. Ne recherche pas de consolation, mais désire consoler le divin Coeur que tu as blessé par tes péchés.
Après la confession, remercie Dieu de tout ton coeur pour cette grâce qu’est le pardon de tes péchés. Confie encore à Jésus et à Marie tes bonnes résolutions et retourne au travail, silencieuse, tranquille et sûre que Jésus t’aidera à te rapprocher toujours davantage des sommets de la sainteté.

Chapitre VI

DE LA VISITE AU TRES SAINT SACREMENT

C’est un grand bonheur pour l’âme religieuse de pouvoir habiter sous le même toit que le Seigneur Jésus, de l’avoir si près de soi dans le Tabernacle. Aussi s’efforce-t-elle, autant que ses obligations le lui permettent, au moins une ou plusieurs fois chaque jour, de rendre visite à Jésus au Tabernacle. Là elle trouve tout ce à quoi son coeur aspire; le Tabernacle l’attire par une force mystérieuse.
Commence ta visite au très Saint Sacrement par un acte de foi. Pénètre-toi de cette pensée: Jésus est là. Prends le temps de faire cet acte de foi: plus profonde sera ta foi, plus ardent ton amour.
Fais ensuite ce que tu ferais si tu étais en visite chez ta meilleure amie: converse librement avec le Seigneur Jésus, comme un ami avec l’Ami.
Raconte-lui tout ce qui t’intéresse, tout ce qui t’ennuie, t’inquiète, ce qui t’irrite, ce qui remplit ton coeur de joie.
Demande-lui conseil dans tes difficultés - Jésus te soufflera tout doucement comment tu dois te conduire. Il te répondra.
Raconte-lui tes joies. Le Seigneur se réjouira avec toi. Explique tes soucis, tes inquiétudes, tes regrets, tes échecs, Jésus te calmera, te consolera, pourvu que tu restes à ses pieds avec confiance et amour.
Si aux pieds de Jésus, malgré ta bonne volonté, tu te sentais froide, indifférente, ne t’afflige pas. Regarde cette toile grise, dure, étendue telle quelle sur la prairie. Elle ne fait rien, mais les rayons du soleil, peu à peu la blanchissent, et la rendent douce et belle.
Expose ton âme pauvre et misérable à l’action des rayons eucharistiques, et le Divin Coeur te sanctifiera, te conduira au salut.
Au pied du Tabernacle tu trouveras la paix, la joie, l’amour. Là, rends-toi toujours, toutes les fois que tes devoirs te le permettent. Dis au Seigneur avec le prophète couronné:
«L’oiseau a son nid, la colombe a son creux dans le rocher, tes autels Seigneur, sont le lieu de mon repos en cette vallée de larmes.»
A l’ombre du Tabernacle, je veux habiter pour toujours.

Chapitre VII

DU ROSAIRE

Le Rosaire est une des plus belles prières en l’honneur de Marie. Mais il n’est pas facile de le dire comme il faut. A nouveau et encore nous devons nous y essayer et croire que Marie acceptera notre bonne volonté.
Le Rosaire est l’union de la prière vocale et de la méditation. Les lèvres prononcent les paroles de la salutation angélique et l’esprit s’efforce de se perdre dans les mystères du Rosaire.
Avant tout le Rosaire est une prière de paix. Ne te fatigue pas trop l’esprit. En revanche, aime beaucoup.
Dans le commencement du chapelet, dis-toi que tu veux aimer Marie par chacun des Ave prononcés. Mets sa main dans la tienne. Ou encore, appuie te tête sur ses genoux, demande-lui qu’elle pose sa main sur ta tête et aime, aime Marie. C’est le plus beau fruit du Rosaire.
Chaque dizaine te présente un mystère à méditer. Aux pieds de Marie considère-le, transforme-le en une courte méditation. Regarde ce mystère comme l’Evangile te le présente, contemple la beauté de Jésus et de Marie, la vertu qui resplendit en eux. Fais la comparaison entre toi, Jésus et Marie. Humilie toi, demande pardon et demande de pouvoir corriger telle ou telle imperfection. Prie Marie, ta Mère, pour toi, pour toutes tes soeurs, et de nouveau aime, aime la très fort.
Regarde: par ce moyen, le chapelet deviendra pour toi une source de lumière divine, de confiance, de paix, de joie, de bonheur. Il sera ton guide vers le ciel. Pendant un quart d’heure, tu le diras des lèvres, et tu iras ensuite le mettre en action, t’exerçant aux vertus que tu auras méditées dans les mystères du Rosaire.
Que ta vie soit un rosaire perpétuel dans l’action et le chapelet ainsi récité sera le maître qui t’enseignera la vertu.
Récite le Rosaire. C’est la chaîne qui te lie au Coeur de Marie. Il t’apprendra comment aimer, comment prier, comment souffrir et comment vivre à l’exemple de Jésus et de Marie.
Récite le Rosaire. Il te conduira au ciel par une voie sûre. Le chapelet dans la main, dans le coeur et dans la vie, ne crains rien. Jésus, Marie et Joseph sont avec toi. Marche courageusement, toujours plus haut, vers le ciel.
(Une indulgence plénière est accordée pour chaque partie du Rosaire récite devant le T. Saint Sacrement).

Chapitre VIII

DU CHEMIN DE CROIX

C’est une dévotion chère à notre coeur, car elle nous unit étroitement à Jésus en croix, lequel est, pour l’âme religieuse, trésor, bonheur, amour, refuge et espérance.
L’Eucharistie et la croix sont étroitement liées car le Christ crucifié nous a obtenu la grâce de l’Eucharistie.
Comment ne pas aimer Celui qui est souffrant, portant la croix, ce Crucifié à qui nous sommes redevables de la sainte Hostie. Allons donc avec lui sur le chemin de la croix.
Nous n’avons pas le temps de faire de longues dévotions, apprenons donc à faire le chemin de la croix d’une manière courte.
Agenouillée devant le tabernacle, fais rapidement un acte de contrition, offres ce chemin de croix au Père éternel en union au Christ et aux intentions que tu choisies, puis va de station en station. Agenouille toi, prononce une courte oraison jaculatoire, par exemple: «Nous t’adorons et nous te bénissons, ô Christ, car tu as racheté le monde par ta sainte croix.»
Réfléchis un instant aux souffrances de Jésus que présente cette station, et avant toute chose aime et regrette tes fautes. Ajoute une très courte demande. Termine par une oraison jaculatoire ou dis: «Donne leur Seigneur , le repos éternel» si tu fais le chemin de croix pour les âmes des défunts, et «Sainte Mère e Dieu, imprime en mon coeur les plaies de Jésus crucifié» (Sancte Mater istud ages...) à la Vierge douloureuse, tout cela en peu de temps.
Après la dernière station, devant le tabernacle pour terminer, dis un Notre Père et un Je vous salue.
La dévotion de chemin de croix est une école d’amour et de patience. Elle nous apprend à porter volontiers la croix. Là, apprends donc, par amour du Christ crucifié, à porter en silence les difficultés et les contrariétés de la vie. Apprends à supporter en silence les fautes d’autrui. Apprends comment pardonner, comment te taire dans la souffrance, te relever quand tu es tombée, comment aimer Jésus, prête à lui rendre amour pour amour, sacrifice pour sacrifice, et le sang pour le sang.
Le chemin de croix, même fait en 5 minutes le matin, te donne tant de forces, de courage, de confiance et de saint zèle, tant d’amour, qu’il serait vain de regretter une légère fatigue dont le profit est si grand et qui est en même temps une consolation pour le Coeur de Jésus en croix.
On peut, au lieu de méditer sur chaque station particulier, dire la deuxième partie du Rosaire, en allant de station en station.

Chapitre IX

DE L’OFFICE

L’office est une prière, grande, sainte, la prière de la sainte Eglise, une prière de louange et d’action de grâce que nous faisons en union avec toutes les âmes qui récitent ou psalmodient l’office (de Beata); en union aussi avec les anges et les saints qui, dans le ciel, chantent continuellement les louanges du Seigneur.
Efforce toi d’éloigner toute pense inutile et de rester dans un saint recueillement. Dis les psaumes, non seulement des lèvres mais du coeur. Efforce toi de comprendre le sens des psaumes. Il te sera facile de trouver un livre te donnant la traduction du latin. Ceci te facilitera la prière.
Pour le cas où tu ne comprendrais pas le sens des psaumes, fais des actes variés de foi, d’espérance, d’amour, d’humilité, de contrition, etc., .. Présente au Seigneur toutes tes demandes; tu peux, à chaque psaume, changer d’intention; tu peux suivre les stations du chemin de croix, les mystères du Rosaire, pourvu que tu restes près de ton Seigneur, le louant d’un coeur embrasé d’amour.
Aime cette prière sainte qui, plus que toute autre, t’unit à ta mère, la sainte Eglise catholique, et n’épargne aucun effort pour la dire le plus pieusement possible.

Chapitre X

DE L’EXAMEN DE CONSCIENCE

Nos Constitutions nous prescrivent de faire l’examen de conscience deux fois par jour, à midi et le soir.
L’examen de conscience quotidien diffère de l’examen de conscience qui précède la confession; Ce dernier s’occupe plutôt de rechercher les péchés commis. Le premier aide davantage à reconnaître l’état de notre conscience, à supprimer les imperfections qui se dressent devant l’âme comme des obstacles dans sa marche vers la sainteté.
Particulièrement important est l’examen de conscience de midi qui dure dix minutes. Fais le aux pieds de Jésus crucifié. Dès le commencement, imagine toi à genoux comme Madeleine, au pied de la croix. Demande au Seigneur la lumière, afin que tu puisses reconnaître clairement tout ce qui a pu blesser le Coeur de Jésus.
Remercie ton Jésus pour toutes les grâces reçues, spécialement celles qu’il t’a donné en ce jour et que te remets en mémoire pour fortifier toujours davantage ta reconnaissance.
Ensuite, examine toi. La première demande que tu dois te poser est: « Aujourd’hui, ai-je offensé le Seigneur par un péché volontaire? » L’âme qui cherche à aimer Dieu avec sincérité n’a pas besoin de beaucoup de temps pour répondre à cette demande. Une conscience délicate, après avoir réellement commis un péché, s’en rend compte immédiatement.
Porte ensuite ton attention sur la résolution que tu as prise pendant la méditation; sur celle que tu répètes chaque jour et qui a pour but de déraciner une faute ou bien d’acquérir une vertu - sur une résolution éventuelle, en relation avec l’oraison du matin. Vois si tu as tenu fidèlement ces résolutions.
Ensuite, as-tu fait tes exercices spirituels? Ou gardé la règle avec fidélité? N’as-tu pas manqué en quelque chose au commandement de l’amour du prochain?
Souviens-toi que cet examen de conscience sert davantage à avancer dans la voie de la vertu qu’à rechercher le plus petit péché, la moindre imperfection.
Fais ensuite un acte sincère de contrition pour toutes tes imperfections, ne les tiens pas pour peu importantes. Souviens-toi que la plus petite des imperfections, si elle est volontaire, est une épine qui blesse le coeur du bon Jésus ton Sauveur, lequel, par amour pour toi s’est laissé clouer à la croix en des souffrances indicibles et a versé jusqu’à le dernière goutte de son sang précieux pour ton salut.
Souviens-toi des paroles d’une âme sainte: « En réalité, il n’y a qu’un seul péché sur la terre, ne pas aimer Dieu - et pour ce péché, il n’y a qu’une unique pénitence, aimer Dieu. »
Chaque imperfection volontaire est un manque d’amour. Efforce-toi donc de la réparer par cet acte d’amour qu’est la contrition parfaite.
Regrette, aime, et prends la résolution d’aimer toujours davantage;

Chapitre XI

DE LA RECOLLECTION MENSUELLE

La résolution la plus ferme de servir Dieu, perd bientôt de sa force et de sa ferveur si l’âme ne renouvelle pas ses forces de temps à autre, et ne soutient pas sa bonne volonté. C’est pourquoi, une fois par mois, au jour qui convient le mieux, nous faisons une récollection mensuelle, c’est à dire un renouvellement intérieur.
A - La veille déjà, pendant la préparation de la méditation, réfléchis:
1) Pourquoi es-tu entrée au couvent? N’as tu pas d’autre but que ce but unique: servir Dieu? Les attachements terrestres n’ont-ils pas pénétré ton coeur? N’y font-ils pas obstacle à ce pur amour divin, tout entier enfermée au Tabernacle?
2) T’efforces-tu de tenir fidèlement les résolutions de la retraite annuelle et de la dernière retraite mensuelle (Tu dois les avoir, écrites dans un carnet).
3) Apprécies-tu hautement nos Constitutions, notre Directoire, nos usages? T’efforces-tu de vivre strictement en accord avec eux? Observes-tu fidèlement tes voeux?
4) Portes-tu un amour et un attachement vrais à toute la Congrégation, à la supérieure générale, à la supérieure de la maison et à toutes tes soeurs?
5) Accomplis-tu avec ardeur le travail qui t’est confié, ne paresses-tu pas dans ton travail? N’essaies-tu pas de le fuir lorsqu’il est difficile? Comprends-tu que par ton travail, tu dois gagner non seulement de quoi t’entretenir, mais au mois entretenir un enfant? Examines-toi attentivement et sincèrement pour reconnaître ce qu’il y a encore de défectueux dans ta conduite.
B - Le lendemain, prends comme thème de méditation cette vertu ou ce point des Constitutions contre lequel tu pèches davantage, selon ce que t’a montré ta préparation du soir. Réfléchis à la manière dont tu peux porter remède au mal, et comment tu dois t’y prendre pour te corriger.
Pour terminer, renouvelles tes résolutions, changes les ou ajoutes en s’il en est besoin.
En te pressant aux pieds de ton Jésus, demandes lui pardon, comme tu le peux, avec ferveur, pour tes imperfections et tes infidélités. Tache de réparer tes manques d’amour par un amour plus grand, puis demande, demande avec ferveur de l’aide afin de recommencer encore le combat pour la sainteté.
C - L’après-midi, à la place de la lecture, nous faisons un quart d’heure de préparation à la mort. Réfléchis:
1) à ce que sera ta responsabilité au moment de la mort.
2)Dieu trouvera-t-il matière à te récompenser après la mort?
Demande avec ferveur une mort heureuse dans les bras de Jésus, sous la protection de Marie et de Joseph.
Demeure toute la journée dans le recueillement et le silence auprès de Jésus. Pendant la journée, au milieu du travail, élève ton coeur vers Dieu par de rapides oraisons jaculatoires, et à la fin de la journée de récollection mensuelle, remercie Dieu par un Magnificat pour les grâces qui t’ont été accordées pendant ce jour.
Le lendemain, de toute ta ferveur et avec des forces renouvelées, retourne à ta vie de travail et de prière.

Chapitre XII

DE L’UNION A DIEU

Tu es venue au couvent pour servir Dieu en perfection.
Le Seigneur lui-même nous donne une indication pour parvenir à la perfection quand il dit à Abraham: « Marche en ma présence et sois parfait » (Gn 17,1).
La perfection dépend dans une grande mesure de notre union à Dieu. Plus tu seras près de Lui, plus tu t’efforceras de Lui plaire par la sainteté de ta vie. Dans la méditation du matin, efforce-toi de te rapprocher de Jésus, car il veut être le compagnon de ta vie. Prends la résolution de vivre selon ces paroles: « Pour Lui, avec Lui et en Lui ».
En quittant la chapelle, le matin, va avec Jésus à tes occupations quotidiennes. Avec Lui, travailles, Il est près de toi, Il te regarde, te donne des forces, et te préserve du découragement. Travailles sous son regard, afin que par ce travail tu puisses Lui dire combien tu l’aimes.
Avec Lui et près de Lui, va à la récréation afin que tes conversations soient inspirées par sa bonté, son indulgence, et que ta gaieté soit cette joie sainte et divine de qui aime Jésus et lui est complètement livré.
Avec Lui, pou Lui, prends ton repas, afin que tu ne cherches pas dans cette action un plaisir des sens mais des forces pour un meilleur travail à la gloire de Dieu.
Avec Lui, supporte volontiers les petites croix et les souffrances de ta vie. Il a tant souffert pour toi, ne te réjouirais-tu pas de pouvoir lui montrer ton amour en portant la croix? Un des actes d’amour des plus véritables, c’est de porter la croix volontiers et joyeusement. Oh, il est facile de souffrir quand nous savons que Jésus est près de nous et qu’il jette les yeux sur nous avec tant de miséricorde.
Avec Lui, va aux autres, spécialement à tes soeurs; alors tu aimeras tout le monde avec son amour, et pour Lui tu seras bonne, pleine de charité et de douceur pour tous.
Avec Lui, prie, et ta prière sera meilleure, plus précieuse aux yeux de Dieu, car elle sera appuyée sur la prière de Jésus Lui-même.
Avec Lui, pour Lui, prends ton repos et ton sommeil sera sanctifié. Bien que tu dormes, il veillera sur toi et priera à ta place.
Reste auprès de Jésus, contemple ses vertus, sa vie. Vis selon sa sainte volonté - et la vie te sera douce, agréable, riche en mérite et en vertu.
Avec Lui, en Lui et pour Lui.

Chapitre XIII

DE LA DEVOTION AU COEUR DE JESUS AGONISANT

Cette dévotion au Coeur de Jésus agonisant est tout particulièrement nôtre. Elle rejoint la dévotion à Jésus crucifié, car c’est là sur la croix, alors que Jésus agonisait pour nous que son coeur a été percé afin d’être notre refuge et notre lieu de repos en cette vallée de larmes.
Nous voyons, sur cette croix, quelle a été la souffrance de Jésus, quelle a été sa passion, son agonie, afin de nous donner son Coeur, tel un trésor précieux - notre plus grand trésor en cette vie mortelle - notre consolation, notre joie, notre amour.
Nous commençons la journée en l’offrant au Coeur de Jésus. Nous la passerons sous sa protection, consolant ce divin Coeur, surtout pendant notre adoration quotidienne. Celle-ci doit conduire nos coeurs au pied de la Croix afin que là, contemplant les 3 heures d’agonie de Jésus, nous apprenions - ne serait ce qu’un peu - à comprendre l’immensité de son amour pour nous, à lui rendre amour pour amour, sacrifice pour sacrifice, et jusqu’au sang pour le sang.
Souviens-toi que ta vie doit être une consolation pour le Coeur de Jésus. Elle doit être une vie d’amour, une vie de pénitence. Désire réparer tes péchés et aussi ceux des autres. Comment ne pas souffrir à la vue de tant de péchés par lesquels les hommes offensent ce Coeur si doux et si miséricordieux. La vue de la malice de l’humanité a causé la douloureuse agonie de Jésus.
Prie pour les pauvres pécheurs. Prie pour que le monde connaisse l’amour de Jésus et repousse le péril du péché.
Coeur agonisant de Jésus, comment ne pas t’aimer pour tout ce que tu as fait pour nous? Tu as agonisé pour être une source de douceur, de sainte joie, d’espérance et de paix pour moi. Ne désirerai-je pas t’offrir ma vie en holocauste de réparation?
Le soir, endormons-nous auprès du Coeur de Jésus, sûres de l’amour immense et insondable qu’il nous porte. La conviction de trouver dans la Coeur de Jésus notre bouclier, notre force, notre soutien, donne une paix qui surpasse tout sentiment.
Disons souvent: « Divin Coeur de Jésus, nous te le demandons ardemment, fais que nous t’aimions toujours et toujours davantage ». Répétons cet autre acte jaculatoire: « Jésus doux et humble de coeur, rends mon coeur semblable au tien. »
Le coeur de Jésus est le siège de l’amour: il t’apprendra à aimer.
Le Coeur de Jésus est l’exemple de la pénitence: il t’apprendra les voies de la pénitence et particulièrement de l’humilité, mais reste toujours auprès de ce Coeur divin et jamais, jamais ne t’éloigne de Lui.
Lorsque la vie est dure, comme St. Jean, appuie ta tête contre ce divin Coeur qui t’aime tant, et ta souffrance s’atténuera, parce que dans l’amour du Coeur divin, tu trouveras la joie et la consolation.
Dis souvent à ton Jésus: « Jésus je veux, même s’il faut combattre, rester fidèlement auprès de ton Coeur ».

Chapitre XIV

DE LA DEVOTION A LA TRES SAINTE VIERGE

« Louons de tout notre coeur la très Sainte Vierge » dit Saint Bernard, « car c’est la volonté de Celui qui, par elle, désire nous donner toute grâce ».
Après Jésus, aimons Marie, allons à Jésus. Elle nous conduira de la manière la plus sûre, au divin Coeur de Jésus.
Aime Marie, mère de Jésus, notre claire Etoile de la Mer, car par la volonté de Jésus, elle est notre Mère.
Aime-la de l’amour le plus tendre, le plus filial. Aie en elle une confiance sans borne. Tiens la par la main, comme un petit enfant tient la main de sa mère.
Elève souvent regard de ton âme vers elle car tu apprendras d’elle comment agir, comment aimer Jésus et lui plaire. Demande lui qu’elle te confie elle-même à Jésus afin qu’il soit toujours avec toi, et sois sûre que Jésus se trouvera toujours bien en ta compagnie, dans la mesure où il verra ta main dans la main de Marie.
Aime ton chapelet. C’est la chaîne qui lie ton coeur au Coeur de Marie. Souviens-toi du samedi, jour consacré à Marie, des mois de Mai et d’Octobre. A ces moments-là, particulièrement, sois unie à Marie par des actes d’amour filial. Offre lui chaque jour une bonne action, une acte de renoncement à ta volonté. Fais-le avec persévérance, te souvenant de la réponse de St Jean Berchmans à la demande: « En quoi peut-on le mieux plaire à la Ste Vierge? » « Par de petits actes de vertu, de piété, même très petits mais accomplis avec persévérance ».
Cueille donc fidèlement pour ta mère très chère, une gerbe d’actes de vertu qui seront plus agréables à Marie que les fleurs les plus belles de nos jardins ou de nos serres.
Honore Marie, notre claire Etoile de la mer. C’est à elle que nous sommes redevables d’avoir conduit notre congrégation au travers de la mer houleuse des persécutions, et des orages de la guerre. Dans les moments les plus amers, Marie s’est montrée notre véritable Etoile de la mer. Aussi, suis le conseil de St Bernard:
« Quand les difficultés s’amoncelleront sur le chemin de ta vie, quand les orages des contradictions ballotteront ton âme, quand les ténèbres t’entoureront, quand le secours ne te viendra de nulle part, lève ton regard vers ta claire Etoile de la mer. Appelle Marie et sois sûre que, comme jadis à Cana en Galilée, elle obtiendra un miracle de Jésus plutôt que de t’abandonner ».
Aies confiance en Marie, et réjouis-toi. Un véritable enfant de Marie ne peut pas se perdre.

Chapitre XV

DE LA DEVOTION AUX SAINTS DU SEIGNEUR

Avant tout, ne sépare pas la dévotion à Jésus et Marie, de la dévotion à Saint Joseph, protecteur et chef de la sainte Famille. Il est le gardien de la pureté des vierges, le modèle de la vie intérieure, le patron de la bonne mort. Confie toi souvent à lui, car c’est lui qui a le plus d’empire sur le coeur de Jésus et de Marie.
Jésus et Marie, son certainement heureux qu’on ne sépare pas d’eux Saint Joseph.
Aime d’une affection filiale notre mère et fondatrice, Sainte Angèle. Tâche de bien connaître sa vie, ses principes et ses conseils pour t’y conformer, et que son esprit vive parmi nous.
De même, entoure Ste Ursule d’une dévotion particulière. Elle fut spécialement donné par Dieu à notre Ordre comme protectrice. Apprends d’elle le courage et la promptitude à tout sacrifice, si grand soit-il.
Honore Saint Augustin, notre législateur. Demande lui souvent de t’accorder la fidélité dans l’observance de la sainte Règle et des constitutions.
Honore ton ange gardien. Demande lui fréquemment qu’il te préserve du plus petit péché. Appelle-le dans le besoin: « Tu es mon aide, ne m’abandonne pas ».
Honore les saints Patrons de notre Congrégation. Demeure souvent en esprit auprès des saints du ciel, afin que tu puisses un jour t’unir à eux dans la gloire de Dieu à jamais.
Ame religieuse, tu as besoin d’amitié. Cherche la parmi la multitude des saints du ciel.

B - L’AMOUR DU PROCHAIN

L’amour surnaturel du prochain n’est rien autre que l’amour de Dieu en action, un amour de pénitence.
Nous ne pouvons directement rien faire pour Dieu. Dieu n’a pas besoin de nous. Mais dans sa bonté infinie, il nous a donné la possibilité de nous dévouer pour lui.
Jésus lui-même nous a dit: « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait ».
Travailler, se dévouer pour les autres, leur faire du bien, voici l’amour de Dieu le plus pur, le pénitence la plus pratique. Les sentiments, les paroles peuvent être illusion, mais les actes sont vérité.
Pour nous, l’expression la plus nécessaire de l’amour du prochain, est l’amour de nos soeurs, car nous sommes toujours ensemble. Nous avons plus d’égards pour les personnes du monde, parce que nous n’avons pas à faire à elles aussi souvent. Avec nos soeurs, il nous semble que ce n’est pas tellement nécessaire.
Enfin, nous pouvons être sûres que si l’une d’elles est pleine d’amour pour ses soeurs, elle le sera également pour les personnes laïques, mais celles qui sont très aimables et très agréables avec les personnes laïques, ne le sont pas toujours avec leurs soeurs.
Il est donc important de connaître la manière dont nous avons à témoigner notre amour surnaturel à nous soeurs. Eh bien, l’amour se témoigne en particulier par la bonté, la serviabilité, l’indulgence, l’amabilité et la sainte joie.

Chapitre I

LA BONTE

Un jeune prêtre demandait à son père spirituel; avant de quitter le séminaire après son ordination: « Que faut-il faire pour conduire les âmes à Dieu? » « Je te le dirai ce soir, mon fils. » répondit le saint père.
Lorsque le jeune homme, avant d’aller se reposer, s’agenouilla sur son prie-Dieu, il y trouva un billet portant ces mots, écrits de la main de son vénéré directeur: « Sois bon, sois très bon, sois immensément bon, sois infiniment bon,. »
Ces paroles sont aussi pour nous.
Sois bonne pour tes soeurs, fais leur autant de bien que tu peux. Tu n’as pas besoin de chercher loin. La vie quotidienne te donne tant d’occasions de faire du bien, de te montrer bonne. Une parole cordiale, aimable, consolatrice, un aimable sourire, un petit service rendu à une soeur qui en avait besoin mais qui n’osait pas te le demander, une aide offerte à une soeur découragée pour qu’elle ne se laisse pas complètement abattre, tout cela ainsi que mille autres petits actes de bonté t’attendent au long du jour.
Il te faut seulement avoir les yeux ouverts et saisir les occasions de poser des actes de bonté dès que tu les vois. Ta journée sera alors une journée de bonté, une journée d’amour pénitent et une consolation pour le très saint Coeur de Jésus agonisant, un petit rayon de soleil pour toutes les soeurs qui t’entourent dans la vie religieuse.
Tu peux me dire: « Mais cette bonté incessante exige de moi l’esprit de sacrifice ». Ce n’est pas facile d’être toujours bonne, c’est vrai. Mais si tu voyais toujours Jésus dans tes soeurs, ces actes de bonté, ces petites sacrifices et ces épines de la pénitence, te paraîtraient l’exquise douceur de saint amour.
Sois donc bonne, ma soeur. Sois très bonne, sois infiniment bonne, et tu peux être sûre que tu serviras Dieu en esprit d’amour et de pénitence.

Chapitre II

LA SERVIABILITE

Jésus nous a dit qu’il était venu non pour être servi mais pour servir.
Et toi, tu dois servir Dieu dans tes soeurs.
Toutes doives se servir mutuellement. Aucune ne peut être libérée de ce service de Dieu. Que chacune rende service selon ses possibilités et ses devoirs, mais qu’elle le fasse aimablement et gaiement.
Ne te plains pas quand tes soeurs te demandent quelque service, ne te laisse pas aller à la mauvaise humeur si ce service est pour toi malcommode, fatigant, sois heureuse de pouvoir te sacrifier pour elles. Tu n’as pas encore fait pour tes soeurs ce que Jésus a fait pour toi.
On n’est pas serviable pour sa propre commodité. Tout le monde se tourne vers la soeur qui est toujours prête à rendre service. Tout le monde s’adresse à elle quand on a besoin de quelque chose. Elle a beaucoup de travail, cette bonne soeur, c’est vrai, plus que la soeur à qui personne ne demande de services. Mais ce service est véritablement une pénitence en esprit d’amour.
Il arrive en général, que tout le monde soit tellement habitué aux services d’une soeur serviable, qu’il ne vient même pas à l’esprit de la remercier. On remerciera une soeur qui rend service rarement, et l’on oubliera de remercier celle qui est toujours prête à rendre service. Mais Dieu ne l’oublie pas, servante du Seigneur.
Avance courageusement, sois servante de Dieu en le servant dans tes soeurs. Oh, si tu voyais avec quel amour Jésus regarde une âme toujours prête à rendre service.
Sers, sers, sacrifie-toi pour le bien, pour le bonheur es autres.
Ta récompense sera grande dans le ciel.

Chapitre III

L’INDULGENCE

Oui, il faut de l’indulgence dans la vie commune. Toutes les soeurs qui t’entourent ont leurs défauts, comme tu as les tiens. Elles doivent te supporter, et toi, tu n’aurais pas à supporter les défauts des autres? Avec toi, elles doivent être indulgentes pour tes fautes, sois donc, toi aussi, indulgente pour les fautes des autres.
Vois-tu, ma soeur, chacune de nous a des défauts, mais aussi des bons côtés, des vertus. Pourquoi ne pas ouvrir les yeux sur tout ce qui est bon dans les autres au lieu de s’occuper de leurs défauts?
Combien heureuse est l’âme qui se réjouit toujours du bien qu’elle voit dans ses soeurs, comme il lui est facile alors de les aimer et de les servir . De plus, en remarquant les vertus des autres, tu provoques en ton coeur, le désir de les imiter, de leur devenir semblable, et ce désir sera pour toi une aide dans la marche vers la sainteté.
A l’inverse, combien malheureuse est cette soeur qui trouve toujours des défauts et des côtés faibles dans ses soeurs. Elle s’irrite, se fâche et ne peut pas changer ce qui lui déplaît. Elle sent de l’antipathie pour les soeurs qui ne lui plaisent pas - son coeur se remplit de malveillance, d’aigreur, ses paroles sont dures, malpolies. Elle ne peut pas se corriger, car n’est pas en elle qu’elle cherche la faute, mais toujours dans les autres. Pauvre âme!
Oh, si tu voulais suivre le conseil du bon Saint François de Sales et agir comme il veut. Ecoute-le donc: « Sois l’abeille qui cherche son miel dans les fleurs, et n’imite pas la guêpe qui se nourrit d’ordures et butine sur le fumier ».
Demande au divin Coeur qu’il te donne un coeur plein d’indulgence pour les autres. Souviens-toi que plus tu seras sévère pour toi, plus tu seras indulgente pour les autres.

Chapitre IV

AMABILITE - POLITESSE

La bonté sans amabilité est une rose avec des épines. La politesse, l’amabilité dans la manière de se conduire font que nos actions deviennent agréables aux autres.
Réponds poliment, ta réponse sera bien acceptée. Donne la même réponse d’une manière rude, malpolie, et ta réponse blessera, ne satisfera pas.
La serviabilité demande l’esprit de sacrifice. La politesse seulement un peu de coeur, un peu de bonne volonté et le désir de faire plaisir aux autres.
Un visage aimable, rayonnant de courtoisie, une parole gentille, une voix douce, tout cela ne demande pas de grands efforts, et cependant encourage, fait plaisir, apporte consolation aux coeurs timides et découragés.
Pourquoi ne pas s’exercer à la politesse et à l’amabilité? Cela ne coûte pas beaucoup et donne tant.

Chapitre V

LA SAINTE GAIETE

Si tu veux faire plaisir à tes soeurs, si tu veux leur donner un peu de bonheur, sois toujours gaie, sois un petit rayon de soleil dans la vie souvent grise et monotone du couvent. C’est si agréable de voir un visage rayonnant d’une sainte joie, cela encourage et apporte consolation.
Etre toujours de bonne humeur quand tout va comme nous l’entendons, ce n’est pas difficile, ce n’est pas une vertu.
Avoir toujours un bon sourire aux lèvres, être toujours d’égale humeur, toujours sereine, bien que la croix pèse sur nos épaules, bien que la tristesse nous envahisse, que les difficultés s’amoncellent autour de nous, que le travail nous affaiblisse, c’est de la vertu, c’est le signe d’une âme étroitement unie à Jésus crucifié.
Elle se réjouit de pouvoir souffrir avec Jésus, mais ne veut pas être cause de souffrance pour les autres, et tout en souffrant, veut donner du bonheur aux autres, - petit rayon de soleil qui ne s’éteint pas, car la source de sa lumière est dans le Coeur de Jésus.
Heureuse est la Congrégation qui possède ses petits rayons de soleil, irradiant autour d’eux joie, sérénité et paix.

C - DES VOEUX

Les voeux sont les trois clous qui nous fixent à la croix de la vie religieuse.
De notre fidélité dans l’accomplissement de nos voeux, dépend notre sainteté.
Ne nous contentons pas de ne pas manquer aux voeux. Pour une âme qui marche vers l’amour parfait, ce ne serait pas suffisant. Cherchons la plus grande perfection des voeux, même si à cette perfection, nous ne sommes ni forcées ni tenues.
Les Constitutions nous apprennent ce qui est nécessaire. Nous, en revanche, tâchons de nous élever au plus haut degré de sainteté.

Chapitre I

LA PAUVRETE

Il t’est resté une chose, ma soeur, le droit de posséder, mais ne t’en occupe pas! Que ton idéal soit la pauvreté du saint Poverello (St François), une pauvreté totale qui ne veut rien posséder pour pouvoir dire avec une sincérité complète: « Mon Dieu et mon Tout ».
Comprends-tu bien que « Dieu seul suffit »? Il se peut que tu sois obligée de conserver la propriété de tes biens. Que cela soit! Mais ne t’en occupe pas plus que s’ils n’étaient pas les tiens. Que ton désir soit d’être pauvre, pauvre comme ce mendiant qui va de porte en porte demander un morceau de pain. Naturellement, tu ne peux pas vivre comme un mendiant, même si tu le voulais, parce que ta pauvreté est soumise à l’obéissance, parce que tu es dans une Congrégation qui travaille, et qui doit avoir ce qui est nécessaire pour vivre correctement et avoir des forces pour son travail. Mais si tu le désires, tu trouveras toujours la possibilité de t’exercer dans la pauvreté.
1) Avant tout, ne considère rien comme ta propriété. On te donne des choses à l’usage, des vêtements, des meubles, des livres etc... Ils te sont donnés pour que tu les utilises selon les besoins, mais ils ne sont pas ta propriété. Tu dois toujours être prête à renoncer à tout si telle était la volonté de ta supérieure.
En partant d’une maison dans une autre, de désires pas emporter « tout ton bien ». Tu n’as pas le droit d’emporter autre chose que ce que nous permettent les usages et la sainte pauvreté. Les soeurs ne possèdent rien. La compréhension de cela te donnera la liberté d’esprit.
2) Ne fais jamais de grimaces, ni dans la nourriture, ni dans le vêtement, ni dans l’ameublement. Le strict nécessaire, ma soeur. Et ne penses pas trop vite que toutes tes exigences sont « nécessaires ». Songe aux pauvres. Que diraient-ils de tes exigences? Que pense Jésus de tes exigences? Lui qui est le plus pauvre parmi les pauvres, sans lieu où reposer la tête, Lui qui a souffert la faim, la fatigue, qui est mort nu sur la croix.
3) Sois satisfaite du tout ce qu’on te donne. Ne montre pas de mécontentement si tu reçois quelque chose qui ne te plaît pas. Remercie pour tout. Les pauvres seraient bien contents d’avoir ce que tu as.
4) Sois heureuse et remercie Dieu si tu as de temps à autre la possibilité de ressentir la sainte pauvreté. Ne te plains pas, ne te lamente pas, considère-le comme une grâce divine, car cela te permet de t’exercer dans la sainte pauvreté.
5) si tu es malade, ne te considère pas par là même libérée de ton voeu de pauvreté. Accepte avec reconnaissance les soins, les remèdes, les exceptions que l’on t’accorde.
Tu peux tranquillement dire ce qui te semble nécessaire mais n’exige rien. Remets ta santé entre les mains de Dieu et attends tranquillement ce qu’il voudra faire de toi.
Sois bonne, patiente, pleine de reconnaissance pour les soeurs qui te soignent, ne montre pas d’impatience si elles ne font pas tout ce que tu voudrais, si on te fait attendre. Que de fois les pauvres doivent attendre, et comme ils savent attendre! Enfin: toi aussi tu es pauvre, saches donc attendre!
6) Ma soeur, soyons réellement pauvres, non seulement de nom, mais par toute notre vie. Il est difficile de rassembler pour te les présenter, toutes les occasions d’exercices de la saine pauvreté.
Aies dans ton coeur un ardent désir d’être pauvre, très pauvre, comme nos pauvres, et tu trouveras suffisamment de possibilité pour satisfaire ton saint désir.

Chapitre II

LA CHASTETE

Nous ne parlerons pas ici des obligations du voeu mais de la chasteté du coeur et de l’âme qui te place parmi les rangs des anges.
Haut les coeurs, montons vers le ciel, nous sommes du ciel et non de la terre. - La pureté du coeur: Ce coeur est créé pour le ciel et non pour la terre. Ce coeur est créé pour aimer, aimer Dieu, uniquement Dieu et toutes les créatures en Dieu et pour Dieu.
Veille continuellement sur les sentiments de ton coeur, afin qu’il ne retourne pas vers la créature. Aime, aime ardemment, aime tout le monde, mais toujours en Dieu. Aime Jésus en toutes tes soeurs; naturellement, tu peux aimer d’un amour plus particulier celle que Dieu a placée sur ta route, afin qu’elle t’aide à progresser dans la perfection. Tu peux trouver au couvent une sainte amitié, mais veille à ce qu’elle soit toujours en Dieu et pour Dieu, toujours dans l’obéissance et qu’elle ne soit pas un empêchement à l’amour des autres soeurs.
Fuis comme un poison l’amour particulier qui ferme le coeur à Dieu et aux autres soeurs, qui te cloue à la créature, à la terre et t’éloigne de Dieu et du ciel.
Ne te permets avec les soeurs, les élèves, aucune câlinerie, sentimentalité, plaisanterie inconvenante. Tu dois toujours savoir garder avec les autres la dignité religieuse, sans étroitesse ni raideur et toujours avec bonté.
Souviens-toi que le lis de la pureté doit être entouré des épines de la pénitence, afin qu’il ne perde pas son éclat.
Notre vie est une vie dure, de travail constant, qui ne nous permet pas d’employer des instruments de pénitence comme dans les congrégations contemplatives. Malgré cela, nous devons rechercher la pénitence - la pénitence dans notre vie de travail, dans notre pauvreté. Cherche la mortification, non pas celle qui attire l’attention sur soi, celle qui se voit, mais celle que personne ne voit si ce n’est Dieu, - celle qui se trouve presque à chaque pas de notre vie, mais cachée et si bien cachée que personne ne dira de toi: « c’est une âme mortifiée ». Alors, Jésus lui même compte ces petites et peut-être incessantes mortifications qui provoquent la mort de la nature, non d’un coup, mais peu à peu, comme une goutte de sang après l’autre.
Tu veux être un lis de pureté: entoure ton âme d’une couronne d’épines, de petites épines, ces petites mortifications visibles seulement que yeux de Dieu.
Avant tout, sois fidèle à l’observance des Constitutions et donc au silence, à la ponctualité, à l’accomplissement de la volonté des autres plutôt que de la tienne, à l’amour fraternel qui te donne tant d’occasions de petites mortifications, à l’humilité qui t’interdit de te sentir vexée pour un petit manquement à ton égard, - à l’obéissance qui quelquefois exige de nous des choses désagréables à la nature, - et dans les Constitutions elles-mêmes tu trouveras mille formes de mortifications invisibles.
Mortification des sens: Retiens ta curiosité qui veut tout voir, tout entendre, tout savoir, qui est cause de fautes contre la discrétion, et empêche le recueillement, la paix.
Mortifions notre gourmandise: nous no pouvons pas, dans notre vie de travail, nous passer de nourriture, de la nourriture indispensable à soutenir nos forces. Mais il y a tant de petites mortifications auxquelles la nourriture nous donne la possibilité de s’exercer et qui sanctifient cette action: un peu moins de sucre ou de sel, ne pas se plaindre de ce qui nous déplaît, manger de tout à moins que quelque chose ne nous fasse réellement mal - et pas seulement dans notre imagination.
Ne te plains ni du froid, ni du chaud, ni d’une petite indisposition. Si tu te sens mal, tu as le devoir de le dire à l’infirmière, mais pourquoi se plaindre auprès de toutes les soeurs, ou bien faire voir tes petites souffrances en te plaignent.
Et encore, être toujours tranquille, sereine, joyeuse, toujours un sourire sur les lèvres, toujours contente de Dieu, dans la joie comme dans les contrariétés, dans la santé comme dans la maladie, dans les moments clairs comme dans les ténèbres. C’est peut-être là la plus grande des mortifications, dans laquelle nous pouvons persévérer sens cesse jusqu’à la mort.
C’est l’unique et peut-être la meilleure des pénitences, la meilleure des mortifications, parce qu’elle est le signe d’une âme qui ne vit plus de sa propre vie, mais qui est plongée dans la vie du Christ.
Rien en elle de terrestre, tout s’élève dans un élan d’amour vers Dieu.

Chapitre III

L’OBEISSANCE

Ne pense pas, soeur, que l’obéissance soit chose facile. Tu étais au noviciat afin de te former à cette vertu. Tu avais une maîtresse très aimée qui t’entourait de ses soins, et l’obéissance te paraissait très simple et facile.
Mais tu dois savoir que dans la vie religieuse qui dure 20, 30, 40 ans, tu ne peux pas t’attendre à avoir toujours des supérieures idéales, faciles, qui te seront sympathiques. Tu trouveras parfois des supérieures - et Dieu le permettre pour ta sanctification - de caractère un peu difficile, impatient, dur, changeant, en un mot, imparfait.
Parfois il te semblera - car elles auront des conseillères qui ne te plairont pas - qu’elles sont sous l’influence d’une autre soeur, et alors il te semblera que tu as le droit de critiquer et de ne pas obéir. L’obéissance deviendra pour toi pénible et tu te justifieras en disant: « Si me supérieure était comme elle doit être, je l’écouterais, mais... » et tu trouveras toujours des raisons pour te libérer de l’obéissance.
Ma pauvre soeur, ne sais-tu pas que Jésus a été obéissant non seulement à Joseph et à Marie, mais aussi à Pilate et à ses bourreaux qui l’ont cloué sur la croix? Obéis en voyant dans les ordres de ta supérieure, la volonté du Dieu Eternel. Obéis toujours sans regarder à la personne qui te donne des ordres, sans te plaindre, sans critiquer, convaincue que la voix de ta supérieure, aimée ou non aimée, sympathique ou non sympathique, parfaite ou moins parfaite, est toujours la voix de Dieu.
Ne juge pas ta supérieure. Regarde: elle a une, deux assistantes qui ont le devoir de lui faire des observations sur les imperfections qu’elle commet. Mais toi tu n’as pas ce devoir: laisse ta supérieure tranquille, prie pour elle et obéis-lui. Cette supérieure t’est peut-être donnée pour que tu fasses des progrès dans la vie parfaite, pour que tu te perfectionnes dans l’obéissance et que tu aies la possibilité d’acquérir des mérites.
Il est une chose sûr, c’est que tu peux acquérir plus de mérites auprès d’une supérieure difficile, sévère, impatiente, imparfaite, qu’auprès d’une supérieure parfaite.
Ainsi donc, ma soeur, aime l’obéissance puisque tu trouves en elle la volonté de Dieu. Ne l’aime pas par amour de ta supérieure, et ton obéissance sera parfaite.
Mais tu n’as pas à être obéissante à ta supérieure seulement. Tu dois l’être aussi aux officières, à tous ceux qui ont le droit de te donner des ordres, quel que soit leur champ de travail, c’est à dire: à la cuisinière à la cuisine, - à la buandière à la buanderie, - à l’institutrice à l’école, - à la jardinière au jardin etc. Ne pense pas que le jeune âge de celle qui a l’autorité ou le grade inférieur qui est le sien dans la Congrégation, te libèrent du devoir de l’obéissance. Jamais! Même si la plus jeune de toute la Congrégation avait le droit de diriger, sois-lui soumise toujours, toujours.
S’il arrivait, dans certains cas, qu’il te soit impossible de faire ce qui t’a été ordonne, et que tu n’aies pas eu la possibilité de t’adresser à ta supérieure, alors agis selon ce qui te semble bon, mais toujours dans l’intention de rendre compte à ta supérieure de tout ce que tu as fait, et cela le plus vite possible.
Et prie, prie avec ardeur pour obtenir la grâce d’une obéissance parfaite pour toi-même et pour toutes tes soeurs.
Une Congrégation dans laquelle fleurit l’obéissance est une Congrégation parfaite. C’est une Congrégation qui n’a pas de raison de craindre, car la bénédiction de Dieu est avec elle.

D - DE LA CLOTURE

Chapitre I

AU COUVENT

Dans chacune de nos maisons, il y a une partie spécialement réservée aux soeurs, dans laquelle nul n’a le droit de pénétrer sans la permission de la supérieure générale ou, dans un cas urgent, de la supérieure locale.
Nous devons aimer notre clôture. Nous ne devons pas chercher à y faire pénétrer des personnes de notre famille ou de notre connaissance.
En cas de maladie, ne demande pas la permission de recevoir les membres de ta propre famille. Laisse cela à ta supérieure. si ta maladie est grave, dangereuse, qu’on permette à ta famille (père, mère, frère, soeur) de prendre congé de toi avant ta mort, ne repousse pas cette grâce - mais toi-même ne demande rien, rien.
Dans ta clôture tu trouveras ton Jésus et cela te suffit. Aime la clôture. En revanche, fuis autant qu’il est possible le parloir, cet ennemi de la vie religieuse. Elles se conduisent mal ces soeurs qui invitent leur famille, leurs connaissances à venir souvent les voir. Quel dommage pour leur vie religieuse. Quelle perte de temps, ces longues conversations avec les personnes du monde, au parloir. Elles portent la soeur à la curiosité, elle veut savoir ceci et cela, pose des questions sans fin. Elle retourne ensuite à la prière avec la tête pleine de cancans. Sa prière ne va pas parce qu’elle est remplie des distractions produites par toutes les nouvelles entendues au parloir.
Du parloir, nous te dirons donc: ne le désires pas; vas-y seulement quand l’obéissance t’y appelle, pour le bien des âmes, et non pour satisfaire un esprit trop mondain.

Chapitre II

DES SORTIES

La clôture - les sorties! Voilà une grande difficulté dans la vie de notre Congrégation qui a le devoir de vivre dans le monde, et de travailler souvent hors de la maison. - La clôture que nous observons, non pas selon une règle immuable mais selon ce principe: sortir pour le bien de la Congrégation; pour accomplir nos devoirs, jamais pour notre plaisir, notre satisfaction.
Remets toi donc toujours entre les mains de ta supérieure. Lorsqu’elle te dis de sortir, sors; mais lorsqu’elle ne te donne pas un tel ordre, reste à la maison et sois satisfaite de n’avoir pas à sortir hors de couvent.
Souviens-toi bien ma soeur, que tu n’es pas venue ici pour faire de belles promenades, visiter des églises, des musées, entendre des conférences savantes ou de beaux sermons. Non, non, non. Ta vie doit s’écouler dans ton couvent, aux pieds de Jésus. Dans le Tabernacle de ta petite chapelle tu trouveras plus que dans les églises les plus belles, les sanctuaires les plus vastes.
Jésus est pour toi dans la petite chapelle de ton couvent, spécialement pour toi; il souhaite te voir là et là te parler. Mais les sermons, les saintes conférences de prêtres savants, ce n’est pas pour toi, ma soeur. Conviens en: si chaque soeur voulait sortir pour entendre des sermons; chacune dans sa langue maternelle, chacune dans une autre église, quel désordre cela n’apporterait-il pas dans notre vie? Ces conférences sont pour les personnes du monde.
Toi, Jésus te parle par les conférences données par des prêtres pour la Congrégation, et par les instructions de tes supérieures. Tu as aussi nos Constitutions, le Directoire, les Usages, les Méditations. De plus, tu as Jésus sur l’autel qui, certainement, préfère te voir au pied du Tabernacle plutôt que courant d’un sermon à l’autre pour satisfaire ton désir qui te paraît saint, mais qui n’est pas dans l’esprit de la clôture religieuse. Crois-moi, dans son sermon, le prédicateur te conseillerait d’être prête à faire un sacrifice pour Jésus. Toi, en gardant consciencieusement la clôture, tu fais le sacrifice de ton désir plutôt mondain que saint, issu plutôt d’une « sainte curiosité » que de l’esprit de piété.
Si la supérieure trouve nécessaire de t’envoyer à une conférence, elle le fera elle-même. Si elle trouve nécessaire que tu ailles respirer un peu d’air, ou visiter des églises, des musées, elle te le dira. Mais toi, ma soeur, ne demande pas à sortir, sois contente de rester, comme un petit prisonnier d’amour dans ton couvent avec Jésus, ce grand prisonnier d’amour du Tabernacle.
Que les supérieures de Rome sachent que les soeurs qui passent dans la Ville Eternelle, pourront aller voir une fois les 7 Basiliques, les Catacombes, la Prison Mamertine, l’église Al Gessù et la Scala Santa.
Les supérieures peuvent aussi parfois envoyer les soeurs dans une autre église pour une cérémonie extraordinaire, mais peu fréquemment, et les soeurs n’ont pas à le demander. Qu’elles laissent à la supérieure le soin de penser aux sorties nécessaires ou agréables, ne souhaitant pas elles-mêmes autre chose que d’accomplir la volonté de Jésus.
De même, les autres supérieures peuvent permettre aux soeurs de passage, de visiter les églises, les sanctuaires de la ville où se trouve le couvent. Elles peuvent permettre, spécialement pour celles qui habitent en ville sans jardin, et sans bon air, une petite excursion. Toi, tu dois veiller particulièrement à garder la clôture et encourager toutes tes soeurs à l’aimer
Enfin, la question de la famille. C’est une grande tentation pour plus d’une pauvre soeur. Il est facile à l’esprit du mal de te tenter sur ce point. Il te donnera cette pensée: « Tu as le devoir de visiter malades, et pourquoi pas ta famille? Tu peux et du dois faire du bien aux âmes, pourquoi n’aurais-tu pas à t’occuper du salut éternel de ta famille? »
C’est alors que commence la tentation: « Je pourrais travailler pour le bien des âmes de mes proches, mais me permettra-t-on d’aller rendre visite à tel membre de ma famille? Je pourrais lui faire du bien, je le convertirais, mes paroles auraient une influence salutaire sur lui, donc je dois aller demander, supplier ma supérieure s’il le faut, pour qu’elle me permette d’y aller, de partir... »
Et ta pauvre âme s’inquiète : « Me permettra-t-on ou non? » Si l’on ne te permet pas, voilà les larmes, la tristesse, le désespoir... Puis, arrive la critique: « Il y a ici une soeur qui avait la permission d’aller visiter sa famille, et pourquoi pas moi? »
Ma soeur, en entrant au couvent, tu as fait le sacrifice des liens de famille les plus étroits. Tu étais prête à te séparer de ta famille pour toujours, à partir à l’étranger. Pourquoi maintenant reprends-tu le sacrifice fait au premier jour de ta vie religieuse? Pourquoi ne confies-tu pas à ton Dieu, avec une entière confiance, ces âmes qui te son chères?
Sois-en sûre: tu attireras plus de grâces et de bénédictions sur ces âmes par ton sacrifice que par ta présence.
Aime ta famille en Dieu et pour Dieu, mais ne reviens pas aux relations extérieures avec ta famille, car tu l’as quittée par amour pour ton Jésus.
Sois heureuse de pouvoir demeurer dans la maison de Dieu. Quant aux sorties, que te règle soir: Pour le bien de la Congrégation, pour servir la Congrégation; pour les travaux de la Congrégation, et toujours selon les dispositions prises par les supérieures.

E - LE TRAVAIL

Chapitre I

LE TRAVAIL EST UN DEVOIR PRECIS POUR NOTRE CONGREGATION

Nous sommes les servantes du Seigneur: à côté de la prière, le travail est notre service en esprit d’amour et de pénitence, - service auquel nulle n’a le droit de se soustraire. En effet, nous sommes une Congrégation active, nous devons aider et soutenir les pauvres.
Tout le monde sans exception a le devoir de travailler. Mais nous, nous l’avons doublement:
1) parce que nous sommes des chrétiennes et que nous devons faire du bien au prochain,
2) parce que nous sommes des Ursulines du Coeur de Jésus agonisant, et nous devons vivre une vie de pénitence.
Le Seigneur Jésus a le droit d’exiger de nous que nous fassions beaucoup de bien, que nous portions beaucoup de fruit, mais sans travail nous ne le ferons pas.
Il y a des âmes qui ne voudraient que prier et ne vont pas volontiers au travail. Autant qu’elles en ont la possibilité elles le fuient, sous prétexte d’une soi-disant piété, pour prier. Cette piété n’en est pas une, c’est de la paresse.
Saint Paul, cet apôtre infatigable, choisi de Dieu, qui fut élevé au 3-ème ciel, qui, vivant encore sur terre, a vu « ce que l’oeil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce que le coeur de l’homme n’a pas pénétré, c’est à dire la récompense que Dieu prépare à ceux qui l’aiment » - appelle fort énergiquement les premiers chrétiens au travail:
« ...Lorsque nous étions près de vous - écrit l’apôtre - nous vous donnions cet ordre: si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus! Or, nous entendons dire qu’il y a parmi vous qui mènent une vie désordonnée, affairés sans rien faire. A ces gens-là nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ, cet ordre et cette exhortation: qu’ils travaillent dans le calme et qu’ils mangent le pain qu’ils auront eux-mêmes gagné ».
Plus loin il écrit: « Si quelqu’un n’obéit pas à ce que nous disons dans cette lettre, notez-le et n’ayez aucun rapport avec lui... »
Peut-on souligner le devoir du travail par des paroles plus claires? Aussi, comprenons-le bien: ce travail incessant, physique ou intellectuel, fatigant, épuisant parfois, est notre devoir - nous devons consumer notre vie dans le travail jusqu’à ce que nous soyons consumées
Notre travail - c’est notre pénitence, c’est la suite de la prière. Nous sommes tenues au travail par le voeu de pauvreté, le voeu de chasteté, le voeu d’obéissance.
Le travail, à côté de la prière - c’est notre service de Dieu. Notre travail, c’est la volonté de Dieu. Dieu attend de nous le travail, donc nous, servantes du Seigneur, nous devons aimer cette volonté de Dieu et l’accomplir fidèlement.
Ne paresse pas, âme religieuse, dans le travail. Ne cherche pas le repos. Pour ces quelques années de travail consciencieux, tu te reposeras au ciel pour les siècles. Ne tâche pas d’éviter le travail sous divers prétextes. Un paresseux trouve toujours des raisons, grandes ou petites, pour éviter le travail, tout au moins pour se l’alléger s’il le peut. Ne désire pas appartenir à ces âmes paresseuses.
Par amour pour ton Jésus qui a si durement travaillé pour toi en ce monde, avec empressement et assiduité - au travail.

Chapitre II

LE TRAVAIL EST PRIERE

Notre travail est la suite de notre prière, c’est l’amour en action.
Notre travail est prière si nous le transformons en prière par une bonne et pure intention, pour Dieu.
Va au travail parce que Dieu le veut, parce que ce travail est pour toi la volonté de Dieu. Souviens-toi que la prière sans le travail ne sanctifie pas, car le Seigneur Jésus lui-même a dit: « Ce n’est pas celui qui me dit ‘Seigneur, Seigneur’ - et donc qui prie - qui entrera dans le Royaume des cieux, mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux ».
Va au travail avec Jésus. Travaille sous son regard, auprès de lui, pour lui. Travaille comme lui-même a travaillé, à la sueur de son front, et ton travail sera divin, saint, se transformera en une pure prière.
Evite donc de travailler pour ta propre satisfaction, pour ton contentement ou ton ambition personnelle ou encore par désir de te faire voir.
Cherche Dieu dans le travail, sa volonté, et ton travail deviendra la suite de ta prière: il sera saint, agréable à Dieu, plein de mérites.
Prie - travaille.

Chapitre III

LE TRAVAIL EST L’ACCOMPLISSEMENT DU VOEU DE PAUVRETE

Le travail découle de notre voeu de pauvreté.
En réalité, sans travail, ton voeu de pauvreté est une tromperie, car plus un homme est pauvre, plus il est obligé de travailler pour gagner un morceau de pain. Donc, toi aussi, de même que toute la Congrégation, tu dois travailler pour gagner ta vie.
Il te faut travailler comme ce pauvre qui accepte n’importe quel travail, qui ne choisit pas ce qui lui plaît, que ne fait pas de grimaces, mais se réjouit seulement de pouvoir gagner quelque chose, car il est pauvre.
Tu as fait le voeu de pauvreté, tu es pauvre, donc tu dois travailler, et pour toi et pour nos enfants; travailler à la sueur de ton front, comme dans le monde travaillent les pauvres.
Serais-tu venue au couvent pour éviter le travail?

Chapitre IV

LE TRAVAIL EST LA MEILLEURE SAUVEGARDE DU VOEU DE CHASTETE

La paresse est la source de tous les vices. Celui qui travaille avec une intention pure, assidûment, n’a pas le temps de pécher. Le lis de la pureté doit être entouré des épines de la pénitence, afin que nul ne puisse s’en approcher, et lui enlever sa pureté immaculée.
La vie d’une âme liée par le voeu de chasteté, doit être une vie de pénitence. Quelle est la pénitence que Dieu lui-même a imposé à l’homme? C’est le travail: « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front ». Ainsi a parlé Dieu à Adam quand il l’a chassé du paradis.
Depuis, le travail est le devoir, la pénitence naturelle à l’humanité pécheresse - le travail « à la sueur du front ».
Toi que es liée par le voeu de chasteté, tu est tenue doublement à cette pénitence. Dans notre Congrégation il n’y a pas de mortifications extraordinaires, mais notre pénitence c’est le travail, un travail incessant, lassant, fatigant, monotone, qui maîtrise le corps et tient l’esprit sous le joug. De cette pénitence, nous n’avons pas le droit de nous écarter.
Comprends que le travail est une pénitence, que tu es tenue à cette pénitence, et tu ne chercheras pas à le fuir, tu ne plaindras pas du travail, tu ne le choisiras pas selon tes goûts.
Sois comme cette lampe auprès du Tabernacle, elle brûle devant Jésus en silence, jusqu’à se consumer. Et toi, brûle-toi dans le travail en silence devant Jésus et pour Jésus jusqu’à ta consumer.
Ton sort n’est-il pas beau?

Chapitre V

LE TRAVAIL DECOULE DU VOEU D’OBEISSANCE

Une âme liée par le voeu d’obéissance ne s’appartient plus. Elle n’a pas le droit de vivre selon sa volonté, elle se soumet à l’obéissance car elle sait qu’elle marche en toute sûreté dans le chemin de la volonté de Dieu.
Ne choisis pas ton travail, mais travaille toujours comme l’obéissance te l’ordonne, là et où l’obéissance te l’ordonne, et autant que l’obéissance te l’ordonne, ni plus ni moins.
Le travail fondé sur l’obéissance est le travail le plus sûr et le plus saint. Mais veille à ce que l’amour de ton « moi » et ta paresse ne t’apprennent pas à obtenir avec habilité des ordres qui te conviennent, à faire modifier pour diverses raisons les ordres donnés, à obliger tes supérieures à t’ordonner de telle façon et non d’une autre.
Si tu sais t’arranger si bien, ne pense pas que tu travailles dans l’obéissance Tu travailles seulement selon ta volonté propre, quoique tu te réjouisses qu’on t’ait donné l’ordre comme tu le désirais - cet ordre est forcé, ton obéissance n’est que superficielle; en réalité elle est tromperie de soi-même et de Dieu.
Ce n’est pas de l’obéissance. Ton travail est pour toi et non pour Dieu. Vaut-il la peine de travailler pour soi?
Marche, ma chère âme, dans l’obéissance aveugle. Ton travail, ne le choisis pas, ne t’y recherche pas. Veuilles seulement ce que Dieu veut, et ton travail sera saint, agréable à Dieu et méritoire pour le ciel.

Chapitre VI

COMMENT TRAVAILLER

Puisque tu comprends que la volonté de Dieu est que tu travailles, que tu dois travailler pour Dieu, comprends aussi, que tu dois travailler avec conscience, avec ardeur, avec assiduité et comme il faut.
On peut travailler, mais comment?: sans ardeur, sans précision, sans régularité, lentement, pour ne pas se fatiguer, sans réfléchir bien que ce travail soit ainsi mal accompli.
As-tu front d’offrir à Dieu un tel travail?
Travaille comme il faut. Ce que l’on ta confié, fais le avec toute ta bonne volonté, toute ton ardeur, avec ferveur, avec réflexion.
Quelquefois, les religieuses apportent un certaine indifférence à leur travail. Qu’elles travaillent bien ou mal, cela ne changera rien pour elles: elles n’auront par là ni plus ni moins de souci. Elles ne gagnent pas d’argent, elles n’ont donc pas les raisons qu’on les personnes dans le monde de travailler avec application lorsqu’elles travaillent « aux pièces ». Qu’elles travaillent et fassent beaucoup ou peu, elles trouveront toujours tout prêt: la table est mise, les vêtements sont préparées, le logement aussi.
Pourquoi doivent-elles se fatiguer et travailler à la sueur du front?
Cela est-il digne d’une âme religieuse?
N’est-ce pas un abus des grâces que Dieu nous donne dans la Congrégation?
L’âme religieuse, quoique son travail ne lui rapporte pas d’argent, ne doit-elle pas, par amour pour Dieu, travailler avec plus d’attention que les gens dans le monde? D’autant plus que, par notre travail, nous venons en aide aux pauvres.
Certaines âmes pensent qu’en priant pendant le travail, elles sanctifient par là même travail, quoiqu’à cause de cela elles travaillent peu et mal.
Tu peux prier pendant un travail manuel, mais souviens-toi que c’est seulement lorsque ta prière ne porte pas atteinte à ton travail, ni à la manière, ni à la rapidité d’exécution.
Si la prière gêne le travail, supprime-la et remplace-la de temps en temps par de courtes oraisons jaculatoires, l’offrande de ton activité, et Dieu retirera sa gloire de ce travail, la Congrégation un profit, et c’est justement ce que le travail doit donner.
Le travail accompli comme il faut, avec application et précision, fait dans une pure intention est aussi une prière: c’est la monnaie d’or avec laquelle nous achetons le ciel.

Chapitre VII

DISPONIBILITE A N’IMPORTE QUEL TRAVAIL

L’âme religieuse qui vit dans l’obéissance, l’Ursuline du Coeur de Jésus agonisant, qui sait que le fondement de notre Congrégation est l’humilité, doit être prête à n’importe quel travail, sans exception.
Elle sera donc prête au travail, même le plus bas aux yeux des hommes. Pour Dieu, il n’y a pas de travail bas.
Tout travail fait par amour de Dieu, avec application, est grand et saint, même si aux yeux des gens il était des plus méprisés.
Tout travail non accompli pour Dieu mais par satisfaction d’amour propre ou d’ambition personnelle, etc.;, est un travail vil, qui ne vaut rien, méprisable, même si aux yeux des hommes, il était grand - même s’il attirait la gloire et les applaudissement.
Ainsi, n’introduisons pas dans nos maisons cette conception sotte que certains travaux sont élevés et d’autres bas - que certains humilient et d’autres glorifient. Que chacune aille volontiers au travail que l’obéissance lui a confié, au travail qui lui est désigné, c’est justement ce travail-là que Dieu attend de sa part, et cette pensée lui rendra le travail doux et agréable.
Ne choisis pas ton travail afin d’avoir l’assurance que tu accomplis la volonté de Dieu. Vaut-il la peine de travailler pour faire sa propre volonté?
Ensuite, n’exige pas que l’on te change de travail « parce qu’il m’ennuie déjà ». Dans le monde, change-t-on de travail parce que celui-ci nous ennuie? Celui qui a appris à être cordonnier sera cordonnier toute sa vie. Il s’efforcera de se perfectionner dans son métier, mais il n’en changera pas.
Il en est de même pour la couturière, la cuisinière, le professeur et l’institutrice et le diplomate. Ils travaillent pour gagner leur vie. Ils se réjouissent d’avoir du travail et ne le changent pas à tout moment parce que cela les ennuie de faire toujours la même chose.
Chacun sait que plus on travaille longtemps dans un même métier, plus on s’y perfectionne. N’exige donc pas de changer parce que « ce travail là, moi il m’ennuie ». Les gens dans le monde ne font pas de grimaces parce que leur travail est monotone. Ils remercient Dieu de l’avoir, et toi, religieuse, tu ferais des grimaces contre la volonté de Dieu?
Désire travailler, et bien. Aime ton travail et travaille avec joie. Comment ne pas aimer son travail, sachant qu’il est la volonté de Dieu, qu’on peut le transformer en un acte de pur amour de Dieu? Comment ne pas travailler avec joie quand nous savons que par ce travail le Seigneur Jésus est satisfait, qu’il sourit en te regardant avec miséricorde, quand il te voit travailler avec application, avec persévérance, pour Lui?
Il faut nourrir en son coeur une sainte joie du travail. Comment ne pas te réjouir, quand tu sais que Jésus est près de toi, qu’il t’aide dans ton travail par sa sainte grâce, qu’il change chacun de tes travaux en mérites pour le ciel ?
Comment ne pas se réjouir, en voyant que par ton travail tu élèves ton coeur vers le Coeur de Dieu, que ton travail attire sur toi la bénédiction divine?
Travaillons, mes soeurs.
Travaillons avec ferveur, conscience, régularité. Ne nous épargnons pas dans le travail. Travaillons dans l’obéissance, travaillons par pur amour envers notre Jésus qui a travaillé si durement pour nous, travaillons pour expier nos péchés, avec Lui, par Lui, et pour Lui.

F - LA SOUFFRANCE

Chapitre I

LA VOCATION RELIGIEUSE NOUS OBLIGE A PORTER LA CROIX DE LA PÉNITENCE

Jésus dans sa bonté infinie s’adresse à chacune de nous par ces paroles: «Si tu veux me suivre, prend chaque jour ta croix et imite-moi».
Jésus demande: «Si tu veux» et toi, en entrant au couvent, tu as répondu «Je le veux». Comprends donc que ta vocation religieuse te fait un devoir de porter la croix.
Combien d’âmes, par ailleurs de bonne volonté, qui désirent entrer en religion, mais ne comprennent pas qu’en y venant elles doivent porter la croix à la suite de Jésus portant la sienne.
Il leur semble que la vie religieuse doit être un bonheur que rien ne trouble, une vie sans soucis, sans difficultés, sans incommodités, en un mot, un avant goût du ciel. Disons la vérité: combien trouve-t-on, dans les couvents, de semblables âmes qui se plaignent à chaque difficulté, incommodité ou fatigue, et pourquoi? Parce qu’elles n’ont pas compris que la vie religieuse est une vie où l’on porte la croix.
Où est donc alors ce bonheur religieux dont parlent les âmes consacrées à Dieu? Comprenons-le bien: il ne faut pas chercher le bonheur de la vie religieuse en ce monde dans une vie agréable et commode. Le bonheur religieux naît de l’amour de Dieu: plus on aime, plus on a de bonheur, et comme porter volontiers la croix produit l’amour et l’amour le bonheur, l’âme religieuse se réjouit donc de ses petites croix, elle sait qu’elles sont pour elles la source de l’amour et par là même la source du bonheur.
Combien une âme religieuse s’épargnerait de moments de ténèbres, de mauvaise humeur, d’aigreur, de mécontentement; que de larmes et de récriminations elle s’épargnerait, si elle comprenait que son devoir est de porter la croix, à la suite de Jésus portant sa croix, et qu’en cela justement se trouve son bonheur, sa paix, sa force.
Oh, que chacune de nous sache dire avec Saint Paul même au milieu des souffrances les plus aiguës: «Je surabonde de joie dans toutes mes tribulations» .
Comment en pas aimer la croix puisque la porter est l’acte de plus pur amour de Dieu, la meilleure des preuves de notre amour envers Jésus crucifié

Chapitre II

NOTRE CROIX C’EST LA CROIX DE LA VIE RELIGIEUSE

Jésus t’a dit: «veux-tu?» et tu as répondu: «Je le veux». En entrant au couvent, tu as pris l’obligation de porter chaque jour la croix de la vie religieuse. Mais là se pose une question: «Qu’est-ce que cette croix que nous devons prendre chaque jour sur nous?»
L’âme religieuse parfois, et même souvent, le comprend mal. On lui a dit que la vie religieuse est une vie de sacrifice, elle a lu de beaux vers sur la souffrance, elle a chanté avec émotion: « Je boirai le calice de la volonté de Dieu» et elle commence à chercher la souffrance autour d’elle. Elle se complaît à la chercher et à l’imaginer en elle, elle vit entourée de croix imaginaires, elle s’attendrit elle-même sur sa crucifixion supposée. Elle est prête à verser des larmes amères pour le plus petit désagrément.
Elle consacre ses méditations à se souvenir de ses soi-disant croix, qui dans son imagination, surpassent bientôt celle de Jésus lui-même!
Pauvre âme religieuse! Sa manière de comprendre la sainteté, n’est pas le port courageux de la croix religieuse, mais une dévotion à «sa passion» qu’elle entretient, et qui n’est souvent formée que de petites bêtises: une petite incommodité, une légère fatigue, son amour propre égratigné, un petit mot piquant, un reproche injustifié, toutes sortes de petites choses auxquelles elle ne penserait même pas si elle se souvenait davantage de la Passion du Christ.
Rappelle-toi ma soeur, toi qui veux aimer de tout ton coeur Jésus et Jésus crucifié: Il t’a demandé si tu veux porter chaque jour la croix, la croix de la vie religieuse... Voilà ta croix la plus importante, ta tâche la plus importante, et non pas t’attendrir sur toi-même, parce que ce n’est pas toi qui dois vivre mais le Christ crucifié en toi. Tu dois t’occuper de lui et non pas de toi.
Sois sûre que si chaque jour, tu portes courageusement et volontiers la croix de la vie religieuse, tu trouveras et la force et le courage, et même la joie de porter les croix occasionnelles que Jésus t’enverra en récompense - comprends-le bien, en récompense pour ta fidélité à porter la croix religieuse.
En récompense? Oui, en récompense!
L’âme religieuse, venue par amour pour le Christ crucifié, ne comprendrait-elle pas ces paroles de St Bonaventure: «Chaque souffrance est un baiser du Crucifié»? Ne crois-tu pas que lorsque tu souffres avec joie et sérénité au pied de la croix, un Magnificat sur les lèvres et un Deo gratias dans le coeur, le baiser du Crucifié descend sur toi dans un rayon d’amour - n’est-ce pas là le bonheur?
Mais, revenant à la croix que tu t’as engagée à porter dans la vie religieuse, quelle est cette croix, que nous la connaissions bien clairement?
Voilà: la croix de la vie religieuse, c’est renoncer à soi-même, c’est fidèlement observer notre Règle et nos Constitutions, c’est vivre exactement nos voeux, c’est la vie communautaire.
Cette croix, prends-la sur toi chaque jour avec joie, et tu accompliras ce que Jésus souhaite quand il te dit: «Si tu veux me suivre...»

Chapitre III

NOTRE CROIX RELIGIEUSE C’EST NOTRE TRAVAIL INTÉRIEUR SUR NOUS-MÊMES

Nous n’avons pas besoin de chercher des souffrances extraordinaires. Prends sur toi courageusement la croix quotidienne du travail sur toi-même, et laisse Jésus te choisir les autres croix.
En entrant au couvent, tu n’as pas perdu ta nature, et il faut la combattre afin de pouvoir dire «Je vis, non ce n’est plus moi qui vis, (c’est-à-dire ma nature) mais le Christ qui vit en moi».
Ce sera pour ta nature une croix d’observer fidèlement les Constitutions - les Constitutions la contrarient, exigeant d’elle ce qui ne lui convient pas. Il ne te convient pas, ce silence religieux, il ne te convient pas, ce travail parfois très lourd, cette humilité exigée par les Constitutions, ni l’obéissance, ni notre pauvreté, et nos exercices spirituels, nos exercices de pénitence; etc. Voilà notre croix quotidienne.
Cette croix, prends-la courageusement sur toi, ne t’en libère pas, c’est ta croix principale, celle que Jésus, par la sainte Eglise, place sur tes épaules. Pour rien au monde, ne la rejette loin de toi.
Il y a des âmes religieuses qui voudraient inventer leurs croix, qui rêvent de disciplines, de jeûnes, de veilles, etc. Elles voudraient tendre à de grandes choses mais négligent les points des Constitutions, et les considèrent comme trop peu importants, insignifiants. Elles se trompent grandement. C’est justement cette fidélité quotidienne dans l’observance de nos Constitutions, du Directoire, de nos Usages, qui pèse le plus à notre nature. Cette fidélité exige de nous des efforts héroïques, c’est pourquoi les maîtres de la vie spirituelle disent que la vie consacrée, vécue dans l’accomplissement fidèle des règles religieuses est un martyre, peut-être plus méritoire qu’un martyre sanglant mais court, car ce martyre dure parfois de longues, longues années, jusqu’à la mort.
Tu veux, âme religieuse, suivre fidèlement Jésus? Mets-toi avant tout, à l’accomplissement fidèle de chacun des préceptes religieux; cela ne t’exposera pas à la vanité mais t’élèvera au dessus de la terre, haut, très haut, jusqu’à la croix du Christ.

Chapitre IV

NOTRE CROIX CE SONT NOS VOEUX

Tu aimes Jésus crucifié, et c’est justement pourquoi tu es venue au couvent, afin que par les saints voeux tu sois pour toujours clouée à sa croix, avec Lui, près de Lui.
C’est cela que tu considères comme un grand bonheur et avec raison. Sur la croix du Christ, tu es plus loin de la terre, plus proche du ciel!
Ta croix, celle qui t’unit au Christ crucifié, ce sont les saints voeux, c’est pourquoi tu les chéris, ces voeux aimés.
Aime la sainte pauvreté, réjouis-toi quand il t’arrivera d’en ressentir les effets. Tu vis sous l’obéissance et ta pauvreté lui est soumise, mais pour autant que l’obéissance te le permet, exerce-toi dans la pauvreté, aime la pauvreté, et jamais, jamais - toi, petite servante de Jésus pauvre - ne te plains des incommodités, de la nourriture simple, de quelque chose de moins beau. Ta croix aimée, c’est la pauvreté. Désire toujours plus de pauvreté et jamais moins.
Ta croix bien-aimée, c’est ton voeu de chasteté.
Voeu qui te détache de la terre et soumets le corps afin que le coeur libre puisse tendre vers le ciel sur les ailes de l’amour. «Mon Dieu et mon Tout».
Aime ce voeu qui t’apprend à mortifier le corps pour donner des ailes à ton âme. Ne cherche pas les plaisirs de la terre, puisque sur la croix tu trouveras le bonheur de l’amour. Quand le coeur n’est retenu à la terre par aucun fil, si tenu soit-il, quand le corps n’exige rien de la terre, alors l’âme sur la croix du Christ, se noie dans l’extase de l’amour le plus pur «Mon Jésus et mon Tout».
Aime la croix de l’obéissance. C’est elle qui t’unira totalement et le plus étroitement à la croix, au Christ, car en renonçant à ta volonté propre, tu t’unis à la volonté de Dieu. En toi c’est la volonté de Dieu qui vit, en toi vit Dieu lui-même.
L’obéissance est une croix pour ta nature indépendante. C’est un délice pour l’âme qui, par chaque acte d’obéissance fortifie en elle la vie de Dieu. Jamais ni aussi complètement tu ne sers Dieu que lorsque tu accomplis sa sainte volonté, et sa volonté t’est signifiée par la voix de la Règle et la voix de tes supérieurs. L’obéissance est la meilleure manière de servir Dieu. Plus que tout l’obéissance te cloue fortement à la croix de ton Sauveur, en te privant de ta volonté propre, cette substance de ton moi.
Oh, ne t’éloigne pas de l’obéissance, ne fut ce que d’un seul pas. L’obéissance, c’est l’accomplissement de la volonté divine, c’est ta sainteté.
Obéis, même si l’obéissance exigeait de toi les plus grande sacrifices. Obéis sans te plaindre, sans critiquer. La voix de l’obéissance est la voix de la volonté de Dieu.
Tu veux appartenir vraiment à Dieu, alors obéis!

Chapitre V

LA CROIX RELIGIEUSE C’EST LE RENONCEMENT A SOI-MÊME

«Tu veux me suivre» - alors «renonce-toi toi-même» t’a dit Jésus, et tu as répondu «Je le veux».
Tu as donc à prendre sur toi la croix du renoncement à ton «moi». C’est une croix qui exige de la bonne volonté, et une volonté forte.
Renoncer à soi-même, c’est mortifier continuellement la nature, c’est une mort lente de notre «moi», mort donnée par des coups d’épingle, le sang s’écoulant goutte à goutte jusqu’à ce que la nature épuisée par ce lent martyre, s’éteigne.
Si le grain de blé meurt, alors il donne du fruit cent pour un.
Mourir à soi-même par de petites mais incessantes mortifications, par un combat continuel avec la nature, mais c’est dur, c’est fatigant, c’est à n’y pas tenir! Oui, c’est vrai que c’est dur et fatigant, mais l’amour de Jésus crucifié rend tout facile et aimable.
Oublie-toi toi-même, détourne la pensée de ton «moi». Regarde la croix du Christ, et tu comprendras ces belles paroles: «Au pied de la croix, les épines se changent en roses, la souffrance en joie, la mort en douceur».
Renoncer à soi-même, mortifier constamment la nature, même de très petites choses, voilà ta croix religieuse, celle que tu as volontairement prise sur toi, c’est pourquoi avec joie, avec dilection, tu dois la porter par amour de ton Seigneur qui; par amour pour toi, a agonisé sur une croix d’infamie et de douleur.
Oh, si tu aimais Jésus, comme tu te porterais volontiers à ce renoncement à toi-même, à la mort de ton «moi» pécheur.

Chapitre VI

LA CROIX RELIGIEUSE C’EST LA VIE COMMUNE

Tu n’as pas besoin, ma soeur, de te chercher des croix. Regarde: une des croix religieuse c’est la vie commune.
C’est vrai que la vie commune dans une bonne Congrégation, est source de beaucoup de consolations. C’est pourquoi St Bernard s’écrie: «Oh, qu’il est bon, qu’il est doux de vivre avec des frères, en commun»
Néanmoins, c’est aussi une croix pour la nature humaine. Tu vis dans un contact étroit avec des gens qui sont portés au mal comme toi, des gens de bonne volonté, c’est certain, mais des gens faibles qui ont, comme toi diverses habitudes, faiblesses, fautes, et il faut savoir supporter les faiblesses, respecter les habitudes et couvrir leurs fautes du manteau de l’indulgence.
Cela est dur à la nature, parfois cela fatigue, irrite et fait naître dans ton coeur des aversions dont il faut se défaire. Cela exige parfois un combat, un dur combat.
Regarde cette vie commune comme une croix religieuse que tu veux porter volontiers avec un grand amour. L’amour transformera cette croix en bonheur. Le manque d’amour la transforme en un instrument de torture et amène dans la maison religieuse une atmosphère d’enfer.
Saches que la vie commune, c’est la croix religieuse. Désire donc la porter volontiers et saches également que dans la mesure où tu la porteras avec amour la vie deviendra pour toi un paradis, car «il est doux, il est bon de vivre avec les soeurs en commun».

Chapitre VII

DES CROIX OCCASIONNELLES

Si une âme porte de bon coeur la croix religieuse, il ne lui sera pas difficile d’accepter volontiers celles que le Seigneur lui enverra de surcroît.
Car tu es venue pour vivre avec le Christ cloué à la croix. Les croix pesantes, grandes, comme la maladie, la mort, la nuit de l’âme, des échecs dans les oeuvres, des soucis lourds qui vous rongent, tout cela fait mal et quand Dieu nous épreuve de la sorte rappelons-nous que nous sommes venues pour être près du Christ crucifié.
Aussi, devons-nous aimer chaque croix, car chacune conduit à Dieu, car chacune fortifie en nous l’amour de Dieu.
Nous parlons là des grandes croix, celles qui ne sont pas le résultat de la fantaisie, de l’imagination névrosée, mais qui vraiment méritent d’être appelées des croix.
Car c’est la main de Jésus qui nous les envoie, comme preuve de son amour envers nous. Ou bien comme récompense de notre fidélité à porter la croix religieuse, ou comme pénitence pour les fautes commises, pour nous donner la possibilité de purifier notre âme des taches du péché.
Par conséquent, cette croix, source du saint amour, preuve de l’amour de Jésus pour nous, ne devons-nous pas la serrer sur notre coeur, nous écriant avec une sainte joie: «Salut ô croix, mon unique espérance».
Ame religieuse, comprends quel trésor est pour toi la croix. C’est elle qui, plus que tout, t’unit étroitement à Jésus. Et tu apprendras à souffrir joyeusement, un Magnificat aux lèvres, et un «Do grattais» dans le coeur.

Chapitre VIII

COMMENT PORTER LA CROIX QU’ELLE SOIT RELIGIEUSE OU OCCASIONNELLE

Voilà justement la chose la plus importante: savoir porter la croix, comme doit le faire une vraie servante de Jésus crucifié.
Les âmes religieuses laissent parfois beaucoup à désirer en cela. Que de religieuses gémissent à la moindre contrariété, ne savent pas porter la plus petite croix sans plaintes, murmures ou larmes. C’est une honte! Et pire encore, une preuve de manque d’amour; de manque d’esprit de pénitence.
Car en entrant au couvent, tu as pris sur toi volontairement le devoir de porter la croix, la croix religieuse, avant tout, mais aussi de porter toutes les croix que Jésus voudra t’envoyer, car tu es venue par amour du Crucifié dont tu portes l’image sur la poitrine.
Tu es venue pour être une consolation pour le Crucifié, tu es venue pour être clouée à la croix avec Lui, t’écriant comme St Paul: «A Dieu ne plaise que je me réjouisse en autre chose que dans la croix de Notre Seigneur Jésus Christ, pour lequel le monde m’est crucifié, comme moi pour le monde».
Crois-tu que pour cet Homme de douleurs tu deviennes une consolation si tu es toujours à pleurer ta propre passion, si tu t’attendris sur ta propre croix.
Crois-tu que tes croix seront pour toi une source d’amour si elles ne servent qu’à t’éloigner de la Croix et à diriger tes pensées vers ton propre «moi».
Ma soeur, comprends bien ce qu’est la croix pour une âme aimante. La croix ouvre les horizons sans bornes de l’amour, la croix te cloue au Coeur de Jésus agonisant mais seulement dans la mesure où tu la porteras volontiers, joyeusement; sans mauvaise humeur, sans te plaindre, gémir et empoisonner la vie des autres, en racontant tes propres souffrances, si tu la portes en silence pour Jésus et pour Jésus seul - (le regard humain tombant sur tes petites croix leur enlève la lumière et l’éclat qui les entourent) si tu la portes joyeusement et avec reconnaissance. Oui! Joyeusement.
N’est-ce pas pour toi une joie que la croix t’unisse toujours plus étroitement avec Jésus?
N’est-ce pas une joie que la croix portée volontiers soit le chemin le plus court vers le ciel?
Ainsi ma soeur, apprends à souffrir selon Dieu, à souffrir sans découragement, sans plainte, sans mauvaise humeur, sans gémissement et sans larmes; en silence, doucement; gaiement, dans la joie, et la souffrance deviendra pour toi source du vrai bonheur, car ce sera le bonheur de la pénitence, et le bonheur de l’amour.






















TESTAMENT DE SAINTE URSULE LEDOCHOWSKA
Mes dernières paroles à mes chères enfants

Voilà mon travail terminé, ces demandes que je vous ai adressées, mes chères enfants.
Je voudrais encore et encore vous prier avant tout de vous efforcer à la sainteté.
C'est le but de votre entrée en religion, c'est la volonté de Dieu – votre sanctification.

Soyez saintes, et la bénédiction de Dieu reposera sur notre Congrégation.
Soyez saintes, et vous attirerez les âmes à Dieu avec facilité,
soyez saintes, et le bonheur de Dieu habitera en vous,
soyez saintes, et vous serez la consolation du cœur de Jésus agonisant.
Soyez saintes !
Oh, avec quelle joie je regarderai du ciel mes enfants tendant avec force vers la perfection. Recherchez avent tout le royaume de Dieu et sa justice.

Et une fois encore, je vous en supplie, mes enfants, vivez dans l'unité et la concorde,
dans un amour sincère, en formant comme les premiers chrétiens, un seul cœur et une seule âme.
Oui, là où il n'y a ni union ni concorde, il ne peut y avoir la bénédiction de Dieu.
Là il n'est pas question de sainteté.

Soyez humbles, et vous saurez conserver un saint amour, l'union et la concorde en Dieu.
Mieux vaut céder,
mieux vaut souffrir un léger dommage extérieur, même si votre avis est le meilleur,
mieux vaut céder à celui des autres moins profitable,
pourvu que l'amour fraternel ne soit pas blessé.

Vous voulez que votre travail se développe ?
Vivez dans l'amour et la concorde.
Vous voulez être saintes ?
Vivez dans l'amour et la concorde.
Vous voulez conduire les âmes à Dieu ?
Vivez dans l'amour et la concorde.

Rien ne parle autant au cœur des hommes, en faveur d'une congrégation religieuse, que la vue de religieuses unies par des liens fraternels d'amour cordial.

Tâchez que vos sœurs se sentent bien auprès de vous.
Accomplisses volontiers leurs désirs, s'il concordent avec l'exécution de vos devoirs.

Sacrifiez volontiers votre agrément personnel pour leur faire plaisir,
et Dieu sera avec vous et vous bénira.

Il me semble, je crois, que je pleurerais au ciel,
si je devais voir mes enfants divisées en partis, luttant entre elles, se disputant.
Mieux voudrait que notre Congrégation cessât d'exister,
plutôt que de tomber dans la division et la discorde.
Dieu nous en préservé !

Et maintenant, je vous quitte, mes enfants.
Je vous en prie, si vous m'aimez, témoignez amour, respect et obéissance,
à celle qui sera choisie (si je meurs étant supérieure générale) pour être ma remplaçante.
Ne rendez pas la vie difficile à votre supérieure, facilitez-la lui toujours, toujours.
Je vous le demande instamment.
Dieu soit avec vous.
Priez pour ma pauvre âme, misérable et pécheresse.
N'oubliez pas votre vieille mère
qui toujours vous aimera et priera pour vous
et qui bénira ses enfants,

au nom du Père + et du Fils +et du Saint Esprit ! Amen.









Ursule Ledochowska
TESTAMENT
8ème demande
La dévotion à la Vierge Marie
Dans ce testament, je me dois de consacrer quelques pages à notre Mère, notre Reine, notre Dame, Marie très sainte.
Aimez Marie, aimez-la très ardemment, très sincèrement, comme de bons enfants.
C'est notre mère.
Aimez-la car Dieu nous l'a donnée, et Jésus sur la croix nous l'a laisse en testament.
La dernière volonté de Jésus vis-à-vis de nous, c'est que nous soyons pour Marie des enfants aimants.
Tâchez de l'être, priez pour cela, tendez-y de toutes vos forces, car Marie est notre mère si bonne, si miséricordieuse.
Elle désire notre salut, plus que nous le désirons nous-mêmes.
Allez donc à elle, courez toujours vers elle avec une confiance d'enfant.
Ne vous laissez jamais aller au découragement ni ne permettez au manque de confiance, de régner dans votre cœur, jamais !
Soyez sûres que Marie ferait un miracle pour vous venir en aide, plutôt que de vous abandonner.
Malgré les orages parfois violents, reposez-vous en paix auprès de Marie, comme des enfants sur le sein de leur mère.
Aimez ce qui est agréable à Marie, par conséquent, aimez le chapelet. N'en prononcez pas seulement les paroles, mais dites-le par votre vie tout entière, mettant en pratique les vertus de Marie que nous présentent les mystères du Rosaire.
Que votre récitation du chapelet soit un acte de ardent amour envers Marie, une incitation à la vertu, un examen de conscience sur votre fidélité à l'imiter, une aspiration à la sainteté, à l'exemple de la sainteté de Marie.
Ayez toujours votre capelet près de vous, et le jour et la nuit. Ne l'abandonnez jamais.
Qu'il soit votre ami fidèle, la chaîne qui lie votre cœur au cœur de notre mère du ciel.
Que vous soient particulièrement chères ces paroles de la sainte Vierge, devise de notre Congrégation :
« Je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole »
La meilleure preuve, sans aucun doute, de notre amour envers Marie, c'est d'imiter ses vertus.
Souhaitez donc, comme elle, l'immaculée toute sainte, être de fidèles servantes du Seigneur, toujours prêtes à accomplir sa volonté, que celle-ci soit pour vous claire et agréable, ou qu'elle vous apporte la souffrance et la croix.
La volonté de Dieu !
De même que Marie en accueillit toujours le moindre signe, en prononçant tout d'abord son « Ecce ancilla... » puis en le répétant de cœur et d'action, tout au long de sa vie, ainsi, mes enfants, à son exemple, soyez en toute circonstance les humbles servantes du Seigneur.
Accueillez toujours la volonté de Dieu, quelle qu'elle soit, un sourire aux lèvres, un fiat et un Deo gratias au cœur, même avec des larmes dans les yeux, comme Marie.
Et quand la volonté de Dieu vous oppressera douloureusement, et que les forces vous manqueront pour une calme résignation, levez alors les yeux vers Marie, vers votre Mère si tendre, et priez-la :
O Mère, apprenne-nous à être toujours les humbles servantes du Seigneur, ne désirant qu'une seule chose, l'accomplissement de sa volonté et non de la nôtre.
Aimez Marie, mes enfants, aimez votre chapelet et croyez-moi, la meilleure des dévotions à Marie est d'être à son exemple, une humble, silencieuse et fidèle servante du Seigneur, répétant toujours, par le cœur et l'action :

'Me voici, qu'il me soit fait, comme Dieu le veut, comme dieu le veut. »







 


Pensés de Mère Ursule : 

 Aimer le prochain
c'est le rendre heureux.
  
    
Je dois être apôtre et je puis l'être
       par l'amour du prochain, par la bonté, la sérénité
 car c'est l'apostolat de l'action parfois plus efficace que la parole.
  



     Un visage serein, souriant est un véritable apôtre
parfois plus efficace qu'un sermon enflammé

car il parle d'une personne heureuse
auprès de Dieu.


       Un sourire sur un visage serein
exprime la joie intérieure de la personne unie à Dieu.
Il dit la paix d'une conscience pure,
la remise insoucieuse entre les mains du Père
qui n'oublie jamais ceux dont la confiance totale est en lui.

  



       Je désire vous donner un conseil d'un cœur sincère,
souhaitant vous voir toujours heureuses et bonnes :
cherchez à traverser la vie
en offrant du bonheur aux autres.
Soyez semblables à de clairs rayons de soleil
qui portent à toute créature chaleur et lumière.

  


 


        Allez par le monde un sourire aux lèvres.
Allez semer un peu de bonheur souriant à tous
mais surtout aux attristes, aux découragés par la vie à ceux qui tombent sous le poids de la croix,
leur souriant de ce clair sourire qui parle de la bonté de Dieu.


 Lis, relis l’Évangile ;
tu y trouveras la perle précieuse qui illuminera ta vie.
Tu y trouveras Jésus
qui deviendra le compagnon inséparable de ta vie,
le meilleur des conseillers,
la force aux moments de faiblesse,
le Maître aux heures de ténèbres.
  
 


Nous avons besoin de personnes
de bonne volonté,
pleines d'énergie, de zèle pour Dieu
et d'une bonne dose de saine gaieté
car il faut savoir que cette gaieté inaltérable et rayonnante
est un réel apôtre qui, sans parole dit efficacement que le Seigneur est bon.






DU TESTAMENT DE SAINTE URSULE LEDOCHOWSKA

PREMIÈRE DEMANDE
L’AMOUR DU SACRE CŒUR

La première et la plus instante des demandes que je vous fais, mes enfants, c’est d’aimer le divin Cœur de Jésus, de l’aimer avec toujours plus de ferveur, et cela par le cœur immaculé de Marie.

DEUXIÈME DEMANDE
L’HUMILITE
L’humilité est la vertu caractéristique, fondamentale, des Ursulines du Cœur de Jésus.
Je vous en supplie, mes enfants, soyez humbles.

3ème demande
L’AMOUR FRATERNEL
Vivez pour le bonheur des autres et la consolation du Cœur agonisant de Jésus.

4ème demande
PAUVRETE
Dans la pauvreté et le travail, même dur et ennuyeux, je désire vous voir, mes très chères enfants.
5ème demande
OBÉISSANCE
Si votre obéissance découle de la foi, il ne vous sera pas difficile d’accomplir la volonté de Dieu
6ème demande
PRIÈRE
Priez, mes enfants. Je ne peux rien vous conseiller de meilleur
7ème demande
L’AMOUR DU CRUCIFIÉ
La meilleure manière de consoler Jésus sur la croix, de lui témoigner votre amour, c’est d’imiter ses vertus.

8ème demande
LA DÉVOTION A LA VIERGE MARIE
La meilleure des dévotions à Marie est d’être à son exemple, une humble, silencieuse et fidèle servante du Seigneur.

9ème demande
La MORTIFICATION
Mortification : savoir porter en silence et volontiers les petites croix que Dieu nous envoie : c’est l’amour de la croix. … Exerce-vous donc courageusement dans cette ascèse de grande valeur : celle qui consiste à pratiquer la vertu.

10ème demande
SAINTE REGLE
La fidélité à la sainte Règle est pour nous la voie la plus sûre et la plus directe vers la sainteté.

11ème demande
LA VOLONTÉ DE DIEU
Souviens-toi :
·         la meilleure des prières : se conformer à la volonté de Dieu
·         la meilleure pénitence : s’abandonner doucement à la volonté de Dieu
·         la meilleure manière d’aimer : accomplir fidèlement la volonté de Dieu.

12ème demande
LA SERENITE DE L’AME
Le meilleur geste d’amour envers le prochain est peut-être cette constante sérénité intérieure,
Irradiant autour d’elle de chaudes et clairs rayons.

13ème demande
LE TRÈS SAINT SACREMENT
Sous les rayons de ton soleil eucharistique, même s’il te semble que tu ne fais rien. Attends et aies confiance. Jésus lui-même travaille dans ton âme, Mais ne fuis pas Jésus.

14ème demande
RECUEILLEMENT - SILENCE
Le silence est la paix de l’âme.

16ème demande
LE ZELE POUR LE SALUT DES ÂMES
Mes enfants, que dans vos cœurs, brûle constamment le feu du saint amour des âmes. Sauver les âmes, les conduire à Jésus, Leur faire connaître la bonté infinie de son Cœur, Voilà l’idéal, auquel nous devons nous consacrer.

DERNIÈRE DEMANDE
Soyez persévérantes, mes enfants, la persévérance vous donnera certainement la victoire. Jamais, jamais ne vous laissez aller au découragement.

MES DERNIÈRES PAROLES A MES CHÈRES ENFANTS
Soyez saintes, et la bénédiction de Dieu reposera sur notre Congrégation. Soyez saintes, et vous attirerez les âmes à Dieu avec facilité ; soyez saintes, et le bonheur de Dieu habitera en vous ; soyez saintes, et vous serez la consolation du Cœur de Jésus agonisant.