DIRECTOIRE
TESTAMENT DE SAINTE URSULE LEDOCHOWSKA
DU SERVICE DE DIEU EN GÉNÉRAL
Les mots de la Vierge
Marie: « Je suis la Servante du Seigneur, qu’il me soit faite
selon ta parole » constituent la devise des Ursulines CJA.
Chaque Ursuline CJA est
servante du Seigneur. Elle doit s’y sentir tenue, y tendre
continuellement afin de servir son Seigneur le plus fidèlement
possible;
En quoi consiste ce
service, ce fidèle service de Dieu? Dans l’accomplissement
quotidien, fidèle, incessant de la volonté de Dieu. Je suis la
servante, il est le Seigneur, qu’il en soit donc comme Il le veut.
C’est ainsi qu’il me faut agir.
Je dois avancer dans la
vie, les yeux fixés sur la très sainte volonté de Dieu, et
toujours désirer l’accomplir le plus étroitement possible;
Le service de Dieu c’est
la prière - et la meilleure des prières est l’acceptation
constante de la volonté de Dieu.
Le service de Dieu c’est
la pénitence - et la plus rationnelle et le meilleure des
pénitences, c’est le support joyeux et silencieux de la volonté
de Dieu.
Le service de Dieu c’est
l’amour - et l’acte d’amour le plus pur c’est
l’accomplissement courageux de la volonté de Dieu, partout et
toujours.
Souvenons-nous de ceci:
s’il est du devoir de chaque chrétien de servir Dieu, une
religieuse doit plus particulièrement s’y sentir obligée car elle
est et doit être une fidèle servante du Seigneur.
Rappelons-nous aussi que
notre service de Dieu doit être vigoureux, s’appuyant sur la
volonté et la raison, et non le sentiment.
Notre service de Dieu
sera un combat persévérant contre notre «moi», parfois sans
consolation ni douceur mais en gardant devant les yeux ce seul but:
l’accomplissement fidèle de la volonté de Dieu, la recherche non
de soi-même mais de Dieu.
Ne cherchons pas des
choses extraordinaires: nous sommes venues servir le Seigneur, il n’y
a rien de plus simple que cela. Cherchons seulement partout et
toujours à accomplir fidèlement sa volonté et Dieu sera avec ses
petites servantes, et Il en sera content.
CE QUE DIEU EXIGE DE NOUS
Nous sommes les servantes
de Seigneur. Nous voulons le servir le plus fidèlement possible.
Avant tout, nous devons savoir ce que Dieu veut de nous et comment
nous pourrons plaire à notre Seigneur Jésus.
Nous, les servantes du
Coeur de Jésus agonisant, tournons nos regards vers la croix afin de
comprendre le désir de ce Coeur agonisant.
Contemplons ce Coeur: il
est entouré des flammes de l’amour qui nous rappellent: «Aimez
comme je vous ai aimés». Les épines l’encerclent et semblent
nous dire: «Faites pénitence, comme j’ai fait pénitence».
Amour, pénitence - voilà
notre devoir, notre service de Dieu. Esprit d’amour et de
pénitence, dans la prière, dans l’humilité, l’amour de
prochain, dans le travail dur et souvent peu agréable, dans la croix
de la vie religieuse, dans la souffrance.
Amour, pénitence - du
matin au soir, partout et toujours.
Chaque fois que notre
regard tombe sur le crucifix, souvenons-nous que le Très saint Coeur
de Jésus Agonisant attend de ses petites servantes comme une douce
consolation d’amour et de pénitence.
PREMIÈRE PARTIE
A - LA PRIÈRE
Chapitre I
DE LA PRIÈRE EN GÉNÉRAL
Nous sommes les servantes du Seigneur;
notre service de Dieu c’est la prière, en particulier la prière
prescrite par nos Constitutions.
La merveille, pour les pauvres petits
vermisseaux terrestres que nous sommes, c’est que nous pouvons
converser dans la prière avec notre Seigneur et notre Maître.
Aussi, que
l’accomplissement du devoir de la prière soir pour nous une joie,
un bonheur. Prions avec joie, la joie de l’amour, même si la
sécheresse nous tourmente, même si la prière d’amour se
transforme en pénitence pour notre pauvre nature humaine.
Pourvu que ta volonté
soit de bien prier, cela suffit.
Toutefois, ne sois pas
attachée à la prière, mais seulement à la volonté de Dieu.
Aussi, si l’obéissance
t’ordonne, pour un travail important, de quitter la prière, ne te
plaine pas, ne t’énerves pas: Il faut savoir quitter Dieu pour
Dieu. Ce serait mal si tu abandonnais volontiers la prière, si tu te
cherchais un travail pour avoir une raison de l’abandonner.
Mais si quitter la prière
est pour toi un sacrifice, tu ne souffriras aucun dommage intérieur,
au contraire, ce sacrifice se changera en mérite.
Que se soit par la prière
ou par le travail, aime la volonté de
Dieu. Aies un seul désir:
accomplir fidèlement cette volonté divine
Chapitre II
DE L’ORAISON
L’oraison est la base
la plus importante, en quelque sorte le fondement de la vie de l’âme.
C’est sur elle que doit
s’appuyer tout le travail d’acquisition de la sainteté.
C’est pourquoi il est
si important que nous fusions notre méditation chaque jour,
fidèlement, que nous la fassions bien, pour autant que nos propres
forces nous le permettent, que nous fassions de notre parte, tout ce
qui peut contribuer à une bonne oraison.
L’Esprit souffle où il
veut. Dieu conduit les âmes dans l’oraison par des voies
différentes, mais il faut savoir comment s’y prendre quand Dieu,
justement, nous laisse à nous-mêmes, quand nous nous sentons
abandonnés et froids.
Le plus sûr alors, est
de suivre la méthode de Saint Ignace. Selon ce grand saint, la
méditation est l’exercice des trois facultés de l’âme:
l’intelligence, le coeur et la volonté.
L’intelligence
considère une vérité, du coeur naissent des sentiments, la volonté
émet une résolution, l’âme, dans une prière fervente, unit tous
ces éléments en un tout.
Nous basons en général
nos méditations sur l’évangile. Lis donc le soir, pendant le
temps consacré à la préparation de la méditation, le passage
d’évangile indiqué, une foi, deux fois, afin de bien le graver
dans ta mémoire. Lis ensuite avec attention les points de la
méditation, et réfléchis rapidement à quelle résolution cette
méditation pourrait t’encourager.
En allant te coucher le
soir, en t’habillant le matin, fais à nouveau rapidement mémoire
du passage d’Evangile qui a été lu. Considère la personne claire
et lumineuse du Christ, ses vertus, ses exemples, ses souffrances.
Commence la méditation par la prière et les actes qui sont
prescrits dans le Vade Mecum. Ensuite lis à nouveau le passage
d’Evangile, les points de la méditation si tu en sens la
nécessité, car il est possible que la seule lecture de l’Evangile
élève ta pensée.
Le plus longtemps
possible, reste auprès de Jésus, parle avec lui, presse toi contre
lui, reçois son enseignement, admire-le. C’est de cette manière
que tu te rapprocheras de Jésus. Tu apprendras de lui comment te
conduire, et il deviendra ton compagnon de vie, ton ami.
Ensuite, à la lumière
du texte évangélique, examine toi. Es-tu, un tout petit peu
semblable à Jésus; combats-tu pour ôter de toi ce qui ne lui plaît
pas, pour agir selon son enseignement? Ne réfléchis pas trop
longtemps une telle réflexion ne doit pas occuper plus de la moitié
du temps consacré à l’oraison.
La méditation doit
produire en ton coeur divers sentiments: regret de tes fautes,
humilité, mépris de soi, confiance en Dieu, amour, acceptation de
la volonté de Dieu, etc. Ouvre largement ton coeur à ces
sentiments, soit à l’un d’entre eux, soit à tous, comme Dieu te
l’inspirera. Et même si tu ne sentais rien, prononce de temps à
autre de courtes invocations conformes à ces sentiments, et Dieu
acceptera ta bonne volonté.
La méditation ne donne
pas toujours la joie d’aimer, elle apporte souvent les épines de
la pénitence.
Ensuite, formule bien tes
résolutions pour ce jour: d’abord la résolution de l’examen
particulier, celle de ta retraite annuelle, peut-être une résolution
qui découle de la méditation elle-même.
Présente-les à Dieu par
les mains de ta mère, Marie, et demande par une prière fervente, la
force de les accomplir fidèlement.
Prie, demande, crie au
secours. A quoi te servira de méditer, si par la prière, tu
n’obtiens pas la grâce de tenir les résolutions prises pendant la
méditation?
Prie non seulement pour
toi-même mais aussi pour les autres. Embrasse la Sainte Eglise tout
entière, le monde entier dans ta prière. Dieu aime les âmes
généreuses qui ne pensent pas seulement à elles, mais aussi aux
besoins des autres.
Termine l’oraison en
demandant la bénédiction de Jésus et de Marie.
A la fin, rends-toi
rapidement compte du déroulement de ta prière. Remercie Dieu si
elle a été bonne; demande pardon se elle n’était pas bien faite
et prends la résolution de mieux faire le lendemain.
Efforce-toi pendant la
journée, de temps en temps, de te rappeler l’essentiel de la
méditation. Contemple avec amour Jésus, tiens-le par la main.
Demande-lui de rester près de toi.
Si le texte d’Evangile
donné pour l’ensemble ne te convient pas, tu peux chercher un
autre sujet de méditation. Cependant, ne t’éloigne pas trop
facilement de ce qui est prescrit pour la Congrégation entière, car
c’est une consolation de savoir que; dans toutes les maisons de la
Congrégation, toutes les soeurs se rencontrent dans la même
méditation, que tous les coeurs des Ursulines CA s’unissent dans
la même prière, dans les mêmes aspirations, dans la méditation du
même texte d’évangile.
Cette méditation, la
même pour toutes, est pour nous, un lien indestructible, qui change
nos coeurs et nos âmes en un seul coeur et une seule âme aux pieds
de Jésus.
L’évangile est une
source inépuisable pour les âmes de bonne volonté. Dieu te donnera
peut-être d’autres moyens de faire oraison. Il peut t’appeler à
un haut degré de contemplation. Suis alors, l’appel de Dieu.
Toutefois, s’il ne t’y
appelle pas, va de l’avant, travaillant de toutes tes forces dans
la voie commune de l’exercice des trois facultés de l’âme.
Marche, courageusement,
même si la méditation ne t’apporte pas de consolation. Il ne
s’agit pas de trouver consolation dans l’oraison, mais que ton
oraison soit une consolation pour le Coeur de ton Seigneur, qu’elle
soit un acte d’amour et aussi de pénitence.
Chapitre III
DE LA SAINTE MESSE
La Sainte Messe est,
selon l’enseignement de l’Eglise le renouvellement non sanglant,
du sacrifice sanglant du Christ.
En elle, le Seigneur
Jésus s’offre comme victime propitiatoire pour nous, nous obtenant
ainsi la grâce et le pardon.
Jésus lui-même, à la
parole du prêtre, vient sur l’autel, lui-même prie pour nous. Il
est le médiateur entre notre pauvre et misérable humanité, et
Dieu, grand et saint;
Avec quelle révérence
devons-nous donc participer à la sainte messe!
Avant tout,
souvenons-nous que les dimanches et fêtes, nous devons prendre part
à la Messe en esprit d’obéissance à la sainte Eglise qui nous a
donné le commandement «d’entendre avec piété la sainte messe
les dimanches et jours de fête».
Si nous avons un missel,
le mieux sera, surtout en ces jours-là, de prier en union avec le
prêtre, avec ses paroles mêmes. Ceci ne conviendra peut-être pas
tellement à notre sensibilité, mais unira davantage notre prière à
celle des millions de prêtres qui, au même instant, célèbrent la
sainte messe sur toute la surface de la terre, et notre incapacité
sera couverte par la sainteté de notre mère, la sainte Eglise
catholique.
Tu peux aussi méditer,
pendant la Sainte messe, la Passion du Christ, en suivant les
stations du chemin de croix, l’une après l’autre. Pendant
l’élévation, tu lèveras les yeux sur Jésus en Croix, et à la
sainte communion tu lui prépareras un lieu de repos dans ton coeur,
et tu lui diras: J’ai cherché celui que mon coeur aime, je l’ai
trouvé et je ne le laisserai plus aller.
Ou bien, tu peux aussi
partager la messe en quatre parties. Dans la première, de l’introit
à l’Evangile, tu t’humilieras profondément devant ton Seigneur,
et dans un acte de profonde contrition, tu lui demanderas le pardon
de tes péchés.
Dans la seconde, jusqu’à
l’élévation, tu offriras au Seigneur, un acte de la soumission la
plus complète à sa sainte volonté.
Dans la troisième
partie, jusqu’à la communion, tu resteras auprès de Jésus en
croix, dans un acte d’amour ardent, et dans l’action de grâces.
Et dans la dernière
partie, jusqu’à la fin de la messe, tu présenteras au Seigneur
toutes tes demandes, tes besoins, tes désires, et avant tout, tu lui
demanderas la sainteté, pour toi même et pour toutes tes soeurs.
Remercie surtout le
Seigneur, de pouvoir être présente, aussi fréquemment à la sainte
Messe. Efforce-toi toujours de profiter des grâces que la messe peut
t’obtenir.
N’épargne pas tes
efforts pour entendre la sainte Messe avec piété et fidélité,
même si tu n’en retires aucune consolation sensible.
Rappelle-toi toujours que
la consolation est une douceur divine, agréable; toutefois, elle
n’est pas nécessaire à notre sanctification.
Nous voulons consoler le
Divin coeur de Jésus, soit par le bonheur que nous éprouvons dans
l’amour, soit par les souffrances de la pénitence, de la
sécheresse spirituelle, de la solitude du coeur.
Cherchons Jésus,
uniquement Jésus, sa sainte volonté et rien de plus.
Chapitre IV
DE LA SAINTE COMMUNION
Le centre vers lequel
toute notre vie doit graviter, c’est la sainte communion. Car nous
nous unissons par elle au Seigneur Jésus, de la manière la plus
étroite possible, Lui qui veut être la nourriture de notre âme,
pauvre et misérable, afin de la fortifier dans le combat pour le
ciel.
Aussi, comprenons-le
bien; cherchons notre Dieu dans la sainte communion, et non notre
consolation, sa volonté et non notre volonté. Fais de ton côté,
tout ce qui est en ton pouvoir pour que ton coeur soit préparé le
mieux possible à recevoir son Seigneur. Mais laisse-lui la liberté:
qu’il agisse avec toi comme il le veut, Lui. Ne veuilles pas lui
dicter ce qu’il faut te donner, et comment se conduire avec toi.
Pour recevoir la
communion de façon bonne et profitable, il faut considérer trois
moments:
1). la préparation à la
communion;
2). la réception même
du Seigneur Jésus;
3). L’action de grâce
après la sainte communion.
1) préparation à la
communion du jour suivant. Commence à te préparer à la sainte
communion depuis l’examen de conscience de midi, et cela d’une
manière simple et tranquille.
De temps en temps,
immédiatement après l’examen de conscience, à chaque visite au
Saint Sacrement, pendant les moments libres, invite Jésus par une
invocation très courte: «Jésus vient, car je languis après toi».
Que ton esprit languisse
après Jésus, car il te dit que tu es misérable, faible, froide,
mauvaise, pécheresse; que, par conséquent, tu as besoin de celui
qui couvrira ta misère, fortifiera ta faiblesse, réchauffera ton
coeur froid, corrigera ta méchanceté, pardonnera tes péchés.
Aussi, même si tu ne sens pas ce désir, que ton intelligence
appelle: «Seigneur, viens, car j’ai tant besoin de toi».
Efforce-toi, pour
recevoir ton Seigneur, d’avoir à lui offrir quelques petits actes
de vertus, de petits actes d’amour du prochain, de serviabilité,
de mortification, d’assiduité au travail. Cueilles pour lui un
bouquet de vertus: les actes remplacent cent fois les sentiments.
Ainsi, efforce-toi de poser des actes d’amour pour recevoir ton
Seigneur.
En te réveillant le
matin, rappelle-toi aussitôt que tu dois tenir ton coeur ouvert pour
recevoir Jésus, et appelle-le de nouveau: «Viens, Seigneur».
Pendant la méditation,
orne ton coeur d’actes de vertus, afin que le Seigneur s’y trouve
bien et demande à la Sainte Vierge qu’elle-même te conduise à la
table du Seigneur et qu’avec toi, elle aime Jésus, avec toi, le
prie.
2) Ainsi préparée, va à
la sainte communion. Reçois Jésus des mains de Marie, elle t’aidera
à l’honorer comme il convient.
Comprends qui est ce
Seigneur qui pénètre dans ton âme, sous les espèces du pain. Il
est ton Dieu, ton Père, ton Frère, ton ami, ton Rédempteur, ton
consolateur. Il est ta force, ton appui, ta lumière, ton
espérance. Il est le soleil de ta vie. Ton Tout sur la terre.
«O Jésus viens, viens
dans mon pauvre coeur».
3) Après la communion,
vide ton coeur de toutes pensées terrestres, sentiments, désirs.
Apaise ton coeur, et dans ce silence, que Jésus lui-même en prenne
possession.
Lui seul est ton maître,
et tu es sa petite servante. Ainsi, que ton coeur rencontre ce grand
coeur divin, dans l’acte d’amour le plus pur. Aime, cherche à
aimer. Répète de temps à autre: «Mon Jésus, je t’aime, je
veux t’aimer par toute ma vie»
Donne-toi complètement à
Jésus, pour toujours, dans un acte de reconnaissance le plus cordial
possible, et demande, demande instamment, avec force, tout ce qui
peut te conduire à la sainteté. Demande pour toi, pour tes soeurs,
pour toute l’Eglise catholique; Jésus en toi t’écoutera
certainement.
Quand viendra le moment
de quitter le temple du Seigneur, pour te rendre à tes travaux
quotidiens, à tes occupations, dis à ton Seigneur que jusqu’à
présent tu lui as exprimé ton amour par des mots, et des
sentiments, mais que maintenant tu le lui montreras par tes actes,
qui seront des actes d’amour envers le prochain.
Dis-lui que tu veux
l’aimer, le servir dans tes soeurs, dans les enfants, dans tous
ceux avec qui tu auras à faire.
L’amour ne se prouve
que par des actions d’amour. Les paroles, les sentiments peuvent
être illusion. Les actes, eux, sont vérité.
Ainsi, sers Jésus dans
le prochain.
Aime-le dans le prochain.
Dirige vers lui, comme la
fleur vers le soleil, tes travaux, tes joies et tes peines.
Lance vers lui des actes
rapides de reconnaissance et à nouveau, après l’examen de
conscience de midi, recommence à te préparer à la prochaine
communion.
Chapitre V
DE LA CONFESSION
La Sainte Eglise désire
que les religieuses se confessent toutes les semaines. Dans la mesure
du possible, que personne ne s’écarte de la confession
hebdomadaire. Si toutefois les prêtres manquent, tu t’en
abstiendras, offrant cette mortification au Seigneur et t’efforçant
doublement à la pureté de conscience, pour pouvoir chaque jour
continuer à recevoir la sainte communion.
Les conditions d’une
bonne confession, tu les connais par le catéchisme: l’examen de
conscience, la contrition des péchés, une forte résolution de se
corriger, une confession sincère, et l’accomplissement de la
pénitence pour tes péchés.
Apprécie hautement
chaque confession, même si elle est pénible à ta nature. Chacune
de tes confessions devrait en réalité, être le renouvellement de
ce que fut la première des confessions: celle de M. Madeleine aux
pieds de Jésus. C’est d’elle que nous devons apprendre comment
nous confesser.
Avant toutes choses,
rappelle-toi que tu n’es pas à genoux devant le prêtre; mais
devant le Seigneur Jésus. Que tu ne te confesses pas au prêtre,
mais au Seigneur Jésus - que ce n’est pas le prêtre qui te remet
les péchés, mais le Seigneur Jésus. Oublie qu’il y a un prêtre
dans le confessionnal. Va à Jésus. Agenouille-toi aux pieds de
Jésus - confesse-toi aux pieds de Jésus et sache que, quand le
prêtre prononce sur toi les paroles de l’absolution, c’est des
plaies mêmes de Jésus que coule le sang de l’agneau afin de laver
ton âme des tâches du péché.
Saches que la condition
la plus importante pour une bonne confession c’est la contrition.
Cette contrition silencieuse et profonde de la volonté qui s’exprime
à l’extérieur par la fuite de tout péché, même le plus léger.
Regrette tes fautes aux
pieds du crucifié, c’est là que tu trouveras le plus facilement
les larmes de la contrition: cette souffrance réelle de l’âme
pécheresse.
Ne crois pas que la
valeur de la confession dépende de sa longueur, loin de là: C’est
une faiblesse de la femme que de vouloir occuper d’elle-même.
Parfois dans la confession, on se recherche soi-même.
La confession semble être
meilleure si elle a duré plus longtemps, et on pense alors davantage
à l’impression que l’on a pu faire sur le confesseur - à ce
qu’il pense - qu’au regret de ses fautes et à l’amendement de
sa vie. La confession se change alors en une source d’impressions
agréables, et n’est pas une pénitence salutaire pour nos péchés.
Fuis donc le bavardage en
confession. Exprime tes péchés d’une manière sincère, avec une
contrition profonde. Prends la ferme résolution de te corriger de ce
péché, de cette imperfection qui fait particulièrement obstacle à
ta marche vers la sainteté.
Ne te recherches pas
toi-même. Ne recherche pas de consolation, mais désire consoler le
divin Coeur que tu as blessé par tes péchés.
Après la confession,
remercie Dieu de tout ton coeur pour cette grâce qu’est le pardon
de tes péchés. Confie encore à Jésus et à Marie tes bonnes
résolutions et retourne au travail, silencieuse, tranquille et sûre
que Jésus t’aidera à te rapprocher toujours davantage des sommets
de la sainteté.
Chapitre VI
DE LA VISITE AU TRES SAINT SACREMENT
C’est un grand bonheur
pour l’âme religieuse de pouvoir habiter sous le même toit que le
Seigneur Jésus, de l’avoir si près de soi dans le Tabernacle.
Aussi s’efforce-t-elle, autant que ses obligations le lui
permettent, au moins une ou plusieurs fois chaque jour, de rendre
visite à Jésus au Tabernacle. Là elle trouve tout ce à quoi son
coeur aspire; le Tabernacle l’attire par une force mystérieuse.
Commence ta visite au
très Saint Sacrement par un acte de foi. Pénètre-toi de cette
pensée: Jésus est là. Prends le temps de faire cet acte de foi:
plus profonde sera ta foi, plus ardent ton amour.
Fais ensuite ce que tu
ferais si tu étais en visite chez ta meilleure amie: converse
librement avec le Seigneur Jésus, comme un ami avec l’Ami.
Raconte-lui tout ce qui
t’intéresse, tout ce qui t’ennuie, t’inquiète, ce qui
t’irrite, ce qui remplit ton coeur de joie.
Demande-lui conseil dans
tes difficultés - Jésus te soufflera tout doucement comment tu dois
te conduire. Il te répondra.
Raconte-lui tes joies. Le
Seigneur se réjouira avec toi. Explique tes soucis, tes inquiétudes,
tes regrets, tes échecs, Jésus te calmera, te consolera, pourvu que
tu restes à ses pieds avec confiance et amour.
Si aux pieds de Jésus,
malgré ta bonne volonté, tu te sentais froide, indifférente, ne
t’afflige pas. Regarde cette toile grise, dure, étendue telle
quelle sur la prairie. Elle ne fait rien, mais les rayons du soleil,
peu à peu la blanchissent, et la rendent douce et belle.
Expose ton âme pauvre et
misérable à l’action des rayons eucharistiques, et le Divin Coeur
te sanctifiera, te conduira au salut.
Au pied du Tabernacle tu
trouveras la paix, la joie, l’amour. Là, rends-toi toujours,
toutes les fois que tes devoirs te le permettent. Dis au Seigneur
avec le prophète couronné:
«L’oiseau a son nid,
la colombe a son creux dans le rocher, tes autels Seigneur, sont le
lieu de mon repos en cette vallée de larmes.»
A l’ombre du
Tabernacle, je veux habiter pour toujours.
Chapitre VII
DU ROSAIRE
Le Rosaire est une des
plus belles prières en l’honneur de Marie. Mais il n’est pas
facile de le dire comme il faut. A nouveau et encore nous devons nous
y essayer et croire que Marie acceptera notre bonne volonté.
Le Rosaire est l’union
de la prière vocale et de la méditation. Les lèvres prononcent les
paroles de la salutation angélique et l’esprit s’efforce de se
perdre dans les mystères du Rosaire.
Avant tout le Rosaire est
une prière de paix. Ne te fatigue pas trop l’esprit. En revanche,
aime beaucoup.
Dans le commencement du
chapelet, dis-toi que tu veux aimer Marie par chacun des Ave
prononcés. Mets sa main dans la tienne. Ou encore, appuie te tête
sur ses genoux, demande-lui qu’elle pose sa main sur ta tête et
aime, aime Marie. C’est le plus beau fruit du Rosaire.
Chaque dizaine te
présente un mystère à méditer. Aux pieds de Marie considère-le,
transforme-le en une courte méditation. Regarde ce mystère comme
l’Evangile te le présente, contemple la beauté de Jésus et de
Marie, la vertu qui resplendit en eux. Fais la comparaison entre toi,
Jésus et Marie. Humilie toi, demande pardon et demande de pouvoir
corriger telle ou telle imperfection. Prie Marie, ta Mère, pour toi,
pour toutes tes soeurs, et de nouveau aime, aime la très fort.
Regarde: par ce moyen, le
chapelet deviendra pour toi une source de lumière divine, de
confiance, de paix, de joie, de bonheur. Il sera ton guide vers le
ciel. Pendant un quart d’heure, tu le diras des lèvres, et tu iras
ensuite le mettre en action, t’exerçant aux vertus que tu auras
méditées dans les mystères du Rosaire.
Que ta vie soit un
rosaire perpétuel dans l’action et le chapelet ainsi récité sera
le maître qui t’enseignera la vertu.
Récite le Rosaire. C’est
la chaîne qui te lie au Coeur de Marie. Il t’apprendra comment
aimer, comment prier, comment souffrir et comment vivre à l’exemple
de Jésus et de Marie.
Récite le Rosaire. Il te
conduira au ciel par une voie sûre. Le chapelet dans la main, dans
le coeur et dans la vie, ne crains rien. Jésus, Marie et Joseph sont
avec toi. Marche courageusement, toujours plus haut, vers le ciel.
(Une indulgence
plénière est accordée pour chaque partie du Rosaire récite devant
le T. Saint Sacrement).
Chapitre VIII
DU CHEMIN DE CROIX
C’est une dévotion
chère à notre coeur, car elle nous unit étroitement à Jésus en
croix, lequel est, pour l’âme religieuse, trésor, bonheur, amour,
refuge et espérance.
L’Eucharistie et la
croix sont étroitement liées car le Christ crucifié nous a obtenu
la grâce de l’Eucharistie.
Comment ne pas aimer
Celui qui est souffrant, portant la croix, ce Crucifié à qui nous
sommes redevables de la sainte Hostie. Allons donc avec lui sur le
chemin de la croix.
Nous n’avons pas le
temps de faire de longues dévotions, apprenons donc à faire le
chemin de la croix d’une manière courte.
Agenouillée devant le
tabernacle, fais rapidement un acte de contrition, offres ce chemin
de croix au Père éternel en union au Christ et aux intentions que
tu choisies, puis va de station en station. Agenouille toi, prononce
une courte oraison jaculatoire, par exemple: «Nous t’adorons et
nous te bénissons, ô Christ, car tu as racheté le monde par ta
sainte croix.»
Réfléchis un instant
aux souffrances de Jésus que présente cette station, et avant toute
chose aime et regrette tes fautes. Ajoute une très courte demande.
Termine par une oraison jaculatoire ou dis: «Donne leur Seigneur ,
le repos éternel» si tu fais le chemin de croix pour les âmes des
défunts, et «Sainte Mère e Dieu, imprime en mon coeur les plaies
de Jésus crucifié» (Sancte Mater istud ages...) à la Vierge
douloureuse, tout cela en peu de temps.
Après la dernière
station, devant le tabernacle pour terminer, dis un Notre Père et un
Je vous salue.
La dévotion de chemin de
croix est une école d’amour et de patience. Elle nous apprend à
porter volontiers la croix. Là, apprends donc, par amour du Christ
crucifié, à porter en silence les difficultés et les contrariétés
de la vie. Apprends à supporter en silence les fautes d’autrui.
Apprends comment pardonner, comment te taire dans la souffrance, te
relever quand tu es tombée, comment aimer Jésus, prête à lui
rendre amour pour amour, sacrifice pour sacrifice, et le sang pour le
sang.
Le chemin de croix, même
fait en 5 minutes le matin, te donne tant de forces, de courage, de
confiance et de saint zèle, tant d’amour, qu’il serait vain de
regretter une légère fatigue dont le profit est si grand et qui est
en même temps une consolation pour le Coeur de Jésus en croix.
On peut, au lieu de
méditer sur chaque station particulier, dire la deuxième partie du
Rosaire, en allant de station en station.
Chapitre IX
DE L’OFFICE
L’office est une
prière, grande, sainte, la prière de la sainte Eglise, une prière
de louange et d’action de grâce que nous faisons en union avec
toutes les âmes qui récitent ou psalmodient l’office (de Beata);
en union aussi avec les anges et les saints qui, dans le ciel,
chantent continuellement les louanges du Seigneur.
Efforce toi d’éloigner
toute pense inutile et de rester dans un saint recueillement. Dis les
psaumes, non seulement des lèvres mais du coeur. Efforce toi de
comprendre le sens des psaumes. Il te sera facile de trouver un livre
te donnant la traduction du latin. Ceci te facilitera la prière.
Pour le cas où tu ne
comprendrais pas le sens des psaumes, fais des actes variés de foi,
d’espérance, d’amour, d’humilité, de contrition, etc., ..
Présente au Seigneur toutes tes demandes; tu peux, à chaque psaume,
changer d’intention; tu peux suivre les stations du chemin de
croix, les mystères du Rosaire, pourvu que tu restes près de ton
Seigneur, le louant d’un coeur embrasé d’amour.
Aime cette prière sainte
qui, plus que toute autre, t’unit à ta mère, la sainte Eglise
catholique, et n’épargne aucun effort pour la dire le plus
pieusement possible.
Chapitre X
DE L’EXAMEN DE CONSCIENCE
Nos Constitutions nous
prescrivent de faire l’examen de conscience deux fois par jour, à
midi et le soir.
L’examen de conscience
quotidien diffère de l’examen de conscience qui précède la
confession; Ce dernier s’occupe plutôt de rechercher les péchés
commis. Le premier aide davantage à reconnaître l’état de notre
conscience, à supprimer les imperfections qui se dressent devant
l’âme comme des obstacles dans sa marche vers la sainteté.
Particulièrement
important est l’examen de conscience de midi qui dure dix minutes.
Fais le aux pieds de Jésus crucifié. Dès le commencement, imagine
toi à genoux comme Madeleine, au pied de la croix. Demande au
Seigneur la lumière, afin que tu puisses reconnaître clairement
tout ce qui a pu blesser le Coeur de Jésus.
Remercie ton Jésus pour
toutes les grâces reçues, spécialement celles qu’il t’a donné
en ce jour et que te remets en mémoire pour fortifier toujours
davantage ta reconnaissance.
Ensuite, examine toi. La
première demande que tu dois te poser est: « Aujourd’hui,
ai-je offensé le Seigneur par un péché volontaire? » L’âme
qui cherche à aimer Dieu avec sincérité n’a pas besoin de
beaucoup de temps pour répondre à cette demande. Une conscience
délicate, après avoir réellement commis un péché, s’en rend
compte immédiatement.
Porte ensuite ton
attention sur la résolution que tu as prise pendant la méditation;
sur celle que tu répètes chaque jour et qui a pour but de déraciner
une faute ou bien d’acquérir une vertu - sur une résolution
éventuelle, en relation avec l’oraison du matin. Vois si tu as
tenu fidèlement ces résolutions.
Ensuite, as-tu fait tes
exercices spirituels? Ou gardé la règle avec fidélité? N’as-tu
pas manqué en quelque chose au commandement de l’amour du
prochain?
Souviens-toi que cet
examen de conscience sert davantage à avancer dans la voie de la
vertu qu’à rechercher le plus petit péché, la moindre
imperfection.
Fais ensuite un acte
sincère de contrition pour toutes tes imperfections, ne les tiens
pas pour peu importantes. Souviens-toi que la plus petite des
imperfections, si elle est volontaire, est une épine qui blesse le
coeur du bon Jésus ton Sauveur, lequel, par amour pour toi s’est
laissé clouer à la croix en des souffrances indicibles et a versé
jusqu’à le dernière goutte de son sang précieux pour ton salut.
Souviens-toi des paroles
d’une âme sainte: « En réalité, il n’y a qu’un seul
péché sur la terre, ne pas aimer Dieu - et pour ce péché, il n’y
a qu’une unique pénitence, aimer Dieu. »
Chaque imperfection
volontaire est un manque d’amour. Efforce-toi donc de la réparer
par cet acte d’amour qu’est la contrition parfaite.
Regrette, aime, et prends
la résolution d’aimer toujours davantage;
Chapitre XI
DE LA RECOLLECTION MENSUELLE
La résolution la plus
ferme de servir Dieu, perd bientôt de sa force et de sa ferveur si
l’âme ne renouvelle pas ses forces de temps à autre, et ne
soutient pas sa bonne volonté. C’est pourquoi, une fois par mois,
au jour qui convient le mieux, nous faisons une récollection
mensuelle, c’est à dire un renouvellement intérieur.
A - La veille déjà,
pendant la préparation de la méditation, réfléchis:
1) Pourquoi es-tu entrée
au couvent? N’as tu pas d’autre but que ce but unique: servir
Dieu? Les attachements terrestres n’ont-ils pas pénétré ton
coeur? N’y font-ils pas obstacle à ce pur amour divin, tout entier
enfermée au Tabernacle?
2) T’efforces-tu de
tenir fidèlement les résolutions de la retraite annuelle et de la
dernière retraite mensuelle (Tu dois les avoir, écrites dans un
carnet).
3) Apprécies-tu
hautement nos Constitutions, notre Directoire, nos usages?
T’efforces-tu de vivre strictement en accord avec eux? Observes-tu
fidèlement tes voeux?
4) Portes-tu un amour et
un attachement vrais à toute la Congrégation, à la supérieure
générale, à la supérieure de la maison et à toutes tes soeurs?
5) Accomplis-tu avec
ardeur le travail qui t’est confié, ne paresses-tu pas dans ton
travail? N’essaies-tu pas de le fuir lorsqu’il est difficile?
Comprends-tu que par ton travail, tu dois gagner non seulement de
quoi t’entretenir, mais au mois entretenir un enfant? Examines-toi
attentivement et sincèrement pour reconnaître ce qu’il y a encore
de défectueux dans ta conduite.
B - Le lendemain, prends
comme thème de méditation cette vertu ou ce point des Constitutions
contre lequel tu pèches davantage, selon ce que t’a montré ta
préparation du soir. Réfléchis à la manière dont tu peux porter
remède au mal, et comment tu dois t’y prendre pour te corriger.
Pour terminer,
renouvelles tes résolutions, changes les ou ajoutes en s’il en est
besoin.
En te pressant aux pieds
de ton Jésus, demandes lui pardon, comme tu le peux, avec ferveur,
pour tes imperfections et tes infidélités. Tache de réparer tes
manques d’amour par un amour plus grand, puis demande, demande avec
ferveur de l’aide afin de recommencer encore le combat pour la
sainteté.
C - L’après-midi, à
la place de la lecture, nous faisons un quart d’heure de
préparation à la mort. Réfléchis:
1) à ce que sera ta
responsabilité au moment de la mort.
2)Dieu trouvera-t-il
matière à te récompenser après la mort?
Demande avec ferveur une
mort heureuse dans les bras de Jésus, sous la protection de Marie et
de Joseph.
Demeure toute la journée
dans le recueillement et le silence auprès de Jésus. Pendant la
journée, au milieu du travail, élève ton coeur vers Dieu par de
rapides oraisons jaculatoires, et à la fin de la journée de
récollection mensuelle, remercie Dieu par un Magnificat pour les
grâces qui t’ont été accordées pendant ce jour.
Le lendemain, de toute ta
ferveur et avec des forces renouvelées, retourne à ta vie de
travail et de prière.
Chapitre XII
DE L’UNION A DIEU
Tu es venue au couvent
pour servir Dieu en perfection.
Le Seigneur lui-même
nous donne une indication pour parvenir à la perfection quand il dit
à Abraham: « Marche en ma présence et sois parfait »
(Gn 17,1).
La perfection dépend
dans une grande mesure de notre union à Dieu. Plus tu seras près de
Lui, plus tu t’efforceras de Lui plaire par la sainteté de ta vie.
Dans la méditation du matin, efforce-toi de te rapprocher de Jésus,
car il veut être le compagnon de ta vie. Prends la résolution de
vivre selon ces paroles: « Pour Lui, avec Lui et en Lui ».
En quittant la chapelle,
le matin, va avec Jésus à tes occupations quotidiennes. Avec Lui,
travailles, Il est près de toi, Il te regarde, te donne des forces,
et te préserve du découragement. Travailles sous son regard, afin
que par ce travail tu puisses Lui dire combien tu l’aimes.
Avec Lui et près de Lui,
va à la récréation afin que tes conversations soient inspirées
par sa bonté, son indulgence, et que ta gaieté soit cette joie
sainte et divine de qui aime Jésus et lui est complètement livré.
Avec Lui, pou Lui, prends
ton repas, afin que tu ne cherches pas dans cette action un plaisir
des sens mais des forces pour un meilleur travail à la gloire de
Dieu.
Avec Lui, supporte
volontiers les petites croix et les souffrances de ta vie. Il a tant
souffert pour toi, ne te réjouirais-tu pas de pouvoir lui montrer
ton amour en portant la croix? Un des actes d’amour des plus
véritables, c’est de porter la croix volontiers et joyeusement.
Oh, il est facile de souffrir quand nous savons que Jésus est près
de nous et qu’il jette les yeux sur nous avec tant de miséricorde.
Avec Lui, va aux autres,
spécialement à tes soeurs; alors tu aimeras tout le monde avec son
amour, et pour Lui tu seras bonne, pleine de charité et de douceur
pour tous.
Avec Lui, prie, et ta
prière sera meilleure, plus précieuse aux yeux de Dieu, car elle
sera appuyée sur la prière de Jésus Lui-même.
Avec Lui, pour Lui,
prends ton repos et ton sommeil sera sanctifié. Bien que tu dormes,
il veillera sur toi et priera à ta place.
Reste auprès de Jésus,
contemple ses vertus, sa vie. Vis selon sa sainte volonté - et la
vie te sera douce, agréable, riche en mérite et en vertu.
Avec Lui, en Lui et pour
Lui.
Chapitre XIII
DE LA DEVOTION AU COEUR DE JESUS AGONISANT
Cette dévotion au Coeur
de Jésus agonisant est tout particulièrement nôtre. Elle rejoint
la dévotion à Jésus crucifié, car c’est là sur la croix, alors
que Jésus agonisait pour nous que son coeur a été percé afin
d’être notre refuge et notre lieu de repos en cette vallée de
larmes.
Nous voyons, sur cette
croix, quelle a été la souffrance de Jésus, quelle a été sa
passion, son agonie, afin de nous donner son Coeur, tel un trésor
précieux - notre plus grand trésor en cette vie mortelle - notre
consolation, notre joie, notre amour.
Nous commençons la
journée en l’offrant au Coeur de Jésus. Nous la passerons sous sa
protection, consolant ce divin Coeur, surtout pendant notre adoration
quotidienne. Celle-ci doit conduire nos coeurs au pied de la Croix
afin que là, contemplant les 3 heures d’agonie de Jésus, nous
apprenions - ne serait ce qu’un peu - à comprendre l’immensité
de son amour pour nous, à lui rendre amour pour amour, sacrifice
pour sacrifice, et jusqu’au sang pour le sang.
Souviens-toi que ta vie
doit être une consolation pour le Coeur de Jésus. Elle doit être
une vie d’amour, une vie de pénitence. Désire réparer tes péchés
et aussi ceux des autres. Comment ne pas souffrir à la vue de tant
de péchés par lesquels les hommes offensent ce Coeur si doux et si
miséricordieux. La vue de la malice de l’humanité a causé la
douloureuse agonie de Jésus.
Prie pour les pauvres
pécheurs. Prie pour que le monde connaisse l’amour de Jésus et
repousse le péril du péché.
Coeur agonisant de Jésus,
comment ne pas t’aimer pour tout ce que tu as fait pour nous? Tu as
agonisé pour être une source de douceur, de sainte joie,
d’espérance et de paix pour moi. Ne désirerai-je pas t’offrir
ma vie en holocauste de réparation?
Le soir, endormons-nous
auprès du Coeur de Jésus, sûres de l’amour immense et insondable
qu’il nous porte. La conviction de trouver dans la Coeur de Jésus
notre bouclier, notre force, notre soutien, donne une paix qui
surpasse tout sentiment.
Disons souvent: « Divin
Coeur de Jésus, nous te le demandons ardemment, fais que nous
t’aimions toujours et toujours davantage ». Répétons cet
autre acte jaculatoire: « Jésus doux et humble de coeur, rends
mon coeur semblable au tien. »
Le coeur de Jésus est le
siège de l’amour: il t’apprendra à aimer.
Le Coeur de Jésus est
l’exemple de la pénitence: il t’apprendra les voies de la
pénitence et particulièrement de l’humilité, mais reste toujours
auprès de ce Coeur divin et jamais, jamais ne t’éloigne de Lui.
Lorsque la vie est dure,
comme St. Jean, appuie ta tête contre ce divin Coeur qui t’aime
tant, et ta souffrance s’atténuera, parce que dans l’amour du
Coeur divin, tu trouveras la joie et la consolation.
Dis souvent à ton Jésus:
« Jésus je veux, même s’il faut combattre, rester
fidèlement auprès de ton Coeur ».
Chapitre XIV
DE LA DEVOTION A LA TRES SAINTE VIERGE
« Louons de tout
notre coeur la très Sainte Vierge » dit Saint Bernard, « car
c’est la volonté de Celui qui, par elle, désire nous donner toute
grâce ».
Après Jésus, aimons
Marie, allons à Jésus. Elle nous conduira de la manière la plus
sûre, au divin Coeur de Jésus.
Aime Marie, mère de
Jésus, notre claire Etoile de la Mer, car par la volonté de Jésus,
elle est notre Mère.
Aime-la de l’amour le
plus tendre, le plus filial. Aie en elle une confiance sans borne.
Tiens la par la main, comme un petit enfant tient la main de sa mère.
Elève souvent regard de
ton âme vers elle car tu apprendras d’elle comment agir, comment
aimer Jésus et lui plaire. Demande lui qu’elle te confie elle-même
à Jésus afin qu’il soit toujours avec toi, et sois sûre que
Jésus se trouvera toujours bien en ta compagnie, dans la mesure où
il verra ta main dans la main de Marie.
Aime ton chapelet. C’est
la chaîne qui lie ton coeur au Coeur de Marie. Souviens-toi du
samedi, jour consacré à Marie, des mois de Mai et d’Octobre. A
ces moments-là, particulièrement, sois unie à Marie par des actes
d’amour filial. Offre lui chaque jour une bonne action, une acte de
renoncement à ta volonté. Fais-le avec persévérance, te souvenant
de la réponse de St Jean Berchmans à la demande: « En quoi
peut-on le mieux plaire à la Ste Vierge? » « Par de
petits actes de vertu, de piété, même très petits mais accomplis
avec persévérance ».
Cueille donc fidèlement
pour ta mère très chère, une gerbe d’actes de vertu qui seront
plus agréables à Marie que les fleurs les plus belles de nos
jardins ou de nos serres.
Honore Marie, notre
claire Etoile de la mer. C’est à elle que nous sommes redevables
d’avoir conduit notre congrégation au travers de la mer houleuse
des persécutions, et des orages de la guerre. Dans les moments les
plus amers, Marie s’est montrée notre véritable Etoile de la mer.
Aussi, suis le conseil de St Bernard:
« Quand les
difficultés s’amoncelleront sur le chemin de ta vie, quand les
orages des contradictions ballotteront ton âme, quand les ténèbres
t’entoureront, quand le secours ne te viendra de nulle part, lève
ton regard vers ta claire Etoile de la mer. Appelle Marie et sois
sûre que, comme jadis à Cana en Galilée, elle obtiendra un miracle
de Jésus plutôt que de t’abandonner ».
Aies confiance en Marie,
et réjouis-toi. Un véritable enfant de Marie ne peut pas se perdre.
Chapitre XV
DE LA DEVOTION AUX SAINTS DU SEIGNEUR
Avant tout, ne sépare
pas la dévotion à Jésus et Marie, de la dévotion à Saint Joseph,
protecteur et chef de la sainte Famille. Il est le gardien de la
pureté des vierges, le modèle de la vie intérieure, le patron de
la bonne mort. Confie toi souvent à lui, car c’est lui qui a le
plus d’empire sur le coeur de Jésus et de Marie.
Jésus et Marie, son
certainement heureux qu’on ne sépare pas d’eux Saint Joseph.
Aime d’une affection
filiale notre mère et fondatrice, Sainte Angèle. Tâche de bien
connaître sa vie, ses principes et ses conseils pour t’y
conformer, et que son esprit vive parmi nous.
De même, entoure Ste
Ursule d’une dévotion particulière. Elle fut spécialement donné
par Dieu à notre Ordre comme protectrice. Apprends d’elle le
courage et la promptitude à tout sacrifice, si grand soit-il.
Honore Saint Augustin,
notre législateur. Demande lui souvent de t’accorder la fidélité
dans l’observance de la sainte Règle et des constitutions.
Honore ton ange gardien.
Demande lui fréquemment qu’il te préserve du plus petit péché.
Appelle-le dans le besoin: « Tu es mon aide, ne m’abandonne
pas ».
Honore les saints Patrons
de notre Congrégation. Demeure souvent en esprit auprès des saints
du ciel, afin que tu puisses un jour t’unir à eux dans la gloire
de Dieu à jamais.
Ame religieuse, tu as
besoin d’amitié. Cherche la parmi la multitude des saints du ciel.
B - L’AMOUR DU PROCHAIN
L’amour surnaturel du
prochain n’est rien autre que l’amour de Dieu en action, un amour
de pénitence.
Nous ne pouvons
directement rien faire pour Dieu. Dieu n’a pas besoin de nous. Mais
dans sa bonté infinie, il nous a donné la possibilité de nous
dévouer pour lui.
Jésus lui-même nous a
dit: « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens,
c’est à moi que vous l’avez fait ».
Travailler, se dévouer
pour les autres, leur faire du bien, voici l’amour de Dieu le plus
pur, le pénitence la plus pratique. Les sentiments, les paroles
peuvent être illusion, mais les actes sont vérité.
Pour nous, l’expression
la plus nécessaire de l’amour du prochain, est l’amour de nos
soeurs, car nous sommes toujours ensemble. Nous avons plus d’égards
pour les personnes du monde, parce que nous n’avons pas à faire à
elles aussi souvent. Avec nos soeurs, il nous semble que ce n’est
pas tellement nécessaire.
Enfin, nous pouvons être
sûres que si l’une d’elles est pleine d’amour pour ses soeurs,
elle le sera également pour les personnes laïques, mais celles qui
sont très aimables et très agréables avec les personnes laïques,
ne le sont pas toujours avec leurs soeurs.
Il est donc important de
connaître la manière dont nous avons à témoigner notre amour
surnaturel à nous soeurs. Eh bien, l’amour se témoigne en
particulier par la bonté, la serviabilité, l’indulgence,
l’amabilité et la sainte joie.
Chapitre I
LA BONTE
Un jeune prêtre
demandait à son père spirituel; avant de quitter le séminaire
après son ordination: « Que faut-il faire pour conduire les
âmes à Dieu? » « Je te le dirai ce soir, mon fils. »
répondit le saint père.
Lorsque le jeune homme,
avant d’aller se reposer, s’agenouilla sur son prie-Dieu, il y
trouva un billet portant ces mots, écrits de la main de son vénéré
directeur: « Sois bon, sois très bon, sois immensément bon,
sois infiniment bon,. »
Ces paroles sont aussi
pour nous.
Sois bonne pour tes
soeurs, fais leur autant de bien que tu peux. Tu n’as pas besoin de
chercher loin. La vie quotidienne te donne tant d’occasions de
faire du bien, de te montrer bonne. Une parole cordiale, aimable,
consolatrice, un aimable sourire, un petit service rendu à une soeur
qui en avait besoin mais qui n’osait pas te le demander, une aide
offerte à une soeur découragée pour qu’elle ne se laisse pas
complètement abattre, tout cela ainsi que mille autres petits actes
de bonté t’attendent au long du jour.
Il te faut seulement
avoir les yeux ouverts et saisir les occasions de poser des actes de
bonté dès que tu les vois. Ta journée sera alors une journée de
bonté, une journée d’amour pénitent et une consolation pour le
très saint Coeur de Jésus agonisant, un petit rayon de soleil pour
toutes les soeurs qui t’entourent dans la vie religieuse.
Tu peux me dire: « Mais
cette bonté incessante exige de moi l’esprit de sacrifice ».
Ce n’est pas facile d’être toujours bonne, c’est vrai. Mais si
tu voyais toujours Jésus dans tes soeurs, ces actes de bonté, ces
petites sacrifices et ces épines de la pénitence, te paraîtraient
l’exquise douceur de saint amour.
Sois donc bonne, ma
soeur. Sois très bonne, sois infiniment bonne, et tu peux être sûre
que tu serviras Dieu en esprit d’amour et de pénitence.
Chapitre II
LA SERVIABILITE
Jésus nous a dit qu’il
était venu non pour être servi mais pour servir.
Et toi, tu dois servir
Dieu dans tes soeurs.
Toutes doives se servir
mutuellement. Aucune ne peut être libérée de ce service de Dieu.
Que chacune rende service selon ses possibilités et ses devoirs,
mais qu’elle le fasse aimablement et gaiement.
Ne te plains pas quand
tes soeurs te demandent quelque service, ne te laisse pas aller à la
mauvaise humeur si ce service est pour toi malcommode, fatigant, sois
heureuse de pouvoir te sacrifier pour elles. Tu n’as pas encore
fait pour tes soeurs ce que Jésus a fait pour toi.
On n’est pas serviable
pour sa propre commodité. Tout le monde se tourne vers la soeur qui
est toujours prête à rendre service. Tout le monde s’adresse à
elle quand on a besoin de quelque chose. Elle a beaucoup de travail,
cette bonne soeur, c’est vrai, plus que la soeur à qui personne ne
demande de services. Mais ce service est véritablement une pénitence
en esprit d’amour.
Il arrive en général,
que tout le monde soit tellement habitué aux services d’une soeur
serviable, qu’il ne vient même pas à l’esprit de la remercier.
On remerciera une soeur qui rend service rarement, et l’on oubliera
de remercier celle qui est toujours prête à rendre service. Mais
Dieu ne l’oublie pas, servante du Seigneur.
Avance courageusement,
sois servante de Dieu en le servant dans tes soeurs. Oh, si tu voyais
avec quel amour Jésus regarde une âme toujours prête à rendre
service.
Sers, sers, sacrifie-toi
pour le bien, pour le bonheur es autres.
Ta récompense sera
grande dans le ciel.
Chapitre III
L’INDULGENCE
Oui, il faut de
l’indulgence dans la vie commune. Toutes les soeurs qui t’entourent
ont leurs défauts, comme tu as les tiens. Elles doivent te
supporter, et toi, tu n’aurais pas à supporter les défauts des
autres? Avec toi, elles doivent être indulgentes pour tes fautes,
sois donc, toi aussi, indulgente pour les fautes des autres.
Vois-tu, ma soeur,
chacune de nous a des défauts, mais aussi des bons côtés, des
vertus. Pourquoi ne pas ouvrir les yeux sur tout ce qui est bon dans
les autres au lieu de s’occuper de leurs défauts?
Combien heureuse est
l’âme qui se réjouit toujours du bien qu’elle voit dans ses
soeurs, comme il lui est facile alors de les aimer et de les servir .
De plus, en remarquant les vertus des autres, tu provoques en ton
coeur, le désir de les imiter, de leur devenir semblable, et ce
désir sera pour toi une aide dans la marche vers la sainteté.
A l’inverse, combien
malheureuse est cette soeur qui trouve toujours des défauts et des
côtés faibles dans ses soeurs. Elle s’irrite, se fâche et ne
peut pas changer ce qui lui déplaît. Elle sent de l’antipathie
pour les soeurs qui ne lui plaisent pas - son coeur se remplit de
malveillance, d’aigreur, ses paroles sont dures, malpolies. Elle ne
peut pas se corriger, car n’est pas en elle qu’elle cherche la
faute, mais toujours dans les autres. Pauvre âme!
Oh, si tu voulais suivre
le conseil du bon Saint François de Sales et agir comme il veut.
Ecoute-le donc: « Sois l’abeille qui cherche son miel dans
les fleurs, et n’imite pas la guêpe qui se nourrit d’ordures et
butine sur le fumier ».
Demande au divin Coeur
qu’il te donne un coeur plein d’indulgence pour les autres.
Souviens-toi que plus tu seras sévère pour toi, plus tu seras
indulgente pour les autres.
Chapitre IV
AMABILITE - POLITESSE
La bonté sans amabilité
est une rose avec des épines. La politesse, l’amabilité dans la
manière de se conduire font que nos actions deviennent agréables
aux autres.
Réponds poliment, ta
réponse sera bien acceptée. Donne la même réponse d’une manière
rude, malpolie, et ta réponse blessera, ne satisfera pas.
La serviabilité demande
l’esprit de sacrifice. La politesse seulement un peu de coeur, un
peu de bonne volonté et le désir de faire plaisir aux autres.
Un visage aimable,
rayonnant de courtoisie, une parole gentille, une voix douce, tout
cela ne demande pas de grands efforts, et cependant encourage, fait
plaisir, apporte consolation aux coeurs timides et découragés.
Pourquoi ne pas s’exercer
à la politesse et à l’amabilité? Cela ne coûte pas beaucoup et
donne tant.
Chapitre V
LA SAINTE GAIETE
Si tu veux faire plaisir
à tes soeurs, si tu veux leur donner un peu de bonheur, sois
toujours gaie, sois un petit rayon de soleil dans la vie souvent
grise et monotone du couvent. C’est si agréable de voir un visage
rayonnant d’une sainte joie, cela encourage et apporte consolation.
Etre toujours de bonne
humeur quand tout va comme nous l’entendons, ce n’est pas
difficile, ce n’est pas une vertu.
Avoir toujours un bon
sourire aux lèvres, être toujours d’égale humeur, toujours
sereine, bien que la croix pèse sur nos épaules, bien que la
tristesse nous envahisse, que les difficultés s’amoncellent autour
de nous, que le travail nous affaiblisse, c’est de la vertu, c’est
le signe d’une âme étroitement unie à Jésus crucifié.
Elle se réjouit de
pouvoir souffrir avec Jésus, mais ne veut pas être cause de
souffrance pour les autres, et tout en souffrant, veut donner du
bonheur aux autres, - petit rayon de soleil qui ne s’éteint pas,
car la source de sa lumière est dans le Coeur de Jésus.
Heureuse est la
Congrégation qui possède ses petits rayons de soleil, irradiant
autour d’eux joie, sérénité et paix.
C - DES VOEUX
Les voeux sont les trois
clous qui nous fixent à la croix de la vie religieuse.
De notre fidélité dans
l’accomplissement de nos voeux, dépend notre sainteté.
Ne nous contentons pas de
ne pas manquer aux voeux. Pour une âme qui marche vers l’amour
parfait, ce ne serait pas suffisant. Cherchons la plus grande
perfection des voeux, même si à cette perfection, nous ne sommes ni
forcées ni tenues.
Les Constitutions nous
apprennent ce qui est nécessaire. Nous, en revanche, tâchons de
nous élever au plus haut degré de sainteté.
Chapitre I
LA PAUVRETE
Il t’est resté une
chose, ma soeur, le droit de posséder, mais ne t’en occupe pas!
Que ton idéal soit la pauvreté du saint Poverello (St François),
une pauvreté totale qui ne veut rien posséder pour pouvoir dire
avec une sincérité complète: « Mon Dieu et mon Tout ».
Comprends-tu bien que
« Dieu seul suffit »? Il se peut que tu sois obligée de
conserver la propriété de tes biens. Que cela soit! Mais ne t’en
occupe pas plus que s’ils n’étaient pas les tiens. Que ton désir
soit d’être pauvre, pauvre comme ce mendiant qui va de porte en
porte demander un morceau de pain. Naturellement, tu ne peux pas
vivre comme un mendiant, même si tu le voulais, parce que ta
pauvreté est soumise à l’obéissance, parce que tu es dans une
Congrégation qui travaille, et qui doit avoir ce qui est nécessaire
pour vivre correctement et avoir des forces pour son travail. Mais si
tu le désires, tu trouveras toujours la possibilité de t’exercer
dans la pauvreté.
1) Avant tout, ne
considère rien comme ta propriété. On te donne des choses à
l’usage, des vêtements, des meubles, des livres etc... Ils te sont
donnés pour que tu les utilises selon les besoins, mais ils ne sont
pas ta propriété. Tu dois toujours être prête à renoncer à tout
si telle était la volonté de ta supérieure.
En partant d’une maison
dans une autre, de désires pas emporter « tout ton bien ».
Tu n’as pas le droit d’emporter autre chose que ce que nous
permettent les usages et la sainte pauvreté. Les soeurs ne possèdent
rien. La compréhension de cela te donnera la liberté d’esprit.
2) Ne fais jamais de
grimaces, ni dans la nourriture, ni dans le vêtement, ni dans
l’ameublement. Le strict nécessaire, ma soeur. Et ne penses pas
trop vite que toutes tes exigences sont « nécessaires ».
Songe aux pauvres. Que diraient-ils de tes exigences? Que pense Jésus
de tes exigences? Lui qui est le plus pauvre parmi les pauvres, sans
lieu où reposer la tête, Lui qui a souffert la faim, la fatigue,
qui est mort nu sur la croix.
3) Sois satisfaite du
tout ce qu’on te donne. Ne montre pas de mécontentement si tu
reçois quelque chose qui ne te plaît pas. Remercie pour tout. Les
pauvres seraient bien contents d’avoir ce que tu as.
4) Sois heureuse et
remercie Dieu si tu as de temps à autre la possibilité de ressentir
la sainte pauvreté. Ne te plains pas, ne te lamente pas,
considère-le comme une grâce divine, car cela te permet de
t’exercer dans la sainte pauvreté.
5) si tu es malade, ne te
considère pas par là même libérée de ton voeu de pauvreté.
Accepte avec reconnaissance les soins, les remèdes, les exceptions
que l’on t’accorde.
Tu peux tranquillement
dire ce qui te semble nécessaire mais n’exige rien. Remets ta
santé entre les mains de Dieu et attends tranquillement ce qu’il
voudra faire de toi.
Sois bonne, patiente,
pleine de reconnaissance pour les soeurs qui te soignent, ne montre
pas d’impatience si elles ne font pas tout ce que tu voudrais, si
on te fait attendre. Que de fois les pauvres doivent attendre, et
comme ils savent attendre! Enfin: toi aussi tu es pauvre, saches donc
attendre!
6) Ma soeur, soyons
réellement pauvres, non seulement de nom, mais par toute notre vie.
Il est difficile de rassembler pour te les présenter, toutes les
occasions d’exercices de la saine pauvreté.
Aies dans ton coeur un
ardent désir d’être pauvre, très pauvre, comme nos pauvres, et
tu trouveras suffisamment de possibilité pour satisfaire ton saint
désir.
Chapitre II
LA CHASTETE
Nous ne parlerons pas ici
des obligations du voeu mais de la chasteté du coeur et de l’âme
qui te place parmi les rangs des anges.
Haut les coeurs, montons
vers le ciel, nous sommes du ciel et non de la terre. - La pureté du
coeur: Ce coeur est créé pour le ciel et non pour la terre. Ce
coeur est créé pour aimer, aimer Dieu, uniquement Dieu et toutes
les créatures en Dieu et pour Dieu.
Veille continuellement
sur les sentiments de ton coeur, afin qu’il ne retourne pas vers la
créature. Aime, aime ardemment, aime tout le monde, mais toujours en
Dieu. Aime Jésus en toutes tes soeurs; naturellement, tu peux aimer
d’un amour plus particulier celle que Dieu a placée sur ta route,
afin qu’elle t’aide à progresser dans la perfection. Tu peux
trouver au couvent une sainte amitié, mais veille à ce qu’elle
soit toujours en Dieu et pour Dieu, toujours dans l’obéissance et
qu’elle ne soit pas un empêchement à l’amour des autres soeurs.
Fuis comme un poison
l’amour particulier qui ferme le coeur à Dieu et aux autres
soeurs, qui te cloue à la créature, à la terre et t’éloigne de
Dieu et du ciel.
Ne te permets avec les
soeurs, les élèves, aucune câlinerie, sentimentalité,
plaisanterie inconvenante. Tu dois toujours savoir garder avec les
autres la dignité religieuse, sans étroitesse ni raideur et
toujours avec bonté.
Souviens-toi que le lis
de la pureté doit être entouré des épines de la pénitence, afin
qu’il ne perde pas son éclat.
Notre vie est une vie
dure, de travail constant, qui ne nous permet pas d’employer des
instruments de pénitence comme dans les congrégations
contemplatives. Malgré cela, nous devons rechercher la pénitence -
la pénitence dans notre vie de travail, dans notre pauvreté.
Cherche la mortification, non pas celle qui attire l’attention sur
soi, celle qui se voit, mais celle que personne ne voit si ce n’est
Dieu, - celle qui se trouve presque à chaque pas de notre vie, mais
cachée et si bien cachée que personne ne dira de toi: « c’est
une âme mortifiée ». Alors, Jésus lui même compte ces
petites et peut-être incessantes mortifications qui provoquent la
mort de la nature, non d’un coup, mais peu à peu, comme une goutte
de sang après l’autre.
Tu veux être un lis de
pureté: entoure ton âme d’une couronne d’épines, de petites
épines, ces petites mortifications visibles seulement que yeux de
Dieu.
Avant tout, sois fidèle
à l’observance des Constitutions et donc au silence, à la
ponctualité, à l’accomplissement de la volonté des autres plutôt
que de la tienne, à l’amour fraternel qui te donne tant
d’occasions de petites mortifications, à l’humilité qui
t’interdit de te sentir vexée pour un petit manquement à ton
égard, - à l’obéissance qui quelquefois exige de nous des choses
désagréables à la nature, - et dans les Constitutions elles-mêmes
tu trouveras mille formes de mortifications invisibles.
Mortification des sens:
Retiens ta curiosité qui veut tout voir, tout entendre, tout savoir,
qui est cause de fautes contre la discrétion, et empêche le
recueillement, la paix.
Mortifions notre
gourmandise: nous no pouvons pas, dans notre vie de travail, nous
passer de nourriture, de la nourriture indispensable à soutenir nos
forces. Mais il y a tant de petites mortifications auxquelles la
nourriture nous donne la possibilité de s’exercer et qui
sanctifient cette action: un peu moins de sucre ou de sel, ne pas se
plaindre de ce qui nous déplaît, manger de tout à moins que
quelque chose ne nous fasse réellement mal - et pas seulement dans
notre imagination.
Ne te plains ni du froid,
ni du chaud, ni d’une petite indisposition. Si tu te sens mal, tu
as le devoir de le dire à l’infirmière, mais pourquoi se plaindre
auprès de toutes les soeurs, ou bien faire voir tes petites
souffrances en te plaignent.
Et encore, être toujours
tranquille, sereine, joyeuse, toujours un sourire sur les lèvres,
toujours contente de Dieu, dans la joie comme dans les contrariétés,
dans la santé comme dans la maladie, dans les moments clairs comme
dans les ténèbres. C’est peut-être là la plus grande des
mortifications, dans laquelle nous pouvons persévérer sens cesse
jusqu’à la mort.
C’est l’unique et
peut-être la meilleure des pénitences, la meilleure des
mortifications, parce qu’elle est le signe d’une âme qui ne vit
plus de sa propre vie, mais qui est plongée dans la vie du Christ.
Rien en elle de
terrestre, tout s’élève dans un élan d’amour vers Dieu.
Chapitre III
L’OBEISSANCE
Ne pense pas, soeur, que
l’obéissance soit chose facile. Tu étais au noviciat afin de te
former à cette vertu. Tu avais une maîtresse très aimée qui
t’entourait de ses soins, et l’obéissance te paraissait très
simple et facile.
Mais tu dois savoir que
dans la vie religieuse qui dure 20, 30, 40 ans, tu ne peux pas
t’attendre à avoir toujours des supérieures idéales, faciles,
qui te seront sympathiques. Tu trouveras parfois des supérieures -
et Dieu le permettre pour ta sanctification - de caractère un peu
difficile, impatient, dur, changeant, en un mot, imparfait.
Parfois il te semblera -
car elles auront des conseillères qui ne te plairont pas - qu’elles
sont sous l’influence d’une autre soeur, et alors il te semblera
que tu as le droit de critiquer et de ne pas obéir. L’obéissance
deviendra pour toi pénible et tu te justifieras en disant: « Si
me supérieure était comme elle doit être, je l’écouterais,
mais... » et tu trouveras toujours des raisons pour te libérer
de l’obéissance.
Ma pauvre soeur, ne
sais-tu pas que Jésus a été obéissant non seulement à Joseph et
à Marie, mais aussi à Pilate et à ses bourreaux qui l’ont cloué
sur la croix? Obéis en voyant dans les ordres de ta supérieure, la
volonté du Dieu Eternel. Obéis toujours sans regarder à la
personne qui te donne des ordres, sans te plaindre, sans critiquer,
convaincue que la voix de ta supérieure, aimée ou non aimée,
sympathique ou non sympathique, parfaite ou moins parfaite, est
toujours la voix de Dieu.
Ne juge pas ta
supérieure. Regarde: elle a une, deux assistantes qui ont le devoir
de lui faire des observations sur les imperfections qu’elle commet.
Mais toi tu n’as pas ce devoir: laisse ta supérieure tranquille,
prie pour elle et obéis-lui. Cette supérieure t’est peut-être
donnée pour que tu fasses des progrès dans la vie parfaite, pour
que tu te perfectionnes dans l’obéissance et que tu aies la
possibilité d’acquérir des mérites.
Il est une chose sûr,
c’est que tu peux acquérir plus de mérites auprès d’une
supérieure difficile, sévère, impatiente, imparfaite, qu’auprès
d’une supérieure parfaite.
Ainsi donc, ma soeur,
aime l’obéissance puisque tu trouves en elle la volonté de Dieu.
Ne l’aime pas par amour de ta supérieure, et ton obéissance sera
parfaite.
Mais tu n’as pas à
être obéissante à ta supérieure seulement. Tu dois l’être
aussi aux officières, à tous ceux qui ont le droit de te donner des
ordres, quel que soit leur champ de travail, c’est à dire: à la
cuisinière à la cuisine, - à la buandière à la buanderie, - à
l’institutrice à l’école, - à la jardinière au jardin etc. Ne
pense pas que le jeune âge de celle qui a l’autorité ou le grade
inférieur qui est le sien dans la Congrégation, te libèrent du
devoir de l’obéissance. Jamais! Même si la plus jeune de toute la
Congrégation avait le droit de diriger, sois-lui soumise toujours,
toujours.
S’il arrivait, dans
certains cas, qu’il te soit impossible de faire ce qui t’a été
ordonne, et que tu n’aies pas eu la possibilité de t’adresser à
ta supérieure, alors agis selon ce qui te semble bon, mais toujours
dans l’intention de rendre compte à ta supérieure de tout ce que
tu as fait, et cela le plus vite possible.
Et prie, prie avec ardeur
pour obtenir la grâce d’une obéissance parfaite pour toi-même et
pour toutes tes soeurs.
Une Congrégation dans
laquelle fleurit l’obéissance est une Congrégation parfaite.
C’est une Congrégation qui n’a pas de raison de craindre, car la
bénédiction de Dieu est avec elle.
D - DE LA CLOTURE
Chapitre I
AU COUVENT
Dans chacune de nos
maisons, il y a une partie spécialement réservée aux soeurs, dans
laquelle nul n’a le droit de pénétrer sans la permission de la
supérieure générale ou, dans un cas urgent, de la supérieure
locale.
Nous devons aimer notre
clôture. Nous ne devons pas chercher à y faire pénétrer des
personnes de notre famille ou de notre connaissance.
En cas de maladie, ne
demande pas la permission de recevoir les membres de ta propre
famille. Laisse cela à ta supérieure. si ta maladie est grave,
dangereuse, qu’on permette à ta famille (père, mère, frère,
soeur) de prendre congé de toi avant ta mort, ne repousse pas cette
grâce - mais toi-même ne demande rien, rien.
Dans ta clôture tu
trouveras ton Jésus et cela te suffit. Aime la clôture. En
revanche, fuis autant qu’il est possible le parloir, cet ennemi de
la vie religieuse. Elles se conduisent mal ces soeurs qui invitent
leur famille, leurs connaissances à venir souvent les voir. Quel
dommage pour leur vie religieuse. Quelle perte de temps, ces longues
conversations avec les personnes du monde, au parloir. Elles portent
la soeur à la curiosité, elle veut savoir ceci et cela, pose des
questions sans fin. Elle retourne ensuite à la prière avec la tête
pleine de cancans. Sa prière ne va pas parce qu’elle est remplie
des distractions produites par toutes les nouvelles entendues au
parloir.
Du parloir, nous te
dirons donc: ne le désires pas; vas-y seulement quand l’obéissance
t’y appelle, pour le bien des âmes, et non pour satisfaire un
esprit trop mondain.
Chapitre II
DES SORTIES
La clôture - les
sorties! Voilà une grande difficulté dans la vie de notre
Congrégation qui a le devoir de vivre dans le monde, et de
travailler souvent hors de la maison. - La clôture que nous
observons, non pas selon une règle immuable mais selon ce principe:
sortir pour le bien de la Congrégation; pour accomplir nos devoirs,
jamais pour notre plaisir, notre satisfaction.
Remets toi donc toujours
entre les mains de ta supérieure. Lorsqu’elle te dis de sortir,
sors; mais lorsqu’elle ne te donne pas un tel ordre, reste à la
maison et sois satisfaite de n’avoir pas à sortir hors de
couvent.
Souviens-toi bien ma
soeur, que tu n’es pas venue ici pour faire de belles promenades,
visiter des églises, des musées, entendre des conférences savantes
ou de beaux sermons. Non, non, non. Ta vie doit s’écouler dans ton
couvent, aux pieds de Jésus. Dans le Tabernacle de ta petite
chapelle tu trouveras plus que dans les églises les plus belles, les
sanctuaires les plus vastes.
Jésus est pour toi dans
la petite chapelle de ton couvent, spécialement pour toi; il
souhaite te voir là et là te parler. Mais les sermons, les saintes
conférences de prêtres savants, ce n’est pas pour toi, ma soeur.
Conviens en: si chaque soeur voulait sortir pour entendre des
sermons; chacune dans sa langue maternelle, chacune dans une autre
église, quel désordre cela n’apporterait-il pas dans notre vie?
Ces conférences sont pour les personnes du monde.
Toi, Jésus te parle par
les conférences données par des prêtres pour la Congrégation, et
par les instructions de tes supérieures. Tu as aussi nos
Constitutions, le Directoire, les Usages, les Méditations. De plus,
tu as Jésus sur l’autel qui, certainement, préfère te voir au
pied du Tabernacle plutôt que courant d’un sermon à l’autre
pour satisfaire ton désir qui te paraît saint, mais qui n’est
pas dans l’esprit de la clôture religieuse. Crois-moi, dans son
sermon, le prédicateur te conseillerait d’être prête à faire un
sacrifice pour Jésus. Toi, en gardant consciencieusement la clôture,
tu fais le sacrifice de ton désir plutôt mondain que saint, issu
plutôt d’une « sainte curiosité » que de l’esprit
de piété.
Si la supérieure trouve
nécessaire de t’envoyer à une conférence, elle le fera
elle-même. Si elle trouve nécessaire que tu ailles respirer un peu
d’air, ou visiter des églises, des musées, elle te le dira. Mais
toi, ma soeur, ne demande pas à sortir, sois contente de rester,
comme un petit prisonnier d’amour dans ton couvent avec Jésus, ce
grand prisonnier d’amour du Tabernacle.
Que les supérieures de
Rome sachent que les soeurs qui passent dans la Ville Eternelle,
pourront aller voir une fois les 7 Basiliques, les Catacombes, la
Prison Mamertine, l’église Al Gessù et la Scala Santa.
Les supérieures peuvent
aussi parfois envoyer les soeurs dans une autre église pour une
cérémonie extraordinaire, mais peu fréquemment, et les soeurs
n’ont pas à le demander. Qu’elles laissent à la supérieure le
soin de penser aux sorties nécessaires ou agréables, ne souhaitant
pas elles-mêmes autre chose que d’accomplir la volonté de Jésus.
De même, les autres
supérieures peuvent permettre aux soeurs de passage, de visiter les
églises, les sanctuaires de la ville où se trouve le couvent. Elles
peuvent permettre, spécialement pour celles qui habitent en ville
sans jardin, et sans bon air, une petite excursion. Toi, tu dois
veiller particulièrement à garder la clôture et encourager toutes
tes soeurs à l’aimer
Enfin, la question de la
famille. C’est une grande tentation pour plus d’une pauvre soeur.
Il est facile à l’esprit du mal de te tenter sur ce point. Il te
donnera cette pensée: « Tu as le devoir de visiter malades, et
pourquoi pas ta famille? Tu peux et du dois faire du bien aux âmes,
pourquoi n’aurais-tu pas à t’occuper du salut éternel de ta
famille? »
C’est alors que
commence la tentation: « Je pourrais travailler pour le bien
des âmes de mes proches, mais me permettra-t-on d’aller rendre
visite à tel membre de ma famille? Je pourrais lui faire du bien,
je le convertirais, mes paroles auraient une influence salutaire sur
lui, donc je dois aller demander, supplier ma supérieure s’il le
faut, pour qu’elle me permette d’y aller, de partir... »
Et ta pauvre âme
s’inquiète : « Me permettra-t-on ou non? » Si l’on
ne te permet pas, voilà les larmes, la tristesse, le désespoir...
Puis, arrive la critique: « Il y a ici une soeur qui avait la
permission d’aller visiter sa famille, et pourquoi pas moi? »
Ma soeur, en entrant au
couvent, tu as fait le sacrifice des liens de famille les plus
étroits. Tu étais prête à te séparer de ta famille pour
toujours, à partir à l’étranger. Pourquoi maintenant reprends-tu
le sacrifice fait au premier jour de ta vie religieuse? Pourquoi ne
confies-tu pas à ton Dieu, avec une entière confiance, ces âmes
qui te son chères?
Sois-en sûre: tu
attireras plus de grâces et de bénédictions sur ces âmes par ton
sacrifice que par ta présence.
Aime ta famille en Dieu
et pour Dieu, mais ne reviens pas aux relations extérieures avec ta
famille, car tu l’as quittée par amour pour ton Jésus.
Sois heureuse de pouvoir
demeurer dans la maison de Dieu. Quant aux sorties, que te règle
soir: Pour le bien de la Congrégation, pour servir la Congrégation;
pour les travaux de la Congrégation, et toujours selon les
dispositions prises par les supérieures.
E - LE TRAVAIL
Chapitre I
LE TRAVAIL EST UN DEVOIR PRECIS POUR NOTRE CONGREGATION
Nous sommes les servantes
du Seigneur: à côté de la prière, le travail est notre service en
esprit d’amour et de pénitence, - service auquel nulle n’a le
droit de se soustraire. En effet, nous sommes une Congrégation
active, nous devons aider et soutenir les pauvres.
Tout le monde sans
exception a le devoir de travailler. Mais nous, nous l’avons
doublement:
1) parce que nous sommes
des chrétiennes et que nous devons faire du bien au prochain,
2) parce que nous sommes
des Ursulines du Coeur de Jésus agonisant, et nous devons vivre une
vie de pénitence.
Le Seigneur Jésus a le
droit d’exiger de nous que nous fassions beaucoup de bien, que nous
portions beaucoup de fruit, mais sans travail nous ne le ferons pas.
Il y a des âmes qui ne
voudraient que prier et ne vont pas volontiers au travail. Autant
qu’elles en ont la possibilité elles le fuient, sous prétexte
d’une soi-disant piété, pour prier. Cette piété n’en est pas
une, c’est de la paresse.
Saint Paul, cet apôtre
infatigable, choisi de Dieu, qui fut élevé au 3-ème ciel, qui,
vivant encore sur terre, a vu « ce que l’oeil n’a pas vu,
ce que l’oreille n’a pas entendu, ce que le coeur de l’homme
n’a pas pénétré, c’est à dire la récompense que Dieu prépare
à ceux qui l’aiment » - appelle fort énergiquement les
premiers chrétiens au travail:
« ...Lorsque nous
étions près de vous - écrit l’apôtre - nous vous donnions cet
ordre: si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas
non plus! Or, nous entendons dire qu’il y a parmi vous qui mènent
une vie désordonnée, affairés sans rien faire. A ces gens-là nous
adressons dans le Seigneur Jésus Christ, cet ordre et cette
exhortation: qu’ils travaillent dans le calme et qu’ils mangent
le pain qu’ils auront eux-mêmes gagné ».
Plus loin il écrit: « Si
quelqu’un n’obéit pas à ce que nous disons dans cette lettre,
notez-le et n’ayez aucun rapport avec lui... »
Peut-on souligner le
devoir du travail par des paroles plus claires? Aussi, comprenons-le
bien: ce travail incessant, physique ou intellectuel, fatigant,
épuisant parfois, est notre devoir - nous devons consumer notre vie
dans le travail jusqu’à ce que nous soyons consumées
Notre travail - c’est
notre pénitence, c’est la suite de la prière. Nous sommes tenues
au travail par le voeu de pauvreté, le voeu de chasteté, le voeu
d’obéissance.
Le travail, à côté de
la prière - c’est notre service de Dieu. Notre travail, c’est la
volonté de Dieu. Dieu attend de nous le travail, donc nous,
servantes du Seigneur, nous devons aimer cette volonté de Dieu et
l’accomplir fidèlement.
Ne paresse pas, âme
religieuse, dans le travail. Ne cherche pas le repos. Pour ces
quelques années de travail consciencieux, tu te reposeras au ciel
pour les siècles. Ne tâche pas d’éviter le travail sous divers
prétextes. Un paresseux trouve toujours des raisons, grandes ou
petites, pour éviter le travail, tout au moins pour se l’alléger
s’il le peut. Ne désire pas appartenir à ces âmes paresseuses.
Par amour pour ton Jésus
qui a si durement travaillé pour toi en ce monde, avec empressement
et assiduité - au travail.
Chapitre II
LE TRAVAIL EST PRIERE
Notre travail est la
suite de notre prière, c’est l’amour en action.
Notre travail est prière
si nous le transformons en prière par une bonne et pure intention,
pour Dieu.
Va au travail parce que
Dieu le veut, parce que ce travail est pour toi la volonté de Dieu.
Souviens-toi que la prière sans le travail ne sanctifie pas, car le
Seigneur Jésus lui-même a dit: « Ce n’est pas celui qui me
dit ‘Seigneur, Seigneur’ - et donc qui prie - qui entrera dans le
Royaume des cieux, mais celui qui fait la volonté de mon Père qui
est dans les cieux ».
Va au travail avec Jésus.
Travaille sous son regard, auprès de lui, pour lui. Travaille comme
lui-même a travaillé, à la sueur de son front, et ton travail sera
divin, saint, se transformera en une pure prière.
Evite donc de travailler
pour ta propre satisfaction, pour ton contentement ou ton ambition
personnelle ou encore par désir de te faire voir.
Cherche Dieu dans le
travail, sa volonté, et ton travail deviendra la suite de ta prière:
il sera saint, agréable à Dieu, plein de mérites.
Prie - travaille.
Chapitre III
LE TRAVAIL EST L’ACCOMPLISSEMENT DU VOEU DE PAUVRETE
Le travail découle de
notre voeu de pauvreté.
En réalité, sans
travail, ton voeu de pauvreté est une tromperie, car plus un homme
est pauvre, plus il est obligé de travailler pour gagner un morceau
de pain. Donc, toi aussi, de même que toute la Congrégation, tu
dois travailler pour gagner ta vie.
Il te faut travailler
comme ce pauvre qui accepte n’importe quel travail, qui ne choisit
pas ce qui lui plaît, que ne fait pas de grimaces, mais se réjouit
seulement de pouvoir gagner quelque chose, car il est pauvre.
Tu as fait le voeu de
pauvreté, tu es pauvre, donc tu dois travailler, et pour toi et pour
nos enfants; travailler à la sueur de ton front, comme dans le monde
travaillent les pauvres.
Serais-tu venue au
couvent pour éviter le travail?
Chapitre IV
LE TRAVAIL EST LA MEILLEURE SAUVEGARDE DU VOEU DE CHASTETE
La paresse est la source
de tous les vices. Celui qui travaille avec une intention pure,
assidûment, n’a pas le temps de pécher. Le lis de la pureté doit
être entouré des épines de la pénitence, afin que nul ne puisse
s’en approcher, et lui enlever sa pureté immaculée.
La vie d’une âme liée
par le voeu de chasteté, doit être une vie de pénitence. Quelle
est la pénitence que Dieu lui-même a imposé à l’homme? C’est
le travail: « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front ».
Ainsi a parlé Dieu à Adam quand il l’a chassé du paradis.
Depuis, le travail est le
devoir, la pénitence naturelle à l’humanité pécheresse - le
travail « à la sueur du front ».
Toi que es liée par le
voeu de chasteté, tu est tenue doublement à cette pénitence. Dans
notre Congrégation il n’y a pas de mortifications extraordinaires,
mais notre pénitence c’est le travail, un travail incessant,
lassant, fatigant, monotone, qui maîtrise le corps et tient l’esprit
sous le joug. De cette pénitence, nous n’avons pas le droit de
nous écarter.
Comprends que le travail
est une pénitence, que tu es tenue à cette pénitence, et tu ne
chercheras pas à le fuir, tu ne plaindras pas du travail, tu ne le
choisiras pas selon tes goûts.
Sois comme cette lampe
auprès du Tabernacle, elle brûle devant Jésus en silence, jusqu’à
se consumer. Et toi, brûle-toi dans le travail en silence devant
Jésus et pour Jésus jusqu’à ta consumer.
Ton sort n’est-il pas
beau?
Chapitre V
LE TRAVAIL DECOULE DU VOEU D’OBEISSANCE
Une âme liée par le
voeu d’obéissance ne s’appartient plus. Elle n’a pas le droit
de vivre selon sa volonté, elle se soumet à l’obéissance car
elle sait qu’elle marche en toute sûreté dans le chemin de la
volonté de Dieu.
Ne choisis pas ton
travail, mais travaille toujours comme l’obéissance te l’ordonne,
là et où l’obéissance te l’ordonne, et autant que l’obéissance
te l’ordonne, ni plus ni moins.
Le travail fondé sur
l’obéissance est le travail le plus sûr et le plus saint. Mais
veille à ce que l’amour de ton « moi » et ta paresse
ne t’apprennent pas à obtenir avec habilité des ordres qui te
conviennent, à faire modifier pour diverses raisons les ordres
donnés, à obliger tes supérieures à t’ordonner de telle façon
et non d’une autre.
Si tu sais t’arranger
si bien, ne pense pas que tu travailles dans l’obéissance Tu
travailles seulement selon ta volonté propre, quoique tu te
réjouisses qu’on t’ait donné l’ordre comme tu le désirais -
cet ordre est forcé, ton obéissance n’est que superficielle; en
réalité elle est tromperie de soi-même et de Dieu.
Ce n’est pas de
l’obéissance. Ton travail est pour toi et non pour Dieu. Vaut-il
la peine de travailler pour soi?
Marche, ma chère âme,
dans l’obéissance aveugle. Ton travail, ne le choisis pas, ne t’y
recherche pas. Veuilles seulement ce que Dieu veut, et ton travail
sera saint, agréable à Dieu et méritoire pour le ciel.
Chapitre VI
COMMENT TRAVAILLER
Puisque tu comprends que
la volonté de Dieu est que tu travailles, que tu dois travailler
pour Dieu, comprends aussi, que tu dois travailler avec conscience,
avec ardeur, avec assiduité et comme il faut.
On peut travailler, mais
comment?: sans ardeur, sans précision, sans régularité, lentement,
pour ne pas se fatiguer, sans réfléchir bien que ce travail soit
ainsi mal accompli.
As-tu front d’offrir à
Dieu un tel travail?
Travaille comme il faut.
Ce que l’on ta confié, fais le avec toute ta bonne volonté, toute
ton ardeur, avec ferveur, avec réflexion.
Quelquefois, les
religieuses apportent un certaine indifférence à leur travail.
Qu’elles travaillent bien ou mal, cela ne changera rien pour elles:
elles n’auront par là ni plus ni moins de souci. Elles ne gagnent
pas d’argent, elles n’ont donc pas les raisons qu’on les
personnes dans le monde de travailler avec application lorsqu’elles
travaillent « aux pièces ». Qu’elles travaillent et
fassent beaucoup ou peu, elles trouveront toujours tout prêt: la
table est mise, les vêtements sont préparées, le logement aussi.
Pourquoi doivent-elles se
fatiguer et travailler à la sueur du front?
Cela est-il digne d’une
âme religieuse?
N’est-ce pas un abus
des grâces que Dieu nous donne dans la Congrégation?
L’âme religieuse,
quoique son travail ne lui rapporte pas d’argent, ne doit-elle pas,
par amour pour Dieu, travailler avec plus d’attention que les gens
dans le monde? D’autant plus que, par notre travail, nous venons en
aide aux pauvres.
Certaines âmes pensent
qu’en priant pendant le travail, elles sanctifient par là même
travail, quoiqu’à cause de cela elles travaillent peu et mal.
Tu peux prier pendant un
travail manuel, mais souviens-toi que c’est seulement lorsque ta
prière ne porte pas atteinte à ton travail, ni à la manière, ni à
la rapidité d’exécution.
Si la prière gêne le
travail, supprime-la et remplace-la de temps en temps par de courtes
oraisons jaculatoires, l’offrande de ton activité, et Dieu
retirera sa gloire de ce travail, la Congrégation un profit, et
c’est justement ce que le travail doit donner.
Le travail accompli comme
il faut, avec application et précision, fait dans une pure intention
est aussi une prière: c’est la monnaie d’or avec laquelle nous
achetons le ciel.
Chapitre VII
DISPONIBILITE A N’IMPORTE QUEL TRAVAIL
L’âme religieuse qui
vit dans l’obéissance, l’Ursuline du Coeur de Jésus agonisant,
qui sait que le fondement de notre Congrégation est l’humilité,
doit être prête à n’importe quel travail, sans exception.
Elle sera donc prête au
travail, même le plus bas aux yeux des hommes. Pour Dieu, il n’y a
pas de travail bas.
Tout travail fait par
amour de Dieu, avec application, est grand et saint, même si aux
yeux des gens il était des plus méprisés.
Tout travail non accompli
pour Dieu mais par satisfaction d’amour propre ou d’ambition
personnelle, etc.;, est un travail vil, qui ne vaut rien, méprisable,
même si aux yeux des hommes, il était grand - même s’il attirait
la gloire et les applaudissement.
Ainsi, n’introduisons
pas dans nos maisons cette conception sotte que certains travaux sont
élevés et d’autres bas - que certains humilient et d’autres
glorifient. Que chacune aille volontiers au travail que l’obéissance
lui a confié, au travail qui lui est désigné, c’est justement ce
travail-là que Dieu attend de sa part, et cette pensée lui rendra
le travail doux et agréable.
Ne choisis pas ton
travail afin d’avoir l’assurance que tu accomplis la volonté de
Dieu. Vaut-il la peine de travailler pour faire sa propre volonté?
Ensuite, n’exige pas
que l’on te change de travail « parce qu’il m’ennuie
déjà ». Dans le monde, change-t-on de travail parce que
celui-ci nous ennuie? Celui qui a appris à être cordonnier sera
cordonnier toute sa vie. Il s’efforcera de se perfectionner dans
son métier, mais il n’en changera pas.
Il en est de même pour
la couturière, la cuisinière, le professeur et l’institutrice et
le diplomate. Ils travaillent pour gagner leur vie. Ils se
réjouissent d’avoir du travail et ne le changent pas à tout
moment parce que cela les ennuie de faire toujours la même chose.
Chacun sait que plus on
travaille longtemps dans un même métier, plus on s’y
perfectionne. N’exige donc pas de changer parce que « ce
travail là, moi il m’ennuie ». Les gens dans le monde ne
font pas de grimaces parce que leur travail est monotone. Ils
remercient Dieu de l’avoir, et toi, religieuse, tu ferais des
grimaces contre la volonté de Dieu?
Désire travailler, et
bien. Aime ton travail et travaille avec joie. Comment ne pas aimer
son travail, sachant qu’il est la volonté de Dieu, qu’on peut le
transformer en un acte de pur amour de Dieu? Comment ne pas
travailler avec joie quand nous savons que par ce travail le Seigneur
Jésus est satisfait, qu’il sourit en te regardant avec
miséricorde, quand il te voit travailler avec application, avec
persévérance, pour Lui?
Il faut nourrir en son
coeur une sainte joie du travail. Comment ne pas te réjouir, quand
tu sais que Jésus est près de toi, qu’il t’aide dans ton
travail par sa sainte grâce, qu’il change chacun de tes travaux en
mérites pour le ciel ?
Comment ne pas se
réjouir, en voyant que par ton travail tu élèves ton coeur vers le
Coeur de Dieu, que ton travail attire sur toi la bénédiction
divine?
Travaillons, mes soeurs.
Travaillons avec ferveur,
conscience, régularité. Ne nous épargnons pas dans le travail.
Travaillons dans l’obéissance, travaillons par pur amour envers
notre Jésus qui a travaillé si durement pour nous, travaillons pour
expier nos péchés, avec Lui, par Lui, et pour Lui.
F - LA SOUFFRANCE
Chapitre I
LA VOCATION RELIGIEUSE NOUS OBLIGE A PORTER LA CROIX DE LA PÉNITENCE
Jésus dans sa bonté
infinie s’adresse à chacune de nous par ces paroles: «Si tu veux
me suivre, prend chaque jour ta croix et imite-moi».
Jésus demande: «Si tu
veux» et toi, en entrant au couvent, tu as répondu «Je le veux».
Comprends donc que ta vocation religieuse te fait un devoir de porter
la croix.
Combien d’âmes, par
ailleurs de bonne volonté, qui désirent entrer en religion, mais ne
comprennent pas qu’en y venant elles doivent porter la croix à la
suite de Jésus portant la sienne.
Il leur semble que la vie
religieuse doit être un bonheur que rien ne trouble, une vie sans
soucis, sans difficultés, sans incommodités, en un mot, un avant
goût du ciel. Disons la vérité: combien trouve-t-on, dans les
couvents, de semblables âmes qui se plaignent à chaque difficulté,
incommodité ou fatigue, et pourquoi? Parce qu’elles n’ont pas
compris que la vie religieuse est une vie où l’on porte la croix.
Où est donc alors ce
bonheur religieux dont parlent les âmes consacrées à Dieu?
Comprenons-le bien: il ne faut pas chercher le bonheur de la vie
religieuse en ce monde dans une vie agréable et commode. Le bonheur
religieux naît de l’amour de Dieu: plus on aime, plus on a de
bonheur, et comme porter volontiers la croix produit l’amour et
l’amour le bonheur, l’âme religieuse se réjouit donc de ses
petites croix, elle sait qu’elles sont pour elles la source de
l’amour et par là même la source du bonheur.
Combien une âme
religieuse s’épargnerait de moments de ténèbres, de mauvaise
humeur, d’aigreur, de mécontentement; que de larmes et de
récriminations elle s’épargnerait, si elle comprenait que son
devoir est de porter la croix, à la suite de Jésus portant sa
croix, et qu’en cela justement se trouve son bonheur, sa paix, sa
force.
Oh, que chacune de nous
sache dire avec Saint Paul même au milieu des souffrances les plus
aiguës: «Je surabonde de joie dans toutes mes tribulations» .
Comment en pas aimer la
croix puisque la porter est l’acte de plus pur amour de Dieu, la
meilleure des preuves de notre amour envers Jésus crucifié
Chapitre II
NOTRE CROIX C’EST LA CROIX DE LA VIE RELIGIEUSE
Jésus t’a dit:
«veux-tu?» et tu as répondu: «Je le veux». En entrant au
couvent, tu as pris l’obligation de porter chaque jour la croix de
la vie religieuse. Mais là se pose une question: «Qu’est-ce que
cette croix que nous devons prendre chaque jour sur nous?»
L’âme religieuse
parfois, et même souvent, le comprend mal. On lui a dit que la vie
religieuse est une vie de sacrifice, elle a lu de beaux vers sur la
souffrance, elle a chanté avec émotion: « Je boirai le calice
de la volonté de Dieu» et elle commence à chercher la souffrance
autour d’elle. Elle se complaît à la chercher et à l’imaginer
en elle, elle vit entourée de croix imaginaires, elle s’attendrit
elle-même sur sa crucifixion supposée. Elle est prête à verser
des larmes amères pour le plus petit désagrément.
Elle consacre ses
méditations à se souvenir de ses soi-disant croix, qui dans son
imagination, surpassent bientôt celle de Jésus lui-même!
Pauvre âme religieuse!
Sa manière de comprendre la sainteté, n’est pas le port courageux
de la croix religieuse, mais une dévotion à «sa passion» qu’elle
entretient, et qui n’est souvent formée que de petites bêtises:
une petite incommodité, une légère fatigue, son amour propre
égratigné, un petit mot piquant, un reproche injustifié, toutes
sortes de petites choses auxquelles elle ne penserait même pas si
elle se souvenait davantage de la Passion du Christ.
Rappelle-toi ma soeur,
toi qui veux aimer de tout ton coeur Jésus et Jésus crucifié: Il
t’a demandé si tu veux porter chaque jour la croix, la croix de la
vie religieuse... Voilà ta croix la plus importante, ta tâche la
plus importante, et non pas t’attendrir sur toi-même, parce que ce
n’est pas toi qui dois vivre mais le Christ crucifié en toi. Tu
dois t’occuper de lui et non pas de toi.
Sois sûre que si chaque
jour, tu portes courageusement et volontiers la croix de la vie
religieuse, tu trouveras et la force et le courage, et même la joie
de porter les croix occasionnelles que Jésus t’enverra en
récompense - comprends-le bien, en récompense pour ta fidélité à
porter la croix religieuse.
En récompense? Oui, en
récompense!
L’âme religieuse,
venue par amour pour le Christ crucifié, ne comprendrait-elle pas
ces paroles de St Bonaventure: «Chaque souffrance est un baiser du
Crucifié»? Ne crois-tu pas que lorsque tu souffres avec joie et
sérénité au pied de la croix, un Magnificat sur les lèvres et un
Deo gratias dans le coeur, le baiser du Crucifié descend sur toi
dans un rayon d’amour - n’est-ce pas là le bonheur?
Mais, revenant à la
croix que tu t’as engagée à porter dans la vie religieuse, quelle
est cette croix, que nous la connaissions bien clairement?
Voilà: la croix de la
vie religieuse, c’est renoncer à soi-même, c’est fidèlement
observer notre Règle et nos Constitutions, c’est vivre exactement
nos voeux, c’est la vie communautaire.
Cette croix, prends-la
sur toi chaque jour avec joie, et tu accompliras ce que Jésus
souhaite quand il te dit: «Si tu veux me suivre...»
Chapitre III
NOTRE CROIX RELIGIEUSE C’EST NOTRE TRAVAIL INTÉRIEUR SUR NOUS-MÊMES
Nous n’avons pas besoin
de chercher des souffrances extraordinaires. Prends sur toi
courageusement la croix quotidienne du travail sur toi-même, et
laisse Jésus te choisir les autres croix.
En entrant au couvent, tu
n’as pas perdu ta nature, et il faut la combattre afin de pouvoir
dire «Je vis, non ce n’est plus moi qui vis, (c’est-à-dire ma
nature) mais le Christ qui vit en moi».
Ce sera pour ta nature
une croix d’observer fidèlement les Constitutions - les
Constitutions la contrarient, exigeant d’elle ce qui ne lui
convient pas. Il ne te convient pas, ce silence religieux, il ne te
convient pas, ce travail parfois très lourd, cette humilité exigée
par les Constitutions, ni l’obéissance, ni notre pauvreté, et nos
exercices spirituels, nos exercices de pénitence; etc. Voilà notre
croix quotidienne.
Cette croix, prends-la
courageusement sur toi, ne t’en libère pas, c’est ta croix
principale, celle que Jésus, par la sainte Eglise, place sur tes
épaules. Pour rien au monde, ne la rejette loin de toi.
Il y a des âmes
religieuses qui voudraient inventer leurs croix, qui rêvent de
disciplines, de jeûnes, de veilles, etc. Elles voudraient tendre à
de grandes choses mais négligent les points des Constitutions, et
les considèrent comme trop peu importants, insignifiants. Elles se
trompent grandement. C’est justement cette fidélité quotidienne
dans l’observance de nos Constitutions, du Directoire, de nos
Usages, qui pèse le plus à notre nature. Cette fidélité exige de
nous des efforts héroïques, c’est pourquoi les maîtres de la vie
spirituelle disent que la vie consacrée, vécue dans
l’accomplissement fidèle des règles religieuses est un martyre,
peut-être plus méritoire qu’un martyre sanglant mais court, car
ce martyre dure parfois de longues, longues années, jusqu’à la
mort.
Tu veux, âme religieuse,
suivre fidèlement Jésus? Mets-toi avant tout, à l’accomplissement
fidèle de chacun des préceptes religieux; cela ne t’exposera pas
à la vanité mais t’élèvera au dessus de la terre, haut, très
haut, jusqu’à la croix du Christ.
Chapitre IV
NOTRE CROIX CE SONT NOS VOEUX
Tu aimes Jésus crucifié,
et c’est justement pourquoi tu es venue au couvent, afin que par
les saints voeux tu sois pour toujours clouée à sa croix, avec Lui,
près de Lui.
C’est cela que tu
considères comme un grand bonheur et avec raison. Sur la croix du
Christ, tu es plus loin de la terre, plus proche du ciel!
Ta croix, celle qui
t’unit au Christ crucifié, ce sont les saints voeux, c’est
pourquoi tu les chéris, ces voeux aimés.
Aime la sainte pauvreté,
réjouis-toi quand il t’arrivera d’en ressentir les effets. Tu
vis sous l’obéissance et ta pauvreté lui est soumise, mais pour
autant que l’obéissance te le permet, exerce-toi dans la pauvreté,
aime la pauvreté, et jamais, jamais - toi, petite servante de Jésus
pauvre - ne te plains des incommodités, de la nourriture simple, de
quelque chose de moins beau. Ta croix aimée, c’est la pauvreté.
Désire toujours plus de pauvreté et jamais moins.
Ta croix bien-aimée,
c’est ton voeu de chasteté.
Voeu qui te détache de
la terre et soumets le corps afin que le coeur libre puisse tendre
vers le ciel sur les ailes de l’amour. «Mon Dieu et mon Tout».
Aime ce voeu qui
t’apprend à mortifier le corps pour donner des ailes à ton âme.
Ne cherche pas les plaisirs de la terre, puisque sur la croix tu
trouveras le bonheur de l’amour. Quand le coeur n’est retenu à
la terre par aucun fil, si tenu soit-il, quand le corps n’exige
rien de la terre, alors l’âme sur la croix du Christ, se noie dans
l’extase de l’amour le plus pur «Mon Jésus et mon Tout».
Aime la croix de
l’obéissance. C’est elle qui t’unira totalement et le plus
étroitement à la croix, au Christ, car en renonçant à ta volonté
propre, tu t’unis à la volonté de Dieu. En toi c’est la volonté
de Dieu qui vit, en toi vit Dieu lui-même.
L’obéissance est une
croix pour ta nature indépendante. C’est un délice pour l’âme
qui, par chaque acte d’obéissance fortifie en elle la vie de Dieu.
Jamais ni aussi complètement tu ne sers Dieu que lorsque tu
accomplis sa sainte volonté, et sa volonté t’est signifiée par
la voix de la Règle et la voix de tes supérieurs. L’obéissance
est la meilleure manière de servir Dieu. Plus que tout l’obéissance
te cloue fortement à la croix de ton Sauveur, en te privant de ta
volonté propre, cette substance de ton moi.
Oh, ne t’éloigne pas
de l’obéissance, ne fut ce que d’un seul pas. L’obéissance,
c’est l’accomplissement de la volonté divine, c’est ta
sainteté.
Obéis, même si
l’obéissance exigeait de toi les plus grande sacrifices. Obéis
sans te plaindre, sans critiquer. La voix de l’obéissance est la
voix de la volonté de Dieu.
Tu veux appartenir
vraiment à Dieu, alors obéis!
Chapitre V
LA CROIX RELIGIEUSE C’EST LE RENONCEMENT A SOI-MÊME
«Tu veux me suivre» -
alors «renonce-toi toi-même» t’a dit Jésus, et tu as répondu
«Je le veux».
Tu as donc à prendre sur
toi la croix du renoncement à ton «moi». C’est une croix qui
exige de la bonne volonté, et une volonté forte.
Renoncer à soi-même,
c’est mortifier continuellement la nature, c’est une mort lente
de notre «moi», mort donnée par des coups d’épingle, le sang
s’écoulant goutte à goutte jusqu’à ce que la nature épuisée
par ce lent martyre, s’éteigne.
Si le grain de blé
meurt, alors il donne du fruit cent pour un.
Mourir à soi-même par
de petites mais incessantes mortifications, par un combat continuel
avec la nature, mais c’est dur, c’est fatigant, c’est à n’y
pas tenir! Oui, c’est vrai que c’est dur et fatigant, mais
l’amour de Jésus crucifié rend tout facile et aimable.
Oublie-toi toi-même,
détourne la pensée de ton «moi». Regarde la croix du Christ, et
tu comprendras ces belles paroles: «Au pied de la croix, les épines
se changent en roses, la souffrance en joie, la mort en douceur».
Renoncer à soi-même,
mortifier constamment la nature, même de très petites choses, voilà
ta croix religieuse, celle que tu as volontairement prise sur toi,
c’est pourquoi avec joie, avec dilection, tu dois la porter par
amour de ton Seigneur qui; par amour pour toi, a agonisé sur une
croix d’infamie et de douleur.
Oh, si tu aimais Jésus,
comme tu te porterais volontiers à ce renoncement à toi-même, à
la mort de ton «moi» pécheur.
Chapitre VI
LA CROIX RELIGIEUSE C’EST LA VIE COMMUNE
Tu n’as pas besoin, ma
soeur, de te chercher des croix. Regarde: une des croix religieuse
c’est la vie commune.
C’est vrai que la vie
commune dans une bonne Congrégation, est source de beaucoup de
consolations. C’est pourquoi St Bernard s’écrie: «Oh, qu’il
est bon, qu’il est doux de vivre avec des frères, en commun»
Néanmoins, c’est aussi
une croix pour la nature humaine. Tu vis dans un contact étroit avec
des gens qui sont portés au mal comme toi, des gens de bonne
volonté, c’est certain, mais des gens faibles qui ont, comme toi
diverses habitudes, faiblesses, fautes, et il faut savoir supporter
les faiblesses, respecter les habitudes et couvrir leurs fautes du
manteau de l’indulgence.
Cela est dur à la
nature, parfois cela fatigue, irrite et fait naître dans ton coeur
des aversions dont il faut se défaire. Cela exige parfois un combat,
un dur combat.
Regarde cette vie commune
comme une croix religieuse que tu veux porter volontiers avec un
grand amour. L’amour transformera cette croix en bonheur. Le manque
d’amour la transforme en un instrument de torture et amène dans la
maison religieuse une atmosphère d’enfer.
Saches que la vie
commune, c’est la croix religieuse. Désire donc la porter
volontiers et saches également que dans la mesure où tu la
porteras avec amour la vie deviendra pour toi un paradis, car «il
est doux, il est bon de vivre avec les soeurs en commun».
Chapitre VII
DES CROIX OCCASIONNELLES
Si une âme porte de bon
coeur la croix religieuse, il ne lui sera pas difficile d’accepter
volontiers celles que le Seigneur lui enverra de surcroît.
Car tu es venue pour
vivre avec le Christ cloué à la croix. Les croix pesantes,
grandes, comme la maladie, la mort, la nuit de l’âme, des échecs
dans les oeuvres, des soucis lourds qui vous rongent, tout cela fait
mal et quand Dieu nous épreuve de la sorte rappelons-nous que nous
sommes venues pour être près du Christ crucifié.
Aussi, devons-nous aimer
chaque croix, car chacune conduit à Dieu, car chacune fortifie en
nous l’amour de Dieu.
Nous parlons là des
grandes croix, celles qui ne sont pas le résultat de la fantaisie,
de l’imagination névrosée, mais qui vraiment méritent d’être
appelées des croix.
Car c’est la main de
Jésus qui nous les envoie, comme preuve de son amour envers nous. Ou
bien comme récompense de notre fidélité à porter la croix
religieuse, ou comme pénitence pour les fautes commises, pour nous
donner la possibilité de purifier notre âme des taches du péché.
Par conséquent, cette
croix, source du saint amour, preuve de l’amour de Jésus pour
nous, ne devons-nous pas la serrer sur notre coeur, nous écriant
avec une sainte joie: «Salut ô croix, mon unique espérance».
Ame religieuse, comprends
quel trésor est pour toi la croix. C’est elle qui, plus que tout,
t’unit étroitement à Jésus. Et tu apprendras à souffrir
joyeusement, un Magnificat aux lèvres, et un «Do grattais» dans le
coeur.
Chapitre VIII
COMMENT PORTER LA CROIX QU’ELLE SOIT RELIGIEUSE OU OCCASIONNELLE
Voilà justement la chose
la plus importante: savoir porter la croix, comme doit le faire une
vraie servante de Jésus crucifié.
Les âmes religieuses
laissent parfois beaucoup à désirer en cela. Que de religieuses
gémissent à la moindre contrariété, ne savent pas porter la plus
petite croix sans plaintes, murmures ou larmes. C’est une honte! Et
pire encore, une preuve de manque d’amour; de manque d’esprit de
pénitence.
Car en entrant au
couvent, tu as pris sur toi volontairement le devoir de porter la
croix, la croix religieuse, avant tout, mais aussi de porter toutes
les croix que Jésus voudra t’envoyer, car tu es venue par amour du
Crucifié dont tu portes l’image sur la poitrine.
Tu es venue pour être
une consolation pour le Crucifié, tu es venue pour être clouée à
la croix avec Lui, t’écriant comme St Paul: «A Dieu ne plaise que
je me réjouisse en autre chose que dans la croix de Notre Seigneur
Jésus Christ, pour lequel le monde m’est crucifié, comme moi pour
le monde».
Crois-tu que pour cet
Homme de douleurs tu deviennes une consolation si tu es toujours à
pleurer ta propre passion, si tu t’attendris sur ta propre croix.
Crois-tu que tes croix
seront pour toi une source d’amour si elles ne servent qu’à
t’éloigner de la Croix et à diriger tes pensées vers ton propre
«moi».
Ma soeur, comprends bien
ce qu’est la croix pour une âme aimante. La croix ouvre les
horizons sans bornes de l’amour, la croix te cloue au Coeur de
Jésus agonisant mais seulement dans la mesure où tu la porteras
volontiers, joyeusement; sans mauvaise humeur, sans te plaindre,
gémir et empoisonner la vie des autres, en racontant tes propres
souffrances, si tu la portes en silence pour Jésus et pour Jésus
seul - (le regard humain tombant sur tes petites croix leur enlève
la lumière et l’éclat qui les entourent) si tu la portes
joyeusement et avec reconnaissance. Oui! Joyeusement.
N’est-ce pas pour toi
une joie que la croix t’unisse toujours plus étroitement avec
Jésus?
N’est-ce pas une joie
que la croix portée volontiers soit le chemin le plus court vers le
ciel?
Ainsi ma soeur, apprends
à souffrir selon Dieu, à souffrir sans découragement, sans
plainte, sans mauvaise humeur, sans gémissement et sans larmes; en
silence, doucement; gaiement, dans la joie, et la souffrance
deviendra pour toi source du vrai bonheur, car ce sera le bonheur de
la pénitence, et le bonheur de l’amour.
TESTAMENT DE SAINTE URSULE LEDOCHOWSKA
Mes dernières paroles à mes chères
enfants
Voilà mon travail
terminé, ces demandes que je vous ai adressées, mes chères
enfants.
Je voudrais encore et encore vous prier
avant tout de vous efforcer à la sainteté.
C'est le but de votre entrée en
religion, c'est la volonté de Dieu – votre sanctification.
Soyez saintes, et la bénédiction de
Dieu reposera sur notre Congrégation.
Soyez saintes, et vous attirerez les
âmes à Dieu avec facilité,
soyez saintes, et le bonheur de Dieu
habitera en vous,
soyez saintes, et vous serez la
consolation du cœur de Jésus agonisant.
Soyez saintes !
Oh, avec quelle joie je regarderai du
ciel mes enfants tendant avec force vers la perfection. Recherchez
avent tout le royaume de Dieu et sa justice.
Et une fois encore, je vous en supplie,
mes enfants, vivez dans l'unité et la concorde,
dans un amour sincère, en formant
comme les premiers chrétiens, un seul cœur et une seule âme.
Oui, là où il n'y a ni union ni
concorde, il ne peut y avoir la bénédiction de Dieu.
Là il n'est pas question de sainteté.
Soyez humbles, et vous saurez conserver
un saint amour, l'union et la concorde en Dieu.
Mieux vaut céder,
mieux vaut souffrir un léger dommage
extérieur, même si votre avis est le meilleur,
mieux vaut céder à celui des autres
moins profitable,
pourvu que l'amour fraternel ne soit
pas blessé.
Vous voulez que votre travail se
développe ?
Vivez dans l'amour et la concorde.
Vous voulez être saintes ?
Vivez dans l'amour et la concorde.
Vous voulez conduire les âmes à
Dieu ?
Vivez dans l'amour et la concorde.
Rien ne parle autant au cœur des
hommes, en faveur d'une congrégation religieuse, que la vue de
religieuses unies par des liens fraternels d'amour cordial.
Tâchez que vos sœurs se sentent bien
auprès de vous.
Accomplisses volontiers leurs désirs,
s'il concordent avec l'exécution de vos devoirs.
Sacrifiez volontiers votre agrément
personnel pour leur faire plaisir,
et Dieu sera avec vous et vous bénira.
Il me semble, je crois, que je
pleurerais au ciel,
si je devais voir mes enfants divisées
en partis, luttant entre elles, se disputant.
Mieux voudrait que notre Congrégation
cessât d'exister,
plutôt que de tomber dans la division
et la discorde.
Dieu nous en préservé !
Et maintenant, je vous quitte, mes
enfants.
Je vous en prie, si vous m'aimez,
témoignez amour, respect et obéissance,
à celle qui sera choisie (si je meurs
étant supérieure générale) pour être ma remplaçante.
Ne rendez pas la vie difficile à votre
supérieure, facilitez-la lui toujours, toujours.
Je vous le demande instamment.
Dieu soit avec vous.
Priez pour ma pauvre âme, misérable
et pécheresse.
N'oubliez pas votre vieille mère
qui toujours vous aimera et priera pour
vous
et qui bénira ses enfants,
au nom du Père + et du Fils +et du
Saint Esprit ! Amen.
Ursule Ledochowska
TESTAMENT
8ème demande
La dévotion à la
Vierge Marie
Dans ce testament, je me dois de
consacrer quelques pages à notre Mère, notre Reine, notre Dame,
Marie très sainte.
Aimez Marie, aimez-la très ardemment,
très sincèrement, comme de bons enfants.
C'est notre mère.
Aimez-la car Dieu nous l'a donnée, et
Jésus sur la croix nous l'a laisse en testament.
La dernière volonté de Jésus
vis-à-vis de nous, c'est que nous soyons pour Marie des enfants
aimants.
Tâchez de l'être, priez pour cela,
tendez-y de toutes vos forces, car Marie est notre mère si bonne, si
miséricordieuse.
Elle désire notre salut, plus que nous
le désirons nous-mêmes.
Allez donc à elle, courez toujours
vers elle avec une confiance d'enfant.
Ne vous laissez jamais aller au
découragement ni ne permettez au manque de confiance, de régner
dans votre cœur, jamais !
Soyez sûres que Marie ferait un
miracle pour vous venir en aide, plutôt que de vous abandonner.
Malgré les orages parfois violents,
reposez-vous en paix auprès de Marie, comme des enfants sur le sein
de leur mère.
Aimez ce qui est agréable à Marie,
par conséquent, aimez le chapelet. N'en prononcez pas seulement les
paroles, mais dites-le par votre vie tout entière, mettant en
pratique les vertus de Marie que nous présentent les mystères du
Rosaire.
Que votre récitation du chapelet soit
un acte de ardent amour envers Marie, une incitation à la vertu, un
examen de conscience sur votre fidélité à l'imiter, une aspiration
à la sainteté, à l'exemple de la sainteté de Marie.
Ayez toujours votre capelet près de
vous, et le jour et la nuit. Ne l'abandonnez jamais.
Qu'il soit votre ami fidèle, la chaîne
qui lie votre cœur au cœur de notre mère du ciel.
Que vous soient particulièrement
chères ces paroles de la sainte Vierge, devise de notre
Congrégation :
« Je suis la
servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole »
La meilleure preuve, sans aucun doute,
de notre amour envers Marie, c'est d'imiter ses vertus.
Souhaitez donc, comme elle,
l'immaculée toute sainte, être de fidèles servantes du Seigneur,
toujours prêtes à accomplir sa volonté, que celle-ci soit pour
vous claire et agréable, ou qu'elle vous apporte la souffrance et la
croix.
La volonté de Dieu !
De même que Marie en accueillit
toujours le moindre signe, en prononçant tout d'abord son « Ecce
ancilla... » puis en le répétant de cœur et d'action,
tout au long de sa vie, ainsi, mes enfants, à son exemple, soyez en
toute circonstance les humbles servantes du Seigneur.
Accueillez toujours la volonté de
Dieu, quelle qu'elle soit, un sourire aux lèvres, un fiat et
un Deo gratias au cœur, même avec des larmes dans les yeux,
comme Marie.
Et quand la volonté de Dieu vous
oppressera douloureusement, et que les forces vous manqueront pour
une calme résignation, levez alors les yeux vers Marie, vers votre
Mère si tendre, et priez-la :
O Mère, apprenne-nous à être
toujours les humbles servantes du Seigneur, ne désirant qu'une seule
chose, l'accomplissement de sa volonté et non de la nôtre.
Aimez Marie, mes enfants, aimez votre
chapelet et croyez-moi, la meilleure des dévotions à Marie est
d'être à son exemple, une humble, silencieuse et fidèle servante
du Seigneur, répétant toujours, par le cœur et l'action :
'Me voici, qu'il me soit fait, comme
Dieu le veut, comme dieu le veut. »
Pensés de Mère Ursule :
Aimer le prochain
c'est le rendre heureux.
Je dois être apôtre et je puis l'être
par l'amour du prochain, par la bonté, la
sérénité
car c'est l'apostolat de l'action parfois plus
efficace que la parole.
Un visage serein, souriant est un véritable
apôtre
parfois
plus efficace qu'un sermon enflammé
car
il parle d'une personne heureuse
auprès
de Dieu.
Un
sourire sur un visage serein
exprime la joie intérieure de la personne unie à
Dieu.
Il dit la paix d'une conscience pure,
la remise insoucieuse entre les mains du Père
qui n'oublie jamais ceux dont la confiance totale
est en lui.
Je désire
vous donner un conseil d'un cœur sincère,
souhaitant
vous voir toujours heureuses et bonnes :
cherchez
à traverser la vie
en
offrant du bonheur aux autres.
Soyez
semblables à de clairs rayons de soleil
qui
portent à toute créature chaleur et lumière.
Allez semer un peu de bonheur souriant à tous
mais surtout aux attristes, aux découragés par la
vie à ceux qui tombent sous le poids de la croix,
leur souriant de ce clair sourire qui parle de la
bonté de Dieu.
tu y trouveras la perle précieuse qui illuminera
ta vie.
Tu y trouveras Jésus
qui deviendra le compagnon inséparable de ta vie,
le meilleur des conseillers,
la force aux moments de faiblesse,
le Maître aux heures de ténèbres.
Nous avons besoin de personnes
de bonne volonté,
pleines d'énergie, de zèle pour Dieu
et d'une bonne dose de saine gaieté
car il faut savoir que cette gaieté inaltérable et
rayonnante
est un réel apôtre qui, sans parole dit
efficacement que le Seigneur est bon.
DU TESTAMENT DE SAINTE URSULE LEDOCHOWSKA
PREMIÈRE DEMANDE
L’AMOUR DU SACRE CŒUR
La première et la plus instante des demandes que je vous fais, mes
enfants, c’est d’aimer le divin Cœur de Jésus, de l’aimer avec toujours plus de
ferveur, et cela par le cœur immaculé de Marie.
DEUXIÈME DEMANDE
L’HUMILITE
L’humilité est la vertu caractéristique,
fondamentale, des Ursulines du Cœur de Jésus.
Je vous en supplie, mes enfants, soyez
humbles.
3ème demande
L’AMOUR FRATERNEL
Vivez pour le bonheur des autres et la consolation du Cœur agonisant
de Jésus.
4ème demande
PAUVRETE
Dans la
pauvreté et le travail, même dur et ennuyeux, je désire vous voir, mes très
chères enfants.
5ème demande
OBÉISSANCE
Si votre
obéissance découle de la foi, il ne vous sera pas difficile d’accomplir la
volonté de Dieu
6ème demande
PRIÈRE
Priez, mes
enfants. Je ne peux rien vous conseiller de meilleur
7ème demande
L’AMOUR DU CRUCIFIÉ
La meilleure
manière de consoler Jésus sur la croix, de lui témoigner votre amour, c’est
d’imiter ses vertus.
8ème demande
LA DÉVOTION A LA VIERGE MARIE
La
meilleure des dévotions à Marie est d’être à son exemple, une humble,
silencieuse et fidèle
servante du Seigneur.
9ème demande
La
MORTIFICATION
Mortification
: savoir porter en silence et volontiers les petites croix que Dieu nous
envoie : c’est l’amour de la croix. … Exerce-vous donc courageusement dans
cette ascèse de grande valeur : celle qui consiste à pratiquer la vertu.
10ème
demande
SAINTE REGLE
La fidélité à
la sainte Règle est pour nous la voie la plus sûre et la plus directe vers la
sainteté.
11ème
demande
LA VOLONTÉ DE DIEU
Souviens-toi :
·
la
meilleure des prières : se conformer
à la volonté de Dieu
·
la
meilleure pénitence : s’abandonner
doucement à la volonté de Dieu
·
la
meilleure manière d’aimer : accomplir
fidèlement la volonté de Dieu.
12ème
demande
LA
SERENITE DE L’AME
Le meilleur geste d’amour envers le
prochain est peut-être cette constante sérénité intérieure,
Irradiant autour d’elle de chaudes et
clairs rayons.
13ème
demande
LE TRÈS SAINT SACREMENT
Sous les rayons
de ton soleil eucharistique, même s’il te semble que tu ne fais rien. Attends
et aies confiance. Jésus lui-même travaille dans ton âme, Mais ne fuis pas
Jésus.
14ème
demande
RECUEILLEMENT - SILENCE
Le silence est
la paix de l’âme.
16ème
demande
LE ZELE POUR LE SALUT DES ÂMES
Mes enfants,
que dans vos cœurs, brûle constamment le feu du saint amour des âmes. Sauver
les âmes, les conduire à Jésus, Leur faire connaître la bonté infinie de son
Cœur, Voilà l’idéal, auquel nous devons nous consacrer.
DERNIÈRE DEMANDE
Soyez persévérantes,
mes enfants, la persévérance vous donnera certainement la victoire. Jamais,
jamais ne vous laissez aller au découragement.
MES DERNIÈRES PAROLES A
MES CHÈRES ENFANTS
Soyez saintes,
et la bénédiction de Dieu reposera sur notre Congrégation. Soyez saintes, et
vous attirerez les âmes à Dieu avec facilité ; soyez saintes, et le
bonheur de Dieu habitera en vous ; soyez saintes, et vous serez la
consolation du Cœur de Jésus agonisant.